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Champ de bataille: Brahms
Pendant dix jours en mars, le public pourra comparer l’ancien débutant, Yannick Nézet-Séguin, avec le nouveau venu, Rafael Payare, dans la même œuvre musicale, le même jour si désiré, et sur la même scène. YNS commence un cycle Brahms avec l’Orchestre Métropolitain le 12 mars (disponible en ligne jusqu’au 21 mars) avec la Première Symphonie du compositeur. C’est avec cette partition que Payare, directeur musical désigné de l’Orchestre symphonique de Montréal, a choisi de se présenter en ligne le 10 janvier à la Maison symphonique. Les reprises de l’OSM sont diffusées sur www.medici.tv jusqu’au 11 avril. Pour la retransmission de l’OM, rendez-vous au www.orchestremetropolitain.com. Payare ne connaît pas Nézet-Séguin personnellement, mais il admire le travail du Montréalais. « C’est un musicien fantastique, a-t-il déclaré en entrevue. J’ai vraiment le plus grand respect et la plus grande admiration pour lui. Ses enregistrements des symphonies de Schumann avec l’Orchestre de chambre d’Europe sont phénoménaux. Pour ne citer que ceux-là. J’espère pouvoir le rencontrer bientôt. »
Yannick écrit à Biden et Harris
Tentant de tirer parti de sa position au Metropolitan Opera et à l’Orchestre de Philadelphie, YNS a écrit une lettre ouverte à Joe Biden et Kamala Harris la veille de leur inauguration, dans laquelle il appelle à un plus grand soutien des arts et notamment à la création d’un secrétariat. « Je vous demande d’envisager la nomination d’un défenseur des arts et de la culture au niveau du cabinet, écrit le chef d’orchestre. Afin de progresser, d’élever les arts, nous avons besoin d’une voix qui sera entendue autour de cette table. » Il y a de sombres réflexions sur l’effet « catastrophique » de la COVID-19 sur les artistes et sur le bilan regrettable des « quatre dernières années» , au cours desquelles la commission présidentielle des arts et des humanités a été dissoute. En début de lettre, Yannick avoue être canadien, mais il se dit « fier d’être un citoyen artistique des États-Unis d’Amérique ». Il signe de ses trois titres : directeur musical au Met et à Philadelphie et directeur artistique de l’OM. Aucune réponse de Washington n’était connue au moment de mettre sous presse. Yannick ne faisait pas que parler en janvier : il a proposé de verser une contribution équivalente aux membres de l’orchestre et du chœur du Met, qui sont sans travail et sans rémunération depuis le mois d’avril. On attend généralement des dfirecteurs musicaux qu’ils restent neutres en cas de conflits de travail. Le partenaire de Yannick, Pierre Tourville, est également nommé comme donateur dans le cadre de cette initiative de collecte de fonds.
Orchestre symphonique de Saint-Louis en mode francophone
Le directeur musical de l’Orchestre symphonique de Saint-Louis, Stéphane Denève, et la présidente-directrice générale, Marie-Hélène Bernard, ont annoncé la nomination de Stéphanie Childress, présentée comme Franco-Britannique, au poste de cheffe d’orchestre adjointe. Denève est Français. Bernard est cheffe d’orchestre aux États-Unis depuis 1996, mais avant cela, elle « pratiquait le droit des sociétés et le droit fiscal au Canada » et, selon sa biographie officielle, « reste membre du Barreau du Québec ». Elle est une ancienne du collège Jean-de-Brébeuf, de l’Université de Montréal et de Concordia. Tous les concerts du SLSO de cette saison sont annulés, mais les membres de l’orchestre reçoivent, en date de la mi-janvier, 85 % de leur salaire de base de 96 376 $US. « Nous sommes très honorés par le dévouement et le soutien de nos mécènes », a déclaré Bernard.
Changement de doyen à l’Université de Toronto
L’université de Toronto a nommé Ellie Hisama future doyenne de la faculté de musique. Extrait de sa page de profil de l’Université Columbia : « Ses recherches et son enseignement se concentrent sur les études interdisciplinaires, la race, l’ethnicité, le genre, la sexualité et les dimensions sociales et politiques de la musique. » Parmi ses publications récentes, citons celle présentée à l’université Cornell sur « la perception de l’auralité noire queer dans l’œuvre de Julius Eastman ». En 2015, Hisama a été la principale conférencière d’un symposium de deuxième cycle à McGill. Le titre de son intervention : « Blackness in a White Void : Music in the Films of Isaac Julien ». Deux de ses trois crédits littéraires sont en tant que coéditrice de Critical Minded: New Approaches to Hip Hop Studies et auteure de Gendering Musical Modernism: The Music of Ruth Crawford, Marion Bauer and Miriam Gideon. Non que Ruth Crawford (Seeger), 1901-1953, en dépit de son progressisme, obtienne un passe-droit. En 2017, Hisama a donné une conférence dans laquelle la décision de cette compositrice de traduire des extraits de la Bhagavad Gita dans une langue inventée était examinée « comme un cas possible d’orientalisme ou d’appropriation culturelle ». Hisama succède à Don McLean à Toronto, dont certains se souviendront comme doyen de la musique à McGill dans les années 2000. Son mandat de cinq ans débute le 1er juillet.
Que la force soit avec Williams
Deutsche Grammophon a déclaré que John Williams in Vienna (DG 4836373) a été l’album orchestral le plus vendu de l’année 2020. Cette affirmation semble vraisemblable au vu des chiffres avancés : 150 millions de diffusions en continu et 100 000 ventes depuis sa sortie en août. Enregistré en direct les 18 et 19 janvier 2020 – avant la généralisation de la COVID-19 – par le Philharmonique de Vienne au Musikverein, le programme de 74 minutes comprend des morceaux de Rencontres du troisième type, Cheval de guerre, La revanche du capitaine Crochet, Le parc jurassique, Les dents de la mer, E.T., l’extra-terrestre et diverses déclinaisons de la série La guerre des étoiles. La violoniste Anne-Sophie Mutter est entendue dans Devil’s Dance des Sorcières d’Eastwick et Raiders March des Aventuriers de l’arche perdue. « Tel un croiseur de bataille impérial naviguant dans le cosmos de ses créations, le Philharmonique de Vienne a de façon visible et audible savouré ce voyage », écrit Der Standard. Norman Lebrecht s’est montré plus circonspect dans sa critique sans étoile : « Jouée par un orchestre de reprises hollywoodien, la partition de Rencontres du troisième type est d’une effroyable étrangeté. Jouée par le Philharmonique de Vienne, cela sonne comme Halloween dans la cathédrale Saint-Étienne, une confection de mythes contraires – trop habile, trop faussement dramatique, trop asservie au film pour être indépendamment crédible. » Universal Music Canada sortira une nouvelle édition avec des titres ajoutés le 5 février, trois jours avant le 89e anniversaire de Williams.
Lady Gaga ajoute sa touche
Aucun doute possible : The Star-Spangled Banner est en trois temps. Trois-quatre est la signature temporelle de la version autorisée par un comité (dont a fait partie John Philip Sousa) en 1917 et adoptée (avec les paroles de Francis Scott Key) comme hymne national américain en 1931. Alors pourquoi Lady Gaga a-t-elle ajouté un temps lors de la cérémonie d’inauguration de Joe Biden, transformant le trois-quatre plein d’entrain en un lourd temps commun ? (« Oh say-yay can you see-yee-yee. ») Elle n’est pas la première à faire un tel ajout. Renée Fleming a ajouté un faux deuxième temps au Super Bowl XLVIII en 2014 mais est revenue à trois-quatre (tout comme Gaga, avec distorsions) dans les huit dernières mesures. Ce raccourci vers l’accélération est peut-être l’attrait. Gaga a également ajouté une extension à « still there » qui rappelle quelque peu la prolongation de « five gold rings » dans The Twelve Days of Christmas. Rien de tout cela n’est surprenant. L’interprétation de Lady Gaga était dans les règles, comparée à certaines interprétations tant décriées de l’hymne. Note intéressante : la chanson anglaise à boire sur laquelle The Star-Spangled Banner est basée était en six-quatre.
Étude allemande: les concerts ne présentent presque aucun risque
Une étude menée en novembre à la Konzerthaus de Dortmund à l’aide de l’équivalent épidémiologique d’un mannequin de test de collision a conclu que des sièges « en damier » dans une salle bien ventilée offrent des conditions sécuritaires aux spectateurs. Des analyses ont été effectuées dans l’auditorium et dans le hall d’entrée. « En particulier dans la salle, dans les conditions indiquées, concluent les chercheurs, le risque de propagation d’infections par transmission d’aérosols est pratiquement exclu. » Parmi les observations intéressantes, il a été constaté que la chaleur corporelle des spectateurs favorisait le mouvement ascendant de l’air. Le port du masque est néanmoins conseillé dans les couloirs et les cafés, où la ventilation est moins bien contrôlée. L’étude a été réalisée par la Konzerthaus, l’institut Fraunhofer Heinrich Hertz et l’agence fédérale allemande de l’environnement. « Les salles de concert et les théâtres ne sont pas des lieux d’infection, déclare l’intendant de Dortmund, Raphael von Hoensbroech. Les derniers mois ont montré que les politiciens ont besoin d’une base scientifique solide pour prendre des décisions. » Un résumé de l’étude et une vidéo sont accessibles au www.konzerthaus-dortmund.de.
L’enseignement d’été en personne: une possibilité certaine
Orford en Estrie et le Domaine Forget dans Charlevoix fonctionneront tous deux comme académies de musique cet été. La question est de savoir comment. « Dans le contexte d’une pandémie, nous croyons qu’il est important d’être ouvert et flexible, écrit Orford sur son site web. Nous envisageons donc deux scénarios possibles pour l’Académie d’été. » Il s’agit d’une « académie 100 % virtuelle » et d’un « mélange d’enseignement en présentiel et virtuel ». Le camp promet une décision d’ici le début du mois d’avril. Le Domaine Forget semble plus positif quant à l’option en personne. « Plus que jamais, nous voulons vous entendre jouer et vous voir danser, et nous avons tout mis en place pour que cela se produise cette année, que ce soit en ligne ou en personne, peut-on lire sur le site. Rien ne vaut un séjour d’été au Domaine pour vous immerger dans votre art et faire des progrès. Mais si vous n’avez pas la possibilité de voyager, nous avons mis en place de nombreuses sessions d’apprentissage en ligne. »
Transformation du Massey Hall
Le Massey Hall, sans doute la salle de concert la plus célèbre du Canada, ouvrira de nouveau ses portes, mais dans un complexe plus vaste appelé Allied Music Centre. Le bâtiment de 1894 – on nous assure qu’il portera toujours le nom de Massey Hall – sera adossé au sud à une structure de sept étages comprenant un nouveau théâtre, des studios, un bar et un club. « Lorsque les amateurs de musique reviendront à la grande dame de la rue Shuter, ils se délecteront de son sens de l’histoire et de sa chaleur acoustique caractéristique tout en profitant des aménagements et du confort modernes qui se sont historiquement révélés insaisissables », promet le site web. Parmi les nouveautés figure un système de sièges au rez-de-chaussée qui « permet des connexions musicales profondes dans sa configuration traditionnelle assise et permet au public de se lever pour des spectacles à haute énergie lorsque les sièges sont rangés sous la scène ». Hum. Bonne nouvelle : plus de 100 vitraux et le plafond en plâtre seront restaurés dans l’auditorium « Allan Slaight » (en reconnaissance d’un don de 10 millions de dollars de la fondation du pionnier de la radio). Autrefois siège de l’Orchestre symphonique de Toronto et lieu de concert pour Horowitz, Pavarotti et Rubinstein, le Massey Hall est devenu essentiellement un lieu de passage pour les rockers après l’ouverture en 1982 du Roy Thomson Hall. Aucun calendrier n’a été mentionné pour l’achèvement du Allied Music Centre.
Traduction par Mélissa Brien
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