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Naxos5
N’étant pas du genre à laisser le public longtemps sans une nouveauté, Beethoven a écrit cet oratorio en 1803 pour un concert à Vienne qui incluait déjà ses deux premières symphonies et son troisième concerto pour piano. Puisqu’il a achevé l’oratorio le matin même du concert, les répétitions ont été rudes et les musiciens étaient de mauvais poil. Même avec le recul, on ne sait pas trop comment ils ont assimilé cette œuvre épisodique, qui passe d’envolées inspirées au remplissage de notes.
Dans les mouvements les plus sublimes – l’introduction orchestrale et l’aria pour ténor Meine Seele ist erschüttert, (« mon âme tremble »), nous reconnaissons la matière brute de ce qui deviendra Fidelio et la Symphonie nᵒ 9, touchant des profondeurs inexplorées de l’âme humaine. Et même dans les mouvements les plus simples, on reste béat d’admiration devant la fluidité orchestrale de Beethoven, son intégration des bois et des cuivres et sa faculté de maintenir l’harmonie malgré un texte laborieux. Le librettiste était d’ailleurs, soit dit en passant, rédacteur d’un journal du soir.
Bien qu’elle ait été assez populaire en Amérique au XIXe siècle, l’œuvre n’a pas été souvent enregistrée – presque pas du tout – par les chefs de premier plan. Personnellement, je préférais jusqu’à maintenant la version d’Eugene Ormandy de 1964 avec l’Orchestre de Philadelphie, comprenant des ensembles choraux et les solistes Richard Lewis, Judith Raskin et Herbert Beattie.
Je suis porté à croire que ce nouvel enregistrement dépasse la version plus lourde de Philadelphie à presque tous les égards. Leif Segerstam, le chef déjanté de la musique finlandaise, trouve le rythme idéal pour raconter ce drame biblique. L’Orchestre philharmonique de Turku et le chœur de la cathédrale locale font preuve autant de délicatesse que de lourdeur, et les solistes – Hanna-Leena Haapamäki, Jussi Mylls et Niklas Spangberg – sont sans conteste des artistes de premier rang. Le 6e mouvement, Heil euch ihr Erlösten, (« Salut au rédempteur ») va directement dans mon dossier d’écoutes à l’aveugle. De la musique sensationnelle, brillamment interprétée. Si seulement l’œuvre était de ce niveau d’un bout à l’autre.
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Traduction : Andréanne Venne
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