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Dutoit est de retour
En fait, il s’agit d’Annie Dutoit, fille de Charles Dutoit et de Martha Argerich. Née en Suisse, la professeure, comédienne et journaliste est montée sur la scène de la Maison symphonique comme intervieweuse pour Medici.tv/Mezzo dans le cadre de la diffusion sur le Web du concert du 18 septembre de l’OSM sous la direction de Rafael Payare. Mme Dutoit a déjà travaillé pour les plateformes associées, à Paris et à Verbier. L’ancien directeur musical de l’OSM, qui aura 85 ans le 7 octobre, dirigera l’Orchestre philharmonique de Saint-Pétersbourg le 21 octobre en qualité de premier chef invité. Le 6 décembre, il sera rejoint par son ex-conjointe à Lugano pour diriger la European Philharmonic of Switzerland. Même s’il a perdu quelques-uns de ses titres officiels en 2017 dans la foulée des accusations issues du mouvement #MoiAussi, M. Dutoit demeure directeur musical émérite de l’Orchestre symphonique de la NHK de Tokyo et codirecteur du festival MISA (Music in the Summer Air) de Shanghai.
Deux œuvres de Samy Moussa à Lanaudière
Dans le cadre d’un partenariat, le festival de Lanaudière a commandé deux œuvres au Montréalais Samy Moussa. La première, Elysium, présentée en première par l’Orchestre philharmonique de Vienne le 18 septembre à la Sagrada Família à Barcelone sous la direction de Christian Thielemann, en complément de la Symphonie no 4 de Bruckner, sera vraisemblablement présentée au festival en 2023. Puis, en 2024 ou 2025, le festival présentera Antigone, un oratorio pour chœur féminin et orchestre sur un livret du compositeur, qui a déjà été présenté par l’Opéra national des Pays-Bas et l’Opéra national de Norvège. Aucun musicien n’a encore été annoncé, mais M. Moussa est en bons termes avec l’OSM, ayant remporté un prix Juno dans la catégorie Composition classique de l’année pour l’enregistrement de son Concerto pour violon « Adrano » (avec le soliste Andrew Wan) sous la direction de Kent Nagano. Même s’il vit en Europe, il entretient de solides liens avec son pays d’origine. Cette saison, il est le Spotlight Artist (en fait artiste en résidence) de l’Orchestre symphonique de Toronto qui présentera cinq de ses œuvres, notamment sa plus récente, la Symphonie no 2. Il faut se rappeler qu’en 2017, l’OSM avait créé la Symphonie no 1 « Concordia » à la suite du succès en 2014 de sa pièce A Globe Itself Infolding pour orgue et orchestre avec le soliste Jean-Willy Kunz. Cette œuvre a d’ailleurs été présentée en septembre au Royaume-Uni dans un concert des Proms au Royal Albert Hall de Londres, avec James McVinnie et le BBC Concert Orchestra sous la direction d’Anna-Maria Helsing. Conclusion : Samy Moussa s’en sort plutôt bien !
Buffalo Philharmonic : boursier pour la diversité recherché
Le Buffalo Philharmonic est à la recherche d’un chef adjoint issu de la diversité avec une expérience en direction d’orchestre et une connaissance du répertoire. L’admissibilité est limitée à ceux qui « se disent membres des groupes historiquement sous-représentées dans les orchestres américains, y compris sans s’y limiter les groupes afro-américain, hispanique et autochtone, et les natifs de l’Alaska, d’Hawaï ou d’une île du Pacifique ». Curieusement, une déclaration sur la page des emplois et auditions du BPO affirme que l’orchestre « interdit la discrimination et le harcèlement de tout type et ne tient aucun compte de la race, de la couleur, de la religion, de l’âge, du sexe, de l’origine nationale, de l’état de personne handicapée, de la génétique, de l’état d’ancien combattant protégé, de l’orientation sexuelle, de l’identité ou de l’expression de genre ou de toute autre caractéristique protégée par les lois fédérales, des États ou locales ». Sous la gouverne de la directrice musicale JoAnn Falletta – qui a participé au festival de Lanaudière et enregistré pour Analekta –, le BPO a déjà un chef adjoint, Jaman E. Dunn, qui remplit les conditions d’admissibilité au nouveau poste. Avant la fin de l’année, l’orchestre aura donc deux chefs adjoints. L’initiative de l’orchestre de Buffalo n’est pas unique : le Cincinnati Symphony Orchestra (en collaboration avec le College-Conservatory of Music de Cincinnati) compte neuf boursiers issus de la diversité au sein de sa section de cordes, chacun jouant pendant l’« équivalent de cinq semaines par saison ». Le Detroit Symphony Orchestra a inauguré son programme de bourses destiné aux musiciens afro-américains en 1990.
Université de Toronto : dialogues
J-S. Bach ? Pourquoi lui ? Bach est l’un des deux compositeurs nés avant 1900 dont la musique fait l’objet de discussions dans « Dialogues: Analysis & Performance », un symposium qui se tient du 7 au 9 octobre à la très moderne faculté de musique de l’Université de Toronto. D’autres articles et présentations traitent de compositeurs contemporains dont vous avez peut-être entendu parler (John Cage, Pauline Oliveros, Frederic Rzewski, Kaija Saariaho, Karlheinz Stockhausen, Jörg Widmann) ou plus probablement pas (Mark Applebaum, Pierluigi Billone, Earle Brown, Dashon Burton, Elena-Kats-Chernin, Lucia Dlugoszewski, Helmut Lachenmann, Allen Shawn). Si certaines discussions abordent la musique folklorique (la chanson traditionnelle coréenne Arirang) ou les collectifs d’artistes (Quigital est une installation anticapitaliste qui « explore l’absurdité de l’esthétique d’entreprise »), il est surprenant qu’un symposium portant apparemment sur l’analyse et l’interprétation fasse aussi soigneusement abstraction de la musique réellement jouée. Surtout à une époque où les restrictions liées à la pandémie et les plateformes en ligne ont entraîné des changements importants dans le travail d’interprétation. Au fait, l’autre personnage antérieur au 20e siècle digne d’étude est Régine Wieniawski, 1879-1932, une compositrice dont la musique a souvent été publiée sous le pseudonyme Poldowski.
La Maison symphonique en met plein la vue
C’est peut-être le plus grand orchestre à jouer à la Maison symphonique depuis le début de la pandémie. Le 14 septembre, le directeur musical désigné de l’OSM, Rafael Payare, a fait ses débuts en salle avec pas moins de 82 musiciens sur la scène élargie interprétant la Symphonie no 5 de Chostakovitch – mais il faut bien dire que pour cette œuvre et ses cordes en divisi, rien de moins ne ferait l’affaire. Le concert inaugural de la nouvelle saison de l’Orchestre Métropolitain, le 30 septembre, comptait 69 musiciens sous la direction de Yannick Nézet-Séguin. (le même nombre auquel l’OSM a fait appel le 26 septembre lors de son interprétation de la Symphonie no 2 de Brahms avec Payare). Tous les ensembles doivent adhérer aux normes sanitaires de la CNESST qui exigent la distanciation de 2 m entre les vents et les choristes et de 1,5 m entre les cordes et les percussionnistes. S’il est bien une chose que les nouvelles normes ont accomplie, c’est de faire avancer les orchestres jusqu’aux premières rangées du parterre, le résultat étant une augmentation correspondante du volume sonore, que vient encore amplifier le nombre maximum de spectateurs fixé à 958.
« Une saison pas comme les autres »
Le slogan choisi par la Canadian Opera Company pour décrire sa saison 2021-22 est annonciateur d’originalité. Pourtant, le retour aux productions en direct de la COC en 2022 est surtout remarquable par sa prévisibilité. Au programme, Madame Butterfly de Puccini (première le 4 février), La Traviata de Verdi
(23 avril) et La flûte enchantée de Mozart (6 mai). Les troupes et les détails de la production sont à préciser, mais selon les indications préliminaires, le public de la COC n’aura rien de nouveau à se mettre sous la dent, contrairement à l’Opéra de Montréal qui offre une interprétation jazzée de La Traviata en 2022 et une version inspirée des films muets de La flûte enchantée, en plus de deux nouveaux opéras (Le flambeau de la nuit et La beauté du monde) qui seront présentés au Théâtre Maisonneuve. L’ennuyeuse saison de la COC laisse donc présager une double calamité : un manque total d’imagination de la part de son directeur général Perryn Leech et une tentative désespérée pour renflouer les coffres de la COC après une décennie de déclin sous son prédécesseur Alexander Neef.
Deux organismes, deux approches différentes
Les points communs sont notables : le Ladies’ Morning Musical Club (LMMC) de Montréal (établi en 1892) et le Women’s Musical Club de Toronto (WMCT, établi en 1898) présentent des concerts en après-midi dans la principale salle de spectacle de leurs universités respectives, toutes les deux situées en plein centre-ville. En plus, les deux ont inauguré leur saison 2021-22 avec le violoniste canadien Blake Pouliot. Pourtant, l’ensemble de Montréal l’a fait à la salle Pollack devant public le 12 septembre, alors que celui de Toronto a été contraint de s’en tenir à une diffusion sur le Web. « Les politiques d’accès de l’Université de Toronto évoluent très lentement et ne prévoient actuellement aucune disposition pour les visiteurs », explique l’organisme torontois dans un courriel qui précise que le récital de M. Pouliot du 30 septembre sera diffusé en ligne seulement. Le concert du 25 novembre du WMCT avec la percussionniste Beverley Johnston est prévu à Walter Hall avec une option en ligne. Le LMMC demeure fermement engagé à présenter exclusivement des concerts en direct.
Des diffuseurs d’opéras prennent leur retraite
En l’espace de deux semaines en septembre, Ben Heppner a pris sa retraite en tant qu’animateur de l’émission Saturday Afternoon at the Opera de la CBC et Mary Jo Heath a tiré sa révérence à la barre des émissions radiophoniques du samedi matin de Toll Brothers-Metropolitan Opera. La successeure de M. Heppner est la mezzo-soprano Marion Newman qui se dit membre des Premières Nations Kwakiutl et Stó:lō. Mme Heath sera remplacée par Debra Lew Harder, anciennement de la WRTI, une station de radio publique de musique classique et de jazz de Philadelphie. Cette dernière est pianiste de concert, médecin et DJ de musique classique. Les Canadiens les entendront vraisemblablement tous les deux : l’émission de la CBC intègre normalement la saison du MET, de décembre à juin. Mme Newman se joint à Julie Nesrallah (de l’émission Tempo diffusée en semaine) en tant que mezzo devenue présentatrice de la CBC. Mme Nesrallah est l’animatrice d’une nouvelle émission le samedi, Julie’s Opera Jewels, apparemment pour compenser la perte de l’émission Backstage de Ben Heppner.
Jean-Paul Jeannotte, 1926-2021
Le directeur artistique et fondateur de l’Opéra de Montréal est décédé à l’âge de 95 ans. Avant de se lancer dans l’administration artistique en 1980, M. Jeannotte a été chanteur, professeur et administrateur. Ténor acclamé pour son interprétation de Pelléas dans Pelléas et Mélisande de Debussy (vous trouverez sur YouTube une vibrante radiodiffusion d’un concert de 1955 au Théâtre des Champs-Élysées à Paris), il a aussi donné des récitals émouvants (comme en témoignent plusieurs vidéos YouTube de mélodies et lieder avec la pianiste Jeanne Landry). Il a été président de l’Union des Artistes de 1966 à 1972, professeur à l’Université Laval et membre des conseils d’administration de la Société de musique contemporaine du Québec (SMCQ) et de l’Opéra du Québec, l’ancêtre de l’Opéra de Montréal. Il a été nommé officier de l’Ordre du Canada en 1987. Jeannotte a été remplacé comme directeur artistique de l’OdM par le directeur général de l’époque Bernard Uzan.
Dang Thai Son à Varsovie
L’ancien professeur de piano de l’Université de Montréal qui enseigne désormais à l’Oberlin Conservatory de Cleveland et au New England Conservatory à Boston sera pour une 4e fois membre du jury du 18e Concours international de piano Frédéric-Chopin à Varsovie en octobre. Né au Vietnam, Dang Thai Son est devenu le premier Asiatique à remporter le prestigieux concours en 1980. En ce qui concerne les autres membres du jury, mentionnons que Nelson Freire s’est retiré fin septembre pour cause de maladie et que Martha Argerich – « liée à lui par de solides liens d’amitié », selon les responsables du concours – a annulé sa présence « pour être à ses côtés en ces moments difficiles ». Arthur Moreira Lima, pianiste brésilien comme M. Freire, les remplacera. C’est d’ailleurs lui qui avait remporté le deuxième prix à Varsovie en 1965, derrière Argerich.
Lefèvre déboutonné
La photographe montréalaise Caroline Bergeron, qui compte dans son portfolio de nombreux musiciens et interprètes, a publié une version sexy du pianiste Alain Lefèvre sur sa page Facebook. Or, cette photo ne s’est pas retrouvée sur la page ou le site Web du musicien. Supprimée ou restreinte avant l’heure de la diffusion, la photo avait cependant attiré des douzaines d’enthousiastes « J’aime », « Ha ha » ou « J’adore ». Autrefois, très présent dans les programmes de concert au Québec et sur les ondes de Radio-Canada, M. Lefèvre habite à Athènes depuis six ans. Pourquoi ? « Parce que lorsque vous n’êtes pas en tournée, a-t-il confié au journal australien Neos Kosmos, il n’y a pas grand-chose à faire d’autre que jouer du piano lorsque vous restez trois ou quatre semaines à Montréal à -25 °C. Ici, même l’hiver, je peux aller me baigner avec mes amis ou prendre un café avec eux pendant des heures. »
Traduction par Véronique Frenette
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