Tim Brady avec le NEM: Le dialogue des cultures

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Tim Brady est un homme de défis. Son dernier : mettre en musique des poèmes en langue autochtone. Pour ce faire, le compositeur et guitariste a choisi un recueil de poèmes intitulé Uiesh (en français, Quelque part) écrit par la célèbre poétesse innue Joséphine Bacon.

« J’ai beaucoup aimé les textes de Joséphine Bacon. Je me disais que ce serait tout un défi de composer une musique dans laquelle une interprète chante dans une langue autochtone. La structure linguistique, grammaticale et les syllabes sont très éloignées des langues européennes. Joséphine m’a beaucoup aidé et j’en ai conclu, pour ma musique, qu’il fallait utiliser un langage rythmique plus simple, un peu plus carré, pour que les syllabes ressortent clairement. Je voulais qu’elles soient reconnaissables. De manière générale, dans le genre de l’opéra, la compréhension du texte a toujours été quelque chose d’important pour moi. »

Joséphine Bacon

Tim Brady a beaucoup composé pour la voix, non seulement des opéras, mais aussi des pièces avec chœur et ensembles vocaux. L’œuvre qu’il vient de soumettre au NEM est une autre illustration de sa passion pour la composition vocale. On y retrouve sept sections distinctes, sept chansons non pas jouées comme un cycle, mais en continu. Les instrumentistes sont là pour appuyer la voix, nous apprend le compositeur. « C’est une œuvre où le texte et la voix sont au premier plan. D’ailleurs, dans 90 à 95 % de mes compositions pour la voix, je veux que celle-ci occupe la partie centrale. Les autres instruments sont presque toujours pensés en relation avec la voix. Ayant connu mes premières amours avec la musique pop, les Beatles et autres groupes des années 1960 et 1970, il était normal pour moi que la voix fasse partie de la musique. Même si je ne compose pas dans ce style, elle reste un point d’ancrage dans mes expériences artistiques. »

La soprano Deantha Edmunds a été choisie pour donner vie aux poèmes de Joséphine Bacon. « Quels que soient les médiums et les instrumentations, j’adore travailler avec des artistes extraordinaires, des artistes qui ont quelque chose à dire. Par ailleurs, apprendre de nouvelles cultures musicales me pousse à me dépasser comme musicien et à imaginer de nouvelles manières de composer. En tant qu’homme blanc, je reconnais qu’il faut davantage dialoguer avec les Premières Nations au Canada. Cela fait partie de notre vision du pays dans un sens approfondi. Pour moi, cette collaboration avec Joséphine Bacon, c’est un pas dans cette direction. Oui, on discute de la culture autochtone, de son histoire et de ses rapports (contrariés) avec la culture occidentale, mais on est aussi en train de créer un objet d’art. Cette relation entre artistes nous donne alors deux façons d’aborder ces questions. Ça approfondit l’expérience humaine et artistique. »

Tim Brady présentera des extraits de sa nouvelle œuvre le 16 juin à la salle Claude-Champagne, en collaboration avec le Nouvel Ensemble Moderne. La première intégrale d’Uiesh aura lieu le 14 août dans le cadre du Festival international Présence autochtone avec qui Tim Brady signe une première collaboration. À noter que ce cycle de mélodies sera repris le 25 octobre à la Salle Bourgie.

www.timbrady.ca

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A propos de l'auteur

Justin Bernard est détenteur d’un doctorat en musique de l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur la vulgarisation musicale, notamment par le biais des nouveaux outils numériques, ainsi que sur la relation entre opéra et cinéma. En tant que membre de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM), il a réalisé une série de capsules vidéo éducatives pour l’Orchestre symphonique de Montréal. Justin Bernard est également l’auteur de notes de programme pour le compte de la salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal et du Festival de Lanaudière. Récemment, il a écrit les notices discographiques pour l'album "Paris Memories" du pianiste Alain Lefèvre (Warner Classics, 2023) et collaboré à la révision d'une édition critique sur l’œuvre du compositeur Camille Saint-Saëns (Bärenreiter, 2022). Ses autres contrats de recherche et de rédaction ont été signés avec des institutions de premier plan telles que l'Université de Montréal, l'Opéra de Montréal, le Domaine Forget et Orford Musique. Par ailleurs, il anime une émission d’opéra et une chronique musicale à Radio VM (91,3 FM).

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