Recherches de nouvelles sources de financement, gestion de l’offre culturelle, développement des quartiers culturels, protection du patrimoine…Ce sont, entre autres, les principaux enjeux dans les domaines des arts et de la culture de la campagne électorale municipale menant au scrutin du 5 novembre. À cette occasion, La Scena Musicale vous présente un aperçu des engagements des candidats à la mairie de Montréal pour notamment faire de la ville, une vraie métropole culturelle, à la hauteur des attentes de plus en plus grandes des gens des milieux artistiques et culturels et leurs représentants comme Culture Montréal.
Denis Coderre
maintenir les engagements et trouver une nouvelle source de financement
«Ensemble, continuons le travail». Sous ce slogan, le maire sortant Denis Coderre soutient que Montréal entre dans une étape de transition, après l’adoption de la loi conférant à la ville le statut de métropole. Ce qui étend les pouvoirs du maire de Montréal notamment en ce qui concerne le financement et d’attributions des subventions.
Ainsi, M. Coderre exprime son souhait d’introduire une nouvelle source de financement pour soutenir ces festivals et les grands événements culturels. Il s’engage à « maintenir l’engagement pris au cours de son premier mandat en faveur de l’augmentation du soutien du Conseil des Arts de Montréal à raison de 500.000 $ par année» et à « assurer la mise en pratique de la nouvelle politique de développement culturel 2017-2022, adoptée en juin dernier. Aussi, pour la mise en oeuvre du plan d’action relatif à la protection du patrimoine, il mentionne le répertoire des bâtiments d’intérêt patrimonial sur le territoire de la Ville et des immeubles vacants, à risque d’être démolis ou dont l’avenir est incertain. Il met en exergue les actions accomplies en faveur de la protection du patrimoine bâti, notamment « la revalorisation de la bibliothèque St-Sulpice, la restauration de la caserne Létourneux et le déménagement du Grand Costumier de Radio-Canada dans notre immeuble». il cite également l’acquisition de l’ensemble conventuel des Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph « afin de le protéger, en s’assurant que la population puisse y avoir accès et qu’elle puisse en profiter».
Un autre principal engagement de l’Équipe Coderre est lié au développement des pôles culturels notamment le quartier des spectacles et les projets à l’ordre du jour par rapport à l’esplanade Clark, le Quartier Latin et le pôle est. À cet égard, Denis Codere réitère la mission qu’il s’est donné « de renforcer les quartiers culturels à travers un soutien aux infrastructures locales ». « Je pense au Théâtre Outremont, à la salle Pauline-Julien, au Centre culturel de Verdun, à la Bibliothèque Saul-Bellow, à la Bibliothèque Maisonneuve, à la Bibliothèque inter-arrondissement», dit-il. Il défend son bilan en soulignant, entre autres, les investissements à l’Oratoire Saint-Joseph, au Musée Pointe-à-Callière, le réseau des Bibliothèques municipales, à la Zone Éducation-Culture avec le Musée des beaux-arts de Montréal et dans l’Espace pour la vie.
Valérie Plante
le statut de métropole exige une vraie vision !
« Comme en matière économique, Montréal possède un immense potentiel culturel qui demeure inexploité. En particulier, nous voulons protéger et mettre en valeur le patrimoine naturel et le patrimoine bâti des Montréalais». C’est l’un des principaux engagements de la candidate de Projet Montréal Valérie Plane qui avait nourri la controverse par son slogan «L’homme de la situation». Cette jeune politicienne qui s’est lancée en politique municipale en 2013 est convaincue qu’elle est capable de faire la différence. Notamment en oeuvrant pour une nouvelle culture d’imputabilité via la mise en place d’une commission de reddition de comptes pour éviter les dérapages dans les projets de la ville. Elle avait fait cette annonce, justement à l’occasion de la controverse autour d’un projet culturel. Il s’agit de la restauration du kiosque de musique au pied du mont Royal, gazebo Mordecai-Richler, et la polémique largement médiatisée autour de l’énorme dépassement des coûts et le retard d’environ trois ans dans l’achèvement de la cure de jouvence de ce bâtiment patrimonial.
Un autre engagement important de la conseillère municipale du district Sainte-Marie de l’arrondissement de Ville-Marie concerne le rôle des arrondissements. «Nous allons respecter l’autonomie des arrondissements. Chacun a des besoins qui lui sont propres et nous ne voulons pas imposer un seul modèle, soit celui de la ville. Il y a de belles choses qui se font partout. Il ne faut pas rendre tout pareil, mais s’inspirer des bonnes pratiques , dit-elle. Nous, on ne veut pas centraliser. » À ce propos, soulignons l’engagement de Projet Montréal qui forme l’opposition officielle à l’hôtel de Ville de « revoir et bonifier les paramètres qui servent à déterminer le partage des dotations des arrondissements afin de rendre la Réforme du financement des arrondissements (RFA) plus équitable. Des facteurs tels que l’achalandage touristique, la densité de population et l’importance du patrimoine sur le territoire seront ainsi considérés».
Cette diplômée en muséologie, qui se distingue par un parcours professionnel étroitement lié à divers secteurs culturels, affirme que le nouveau statut de Montréal comme métropole exige un nouveau leadership. À ce propos, Mme Plante affiche son désaccord avec l’usage du terme « transition ». « Il n’est plus question de transition; les Montréalais, ce qu’ils veulent, c’est une vision, des solutions concrètes.»
Jean Fortier
créer des centres de mise en marché des produits culturels !
Le candidat de Coalition Montréal, Jean Fortin, croit fermement que l’administration de la ville doit aider à attirer la clientèle pour les produits culturels. Il s’engage dans son programme à « créer des centres de mise en marché des produits culturels et technologiques ». Il affirme que « la Ville a le devoir d’aider à ce qu’on puisse vendre les produits culturels localement et à l’étranger ». « Il y a une pudeur des corps publics à s’intéresser au marketing et à la vente, dit-il. Et pourtant, c’est ce qu’on doit faire si on veut promouvoir le rayonnement culturel à l’international et que nos salles de spectacles soient pleines. Et ce, pas seulement dans le centre ville de Montréal mais aussi surtout pour rejoindre les quatre millions de personnes de la communauté métropolitaine.Selon ce financier de formation et de profession, diplômé de HEC, il faut être prudent dans la recherche de nouvelles sources de financement. À ce propos, il met en garde contre les effets négatifs. « Il faut d’abord mesurer l’impact des activités. Il y va de l’efficience des investissements en culture, comme dans n’importe quel autre domaine.» C’est le principe cher à cet ancien président du comité exécutif de la Ville de Montréal, sous Pierre Bourque (1994-2001) qui veut opérer des changements à la gouvernance de Montréal par la promotion et l’encadrement d’une meilleure prise de décision.
Aussi, M. Fortier propose que la responsabilité de la culture et du rayonnement international de Montréal soit gérée au niveau de la fédération des municipalités que représente la communauté métropolitaine. À la question concernant le positionnement qu’on lui attribue au centre entre les deux grands candidats, Coderre et Plante, il répond : « Il y a trop de polarisations,. On aurait préféré qu’il y ait moins de polarisations politiques à l’hôtel de ville. Parce que ce n’est pas un Parlement.»
Culture Montréal
Taxer les panneaux d’affichage !
En vue des élections municipales du 5 novembre, l’organisme Culture Montréal a adressé 26 propositions aux prétendants à la mairie pour « poursuivre le déploiement de Montréal comme métropole culturelle inclusive, créative et durable ». Sur la base de cette plateforme, cet organisme invite les candidats au traditionnel débat public au début du mois d’octobre.
Parmi les principales propositions, Culture Montréal appelle à l’instauration d’une taxe dédiée aux arts sur les panneaux d’affichage. Selon CM, avec cette taxe, la Ville ne créerait aucun préjudice envers les contribuables et se donnerait des moyens additionnels pour maintenir son leadership comme métropole culturelle.
Cette organisation appelle également la Ville à poursuivre l’effort d’augmentation annuelle du budget du Conseil des arts de Montréal et s’engage à ce que le « plan d’action culturel quinquennal mis à jour annuellement » fasse l’objet d’une reddition de comptes annuelle publique dans le cadre des travaux de la Commission de la culture, du patrimoine et des sports du Conseil municipal.
Culture Montréal propose également la réalisation du projet DestiNATIONS, conçu dans le but de faire connaître l’histoire, les traditions et la richesse de la création contemporaine des artistes des Premières Nations, dans un contexte qui favorise leur développement social et économique.
Aussi, CM veut que la Ville prévoie la désignation d’un(e) agent(e) de liaison – personne spécialisée en médiation culturelle – pour chacune des bibliothèques et chacun des lieux de diffusion, dont le mandat sera de favoriser l’élargissement et la diversification de la fréquentation de ces institutions culturelles municipales.
L’organisme évoque, en outre, le projet de revitalisation de la bibliothèque Saint-Sulpice et veut qu’il soit progressivement déployé avec la collaboration de la Ville de Montréal et des milieux concernés. Culture Montréal appelle, par ailleurs, la Ville à prendre les mesures appropriées pour procéder rapidement à la réouverture au public du théâtre de Verdure fermé depuis quatre ans.