La femme qui fuit : la liberté fulgurante

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La femme qui fuit, le roman qu’Anaïs Barbeau-Lavalette a publié en 2015, est porté à la scène de façon éblouissante, dans un bouleversant spectacle choral qui évoque un tableau vivant. Au Théâtre du Nouveau Monde, jusqu’au 13 octobre  https://tnm.qc.ca/

Après avoir accueilli les spectateurs du TNM dans ce qui sert de hall d’entrée en attendant la fin des travaux, le nouveau co-directeur général et artistique du TNM Geoffrey Gaquère a rappelé avec élégance le leg immense de Loraine Pintal, qui a dirigé le TNM pendant 32 ans. Car il y a un peu de l’ancienne directrice artistique dans ce magnifique projet. Pintal a en effet signé les deux saisons à venir – et elle a choisi d’ouvrir la saison avec cette remarquable adaptation que signe Sarah Berthiaume.

Crédit photo: Yves Renaud. Zoé Tremblay-Bianco (debout) est une des incarnations de Suzanne Meloche.

Crédit photo: Yves Renaud. Zoé Tremblay-Bianco (debout) est une des incarnations de Suzanne Meloche.

L’essence d’une rebelle

Il a fallu la mort de Suzanne Meloche, la grand-mère peintre et poétesse d’Anaïs Barbeau-Lavalette, pour que l’autrice et cinéaste se lance sur la piste de sa mystérieuse aïeule qu’elle n’avait pas connue et qui avait préféré l’art et la liberté, abandonnant ses deux très jeunes enfants.

La narration de la vie de la peintre automatiste, éprise d’indépendance et intègre au point qu’elle refusa de signer le manifeste du Refus global, permet d’illustrer les grandes époques artistiques et sociales du Québec et des États-Unis. Le personnage de Claude Gauvreau est d’ailleurs évoqué, colossal (Olivia Palacci) et on retrouve dans cette mise en scène un peu de sa démesure.

Le décor est un personnage. Il fait penser à un immense gradin blanc qui monte jusqu’aux combles, mis en évidence dans un grand cadre assorti (Simon Guilbault). Certains éclairages (Martin Labrecque) accentuent le rendu pictural des mouvements des comédiens et l’ensemble des interprètes s’adresse directement au public, évitant tout dialogue. Les costumes (Julie Charland) qu’ils endossent les transforment et les accessoires de Julie Measroch les font ressembler à des pigments sur une toile. L’effet est saisissant.

Zoé Tremblay-Bianco, Eveline Gélinas, Marie France Lambert et Louise Laprade incarnent successivement Suzanne Meloche au fil de sa vie. Comme en équilibre sur les différentes marches de l’escalier, 17 interprètes forment un chœur. Sur la scène, à l’extérieur du cadre, Catherine De Léan raconte la grande histoire de la peintre poète – et l’ensemble des comédiens et des comédiennes brulent tous d’un feu et d’une intention authentiques et rares.

Avec la mise en scène radicale d’Alexia Bürger, La femme qui fuit commence de façon magistrale la saison du Théâtre du Nouveau Monde. Un spectacle à ne pas vraiment pas manquer. Jusqu’au 13 octobre  https://tnm.qc.ca/

Crédit photo: Yves Renaud. Le chœur des interprètes autour d’Éveline Gélinas, une des incarnations de Suzanne Meloche.

Crédit photo: Yves Renaud. Le chœur des interprètes autour d’Éveline Gélinas, une des incarnations de Suzanne Meloche, Dans le coin gauche, la narratrice Catherine De Léan.

Avec : Alex Bergeron, David Albert-Toth, Lucinda Davis, Catherine De Léan, Eveline Gélinas, Justine Grégoire (en alternance) Marie France Lambert, Louise Laprade, Agathe Ledoux (en alternance), Jean-Moïse Martin, Parfaite Ségolène Moussouanga, Olivia Palacci, Daniel Parent, Maxime-Olivier Potvin, Jacques Poulin-Denis, Anna Sanchez, Anne Thériault, Zoé Tremblay-Bianco, Fabrice Yvanoff Sénat.

Texte : Anaïs Barbeau-Lavalette. Adaptation : Sarah Berthiaume. Mise en scène : Alexia Bürger.

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