Les Elora Singers ont pensé à tout

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Vingt-quatre personnes masquées. Vingt-cinq avec le chef de chœur; vingt-neuf avec les membres du quatuor à cordes. Lieu inconnu.

Quel mystère, n’est-ce pas ! En fait, il s’agit du concert Hope & Refuge par les Elora Singers, qui sera accessible à tous en ligne à compter du 14 novembre.

Espoir et refuge, voilà un titre qui convient autant à l’époque trouble que nous traversons qu’au programme qui comprend La lettre d’adieu de Jack Layton aux Canadiens, un hommage à l’ancien chef du NPD par Jeff Enns, un membre de la section des basses.

Mark Vuorinen

« C’est une pièce remplie d’optimisme et d’espoir, confie Mark Vuorinen, directeur artistique et chef de chœur de l’ensemble ontarien. Une mise en musique des mots admirables que [M. Layton] a prononcés peu avant son décès. L’optimisme vaut mieux que la peur. L’espoir vaut mieux que la dualité. »

« Faisant référence à bien des éléments du contexte mondial actuel, liés à la pandémie, bien sûr, mais aussi à la situation politique, cette œuvre était l’occasion pour nous de présenter un concert qui rassemblerait tous les membres de notre public. »

Enregistré le 24 octobre, l’événement a réuni pour la première fois depuis le mois de février les 24 choristes professionnels, la plupart âgés de moins de 40 ans. À l’exception de deux chanteurs, tous avaient pris part à la création à distance de versions revisitées de pièces pour la mouture en ligne du festival annuel Elora en juillet, mais le chœur n’avait donné aucun concert sur place.

« C’est un groupe particulièrement soudé, affirme la directrice générale du festival et du chœur Laura Adlers. Les retrouvailles ont été émouvantes. » Quelque peu étranges, qui plus est, puisque tous les chanteurs et chanteuses portaient un masque. Aussi courante que soit cette pratique au supermarché, elle n’est pas souvent considérée comme étant compatible avec l’art du chant.

« Il faut s’adapter, explique M. Vuorinen. Certains aspects du chant doivent être consolidés davantage. En plus, les chanteurs s’entendent différemment parce que le son leur est renvoyé. La diction devient une quête permanente. Mais quand j’écoute le son [de notre séance], je ne suis pas certain qu’avec les yeux fermés, vous sauriez d’instinct que les chanteurs portent des masques. J’ai été agréablement surpris d’entendre un son aussi clair et beau. »

Pour faciliter l’articulation, la plupart des choristes ont eu recours à une pièce en plastique pour maintenir une
distance entre leur bouche et la surface du masque. Certains ont même acheté des masques conçus exprès pour le chant.

Les Elora Singers

Le fait que le concert ait été enregistré dans une église désacralisée d’Hamilton avec une excellente acoustique a aussi beaucoup aidé. Le nom et le lieu exact ne sont pas divulgués. « Nous avons procédé dans le respect de la loi, insiste Mme Adlers, mais le diocèse ne veut pas que l’idée se répande parce que l’église ne peut pas être louée à autant de gens. »

Une fois les bancs enlevés, le vaste espace a permis aux chanteurs et chanteuses de se tenir à trois mètres de distance les uns des autres.

« Nous sommes très prudents, confirme Mme Adlers. Prise de la température, désinfection des mains et séances d’une durée maximale de 45 minutes. »

Hope & Refuge  sera suivi de trois autres concerts en décembre sur le thème de Noël, dont un qui rassemble des extraits du Messie de Haendel.

Est-ce à dire que nous aurons droit à un Alléluia en masque ? « Il y aura certainement une dissonance visuelle, concède M. Vuorinen. Heureusement, la musique va au-delà du visuel. »

« Le Messie est une œuvre à la fois joyeuse et sombre. C’est là sa beauté. Haendel nous accompagne à travers cette obscurité pour nous mener de l’autre côté. Et cela fait également partie de cette expérience. »

Traduction par Véronique Frenette

www.elorasingers.ca

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A propos de l'auteur

Arthur Kaptainis has been a classical music critic since 1986. His articles have appeared in Classical Voice North America and La Scena Musicale as well as Musical Toronto. Arthur holds an MA in musicology from the University of Toronto. From 2019-2021, Arthur was co-editor of La Scena Musicale.

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