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Cent pour cent positif », c’est ainsi qu’Isolde Lagacé, directrice générale et artistique de la salle Bourgie, décrit la réaction des artistes qu’elle a contactés pour leur proposer quelque chose d’inattendu depuis des mois : du travail.
Cent pour cent étonnant d’autant plus que cette salle de concert de la rue Sherbrooke a dévoilé une programmation de 56 concerts entre le 16 septembre et le 20 décembre… 2020, il va sans dire. Que la COVID-19 soit bravée !
« Les musiciens et musiciennes veulent se produire sur scène , rappelle Mme Lagacé. Les interprètes veulent transmettre au public leur art. C’est le but premier de leur formation, c’est leur pain quotidien, ce à quoi ils aspirent. »
N’est-ce pas la vocation de cette salle de 462 places, affiliée au Musée des beaux-arts de Montréal depuis 2011, que de rapprocher les musiciens et musiciennes des mélomanes ? Il était hors de question pour Mme Lagacé de passer sous silence le 10e anniversaire de la restauration et reconversion en salle de concert de la nef de l’ancienne église Erskine and American.
Soyez sans crainte, la directrice de la salle Bourgie, une vétérane de la scène musicale montréalaise, n’est pas indifférente aux ravages de la pandémie. Elle-même a attrapé la COVID-19, probablement quelques jours avant le 12 mars, dernier jour où la salle Bourgie était ouverte au public.
« J’ai été malade pendant des semaines, mais vraiment malade, se souvient-elle. Cela a été vraiment long et pénible. »
Isolde Lagacé, une femme naturellement extravertie souvent appelée à accueillir les artistes de l’étranger, courait bien sûr un plus grand risque de contracter la maladie que toute autre personne jouant un rôle de direction artistique.
Se remémorant son état d’esprit au début de la pandémie, elle nous confie : « Je me disais que c’est un métier dangereux. Tout le monde me parle, tout le monde me serre la main, tout le monde m’embrasse. »
Mme Lagacé pense avoir contracté la COVID-19 par l’entremise de ces salutations empreintes de bonhomie. Puis, en juin, son père Bernard Lagacé, l’un des plus célèbres organistes du Canada, a également contracté la maladie dans une résidence pour personnes âgées. Fait remarquable, il s’est rétabli malgré ses 90 ans.
Malgré ces expériences personnelles avec la maladie, elle estime que le respect scrupuleux des normes de santé permettra aux musiciens et musiciennes ainsi qu’aux mélomanes de vivre une belle expérience en toute sécurité. D’ailleurs, le nombre de personnes atteintes par la COVID-19 continue de baisser de façon marquée au Québec. « Je veux que tout se déroule bien », précise-t-elle.
Les précautions n’ont pas été négligées. Le nombre maximal d’interprètes sur scène est fixé à 11 et l’auditoire comptera tout au plus 130 spectateurs. Les sièges sont distancés. Les personnes doivent porter leur couvre-visage pour se rendre à leur siège ou pour circuler. Il n’y aura pas d’entracte ni de rassemblement dans le hall. « Laissez-moi vous dire que c’est moins dangereux que d’aller faire ses courses chez Costco », précise la directrice de la salle Bourgie.
Comme les programmes sont plus courts, beaucoup d’entre eux seront répétés. Le Nouveau Quatuor à cordes Orford ouvre cette dixième saison le 16 septembre avec le Quatuor no 9 en do majeur de Beethoven op. 59, no 3 et le Quatuor à cordes no 2 op. 50 de Jacques Hétu. Ce programme sera répété le 17 septembre. Le pianiste Louis Lortie poursuit le 14 octobre l’intégrale des sonates pour piano de Beethoven qu’il avait entamée en février. La série de concerts se termine le 15 novembre avec les trois ultimes sonates et chefs-d’œuvre incontestés : no 30 en mi majeur, op. 109; no 31 en la bémol majeur, op. 110 et no 32 en do mineur, op. 111.
Le 24 septembre, David Jalbert interprétera la version pour piano seul, rarement entendue, des Sept dernières paroles du Christ en croix de Haydn. C’est l’un des rares concerts donnés en collaboration avec l’étiquette ATMA. Autre pianiste de renom, Charles Richard-Hamelin interprétera les 6, 7, 26 et 27 octobre les Préludes de Chopin et une œuvre de Brahms ou de Medtner selon la date.
Le 4 octobre, la mezzo-soprano Michèle Losier mêle des œuvres du cycle Frauenliebe und Leben de Schumann avec des mélodies de Debussy, Duparc et Massenet dans un récital qui s’inscrit dans la thématique de l’exposition Paris au temps du postimpressionnisme du MBAM. Elle sera accompagnée par le pianiste Olivier Godin.
Une autre soirée thématique en lien avec cette exposition est un programme français donné par Cheng, le duo très apprécié de Toronto, composé du violoncelliste Bryan Cheng et de sa sœur Silvie Cheng au piano. Comme ce concert du 23 septembre a affiché rapidement complet, Mme Lagacé a ajouté une autre représentation.
« Les ventes dépassent de loin mes attentes, affirme-t-elle. J’avais peur que le public se montre réticent. J’avais peur qu’il attende. Mais non, les gens achètent des billets. »
La programmation est très variée. Seul le cycle de cantates de Bach a été suspendu en raison de la limite du nombre d’interprètes. Il y a des programmes de jazz, de musique baroque et du monde. Stick&Bow, un duo de marimba et de violoncelle, présente un programme pour célébrer l’Halloween en famille le 31 octobre.
Ces événements ont en commun d’être tous présentés par des artistes du Canada. Les mesures de quarantaine imposées aux artistes internationaux font en sorte que la rentrée à la salle Bourgie rendra hommage au talent canadien.
« Je regarde cela et je me dis que nous sommes bénis, commente Mme Lagacé. Que nous puissions offrir cette programmation avec des gens d’ici, c’est tout simplement incroyable quand on y pense. »
Traduction par Lina Scarpellini
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