Critique CD | Ave Maria (Decca Classics, 2023)

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Ave Maria
Joseph Calleja, ténor; Étienne Dupuis, baryton; Daniel Hope, violon; Orchestre philharmonique de Malte;
Sergey Smabatyan, chef d’orchestre
Decca Classics, 2023

Pour célébrer sa 20e année chez Decca, Joseph Calleja a entrepris son premier album de musique sacrée, Ave Maria. Il propose quatre belles interprétations de ce classique, composé à l’origine par Schubert pour le troisième canto de La dame du lac et désormais arrangé pour orchestre et ténor. L’album compte aussi diverses œuvres de Rossini, Verdi, Bizet et Wagner.

La première moitié de l’album témoigne de la beauté maîtrisée de ces adaptations : les mélodies du violon et de l’Orchestre philharmonique de Malte suivent le ténor à un volume nettement inférieur à celui du chant, même lorsqu’il n’est pas présent. Cela donne à Calleja une grande latitude pour démontrer la force de sa voix. Et pourtant, le chanteur se montre d’abord réticent à chanter puissamment les notes aiguës, optant plutôt pour une interprétation toute en intimité. Il en résulte un sentiment de nostalgie qui accompagne l’auditeur jusqu’à ce que le ténor atteigne Cujus animam gementem de Rossini. À mi-parcours, l’orchestre et le chanteur trouvent leur confiance : le premier rivalise parfois avec le second, qui découvre enfin toute la force de sa voix passionnée.

La tension et l’énergie que les musiciens dégagent dans la seconde partie sont renforcées par la brève apparition du baryton Étienne Dupuis. Sa voix semble distante par rapport à celle de Calleja, ce qui ajoute de la profondeur aux œuvres dans lesquelles il fait une apparition. Le fait d’entendre Dupuis sur un plus grand nombre d’œuvres tout au long de l’album aurait offert une plus grande variété à l’expérience discographique, mais le final plein d’émotion de Calleja avec l’interprétation originale de l’Ave Maria de Schubert compense largement cette lacune.

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