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L’auteure-compositrice-interprète Buffy Sainte-Marie est une pionnière, la première musicienne autochtone à devenir célèbre au Canada. Son premier album, It’s My Way!, est paru chez Vanguard Records en 1964. En novembre dernier, Medicine Songs, son 19e album, a été acclamé par la critique. Il contient de nouvelles chansons, comme You Got to Run (Spirit of the Wind), dans laquelle elle est rejointe par la chanteuse de gorge Tanya Tagaq. Presque toutes les autres chansons ont de nouveaux arrangements. Dans l’ensemble, Sainte-Marie continue d’avoir une carrière remarquable (même si elle a été commercialement bannie à un certain moment), enrichie par son travail d’éducation, de sensibilisation et d’activisme au nom des Autochtones.
Sainte-Marie est née en 1941 dans la réserve de Piapot, dans la vallée de la rivière Qu’Appelle, en Saskatchewan. Elle a été adoptée à l’âge de quelques mois et élevée en Nouvelle-Angleterre par Albert Sainte-Marie et son épouse Winifred, d’origine micmaque. Élève brillante, elle a étudié l’éducation et la philosophie orientale à l’Université du Massachusetts, obtenant son diplôme en 1963.
Puis elle a déménagé à New York et a commencé à se faire un nom en tant qu’artiste. Elle a été découverte à Greenwich Village, ce qui l’a amenée à jouer dans le monde entier, y compris sur la scène folk de Toronto. Ce fut aussi la période où Sainte-Marie retourna dans la réserve de Piapot et fut adoptée selon la coutume traditionnelle par Emile Piapot et son épouse Clara Starblanket Piapot, un couple cri provenant supposément de la même famille que ses parents biologiques, qu’elle ne connut jamais.
Toujours aussi gracieuse et enthousiaste, Sainte-Marie nous a parlé de Regina, ayant donné trois concerts avec des membres de l’Orchestre symphonique de Regina sous la direction de Gordon Gerrard, dans des écoles situées dans des réserves éloignées du territoire du Traité no 4. (En raison de cette tournée, elle n’a pu assister aux Indigenous Music Awards le 18 mai à Winnipeg, où elle a reçu deux prix : meilleur album folklorique pour Medicine Songs et meilleur clip pour The War Racket.) « C’était dans le cadre de la Commission de vérité et réconciliation du Canada, mais cela a été une joie », dit-elle, ajoutant qu’elle était encouragée par la qualité de l’éducation, autochtone et non autochtone, dont elle a été témoin dans les écoles. « Tout n’a pas à être aussi négatif.
Sainte-Marie vit sur une ferme à Hawaï qu’elle voit comme sa maison depuis des décennies. Interrogée sur son influence en tant que modèle pour les musiciens autochtones au Canada, elle a répondu qu’elle avait « beaucoup de modèles dans sa réserve – des gens comme Obey, Starblanket et Kiasuatum ». Sainte-Marie refuse d’être mise sur un piédestal. En effet, elle croit que nous devrions « abandonner l’ordre hiérarchique omniprésent », ajoutant que le comportement prédateur parmi les humains est absolument inutile.
La musicienne a elle-même été la proie du gouvernement américain, par le FBI. En raison de sa franchise sur les questions autochtones et son op
position farouche à la guerre du Vietnam, sa musique a été mise sur la liste noire des stations de radio pendant une partie des années 1960 et 1970, ce qui l’a empêchée d’atteindre un public plus large. Heureusement, ce n’est plus le cas.
Reconnaissance et innovation
L’un des premiers moments forts de la carrière de Buffy Sainte-Marie fut sa chanson Universal Soldier, qui devint un succès pour le chanteur britannique Donovan en 1965 et un hymne populaire pour la paix dans l’opposition à la guerre du Vietnam. Parmi les autres faits saillants de sa carrière, citons un Oscar, un BAFTA et un Golden Globe pour la meilleure chanson originale pour Up Where We Belong (coécrite avec Will Jennings et Jack Nitzsche, son mari à l’époque) du film Officier et Gentleman. Plusieurs de ses chansons ont également été reprises par des centaines d’artistes, y compris Barbra Streisand, Bobby Darin, Elvis Presley, Cher et les Indigo Girls.
L’innovation est l’une des caractéristiques créatives déterminantes de Sainte-Marie. Elle a été une pionnière dans l’utilisation des ordinateurs Macintosh pour faire de la musique. Sa chanson Starwalker de Medicine Songs fut une première en combinant la musique autochtone et pop dans un style que la musicienne a surnommé « pow-wow rock ». Son album de 1992, Coincidence and Likely Stories, fut le premier album à être diffusé en ligne.
Sainte-Marie est une artiste et éducatrice polyvalente qui a enseigné l’art numérique et la musique au niveau universitaire. Elle est également une artiste visuelle accomplie et elle a joué à la télévision. En 1969, elle a créé la fondation à but non lucratif Nihewan Foundation for Native American Education. Grâce à la fondation, elle a lancé en 1996 le projet d’enseignement CradleboardTeaching mettant en relation les enfants des écoles autochtones et non autochtones via un réseau informatique.
Sainte-Marie a reçu beaucoup de reconnaissance pour son travail et sa production créative. Elle est officière de l’Ordre du Canada, lauréate du prix de musique Polaris et récipiendaire de nombreux prix pour l’ensemble de ses réalisations ainsi que de 12 diplômes honorifiques.
Comment Sainte-Marie voit-elle l’état actuel de l’industrie musicale autochtone au Canada? « Vous devez réaliser à quel point nous sommes une petite minorité, comparée à la scène de la musique blanche et même noire et hispanique. Nous manquons de soutien commercial. Ce n’est pas comme si quelqu’un essayait de nous exclure. »
Sa solution ? « Nous devons juste sortir et jouer. Nous avons toujours eu beaucoup d’artistes. Nous commençons à émerger tranquillement. »
Traduction par Mélissa Brien
Pour plus d’information, rendez-vous sur
www.buffysainte-marie.com
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