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Après deux longues années d’attente, Martine Dennewald et Jessie Mill, les deux nouvelles codirectrices artistiques du FTA, annoncent un festival international riche d’une énergie renouvelée.
Martine Dennewald et Jessie Mill assurent dorénavant la direction artistique du Festival TransAmériques (FTA) en binôme. Les deux femmes, qui se croisaient dans différents festivals depuis plusieurs années, ont souhaité construire sur le dialogue. Connue des festivaliers montréalais, Jessie Mill travaillait comme conseillère artistique et dramaturgique sous la tutelle de Martin Faucher. Luxembourgeoise d’origine, Martine Dennewald a notamment dirigé pendant six ans le Festival Theaterformen à Brunswick, en Basse-Saxe (Allemagne). « Faire une programmation à deux demande une réflexion que nous avons entamée il y a deux ans et qu’il faut conduire en sachant où nous sommes aujourd’hui, en assumant les événements que nos sociétés ont traversés depuis deux ans; car, bien entendu, il y a eu la terrible pandémie, mais aussi #moiaussi, Georges Floyd, Joyce Echaquan et, aujourd’hui, le 10e anniversaire du Printemps Érable », expose Jessie Mill lors de la conférence de presse du lancement de la programmation 2022 du FTA. La table est mise : la société a changé et le FTA sera lui aussi un vecteur de transformation. Un vent de renouveau souffle sur le festival et il touche autant le fonctionnement interne de l’événement que sa riche programmation. Car le monde entier attire ces deux femmes, surtout les régions les moins bien reliées. Les codirectrices évoquent deux artistes du Sahel et du Burkina Faso et les problèmes de transport auxquels ils se heurtent pour envisager le déplacement de deux régions subsahariennes en guerre jusqu’à Montréal. « Chaque déplacement a-t-il la même valeur et le même coût ? » demande Martine Dennewald, grande habituée du Festival Les Récréatrales, à Ouagadougou (Burkina Faso).
L’international, version 2022
Cette première programmation conjointe pose des jalons pour les éditions à venir, car le duo, épaulé par le fantastique David Lavoie à la direction administrative, pense à long terme. « Nous voulons nous insérer dans la circulation des œuvres de façon intelligente et ouvrir des routes pour des artistes encore peu connus ici et ainsi leur éviter de faire escale en Europe », résume Martine Dennewald. Le FTA entame donc une nouvelle conversation avec le continent africain, avec la présence d’artistes comme Qudus Onikeku, du Nigéria, qui ouvre la 16e édition du FTA avec Re:Incarnation, un grand plateau de dix danseurs et deux musiciens qui nous entraîne dans le royaume des morts (Théâtre Jean-Duceppe, 25-28 mai). La chorégraphe de Côte d’Ivoire Nadia Beugré, qui scrute les notions de genre, explore le déhanchement et les mouvements fessiers chez l’homme – un tabou en Afrique de l’Ouest – offrant cinq danseurs presque nus dans L’homme rare. Nouveauté : le spectacle sera offert en audiodescription (Théâtre Rouge du Conservatoire, 29 mai-1er juin). Côté théâtre, Odile Sankara et Aristide Tarnagda font une lecture de La plus secrète mémoire des hommes, le roman gagnant du prix Goncourt 2021 du Sénégalais Mohammed Mbougar Sarr (Monument-National, 26-28 mai). L’auteur sénégalais Felwine Sarr et l’acteur Étienne Minoungou défendent Traces, qui raconte l’histoire d’un Africain exilé qui retourne au pays pour rêver du futur (Maison Théâtre, 3-5 juin). Pour revenir du voyage, la compagnie montréalaise Théâtre de la Sentinelle crée sa version de M’appelle Mohamed Ali, du Congolais Dieudonné Niangouna (Quat’sous, 7-9 juin).
Beaucoup d’eau
Le thème de l’eau a émergé de la programmation. Le Théâtre À tour de rôle, de Carleton-sur-Mer, présente La conquête du béluga, une lecture du livre d’art de l’artiste visuelle Maryse Goudreau, qui rassemble diverses prises de parole autour des sympathiques mammifères marins (Place de l’horloge, 3-5 juin). Pour Holoscenes, le performeur américain Lars Jan précipite des performeurs dans un immense aquarium de 12 tonnes d’eau, sur les enjeux climatiques. Spectacle gratuit (Esplanade Tranquille, 25-29 mai). L’artiste brésilienne Gabriela Carneira da Cunha nous invite à Altamira 2042, une performance « techno-chamanique » et « écoféministe » sur la construction d’un des plus grands barrages du monde en Amazonie et du mouvement de révolte des populations autochtones qui s’en est suivi. Prometteur. (Wilder, du 26 au 29 mai). Du Brésil aussi, Lavagem d’Alice Ripoll – un spectacle autour de la notion de nettoyage, littérale, métaphorique et éclaboussante (Usine C, 1er-4 juin).
Les chéris du FTA
Rompus aux collaborations, les prolifiques Alix Dufresne (Hidden Paradise, FTA- 2019) et Étienne Lepage (FTA 2013, 2016, 2018 et 2019) travaillent une première fois ensemble dans Malaise dans la civilisation, une proposition qui sonde les limites du théâtre (Théâtre Prospero, 28 mai-1er juin). Les habitués du festival retrouveront avec ravissement Euripides Laskaridis dans Elenit. Délire, poésie et grotesque en vue (Théâtre Jean-Duceppe, 1er-4 juin). Vous souvenez-vous de l’artiste coréen Jaha Koo et de son cuiseur de riz parlant (Cuckoo, 2019) ? La paire revient avec The History of Korean Western Theater (Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, 2-5 juin). Danse : après le succès de Windigo, Phantom Stills & Vibrations (FTA 2018) et This Time Will Be Different (FTA 2019), Them Voices de la chorégraphe d’origine ojie-crie et mennonite Lara Kramer fait naître un monde où les histoires montrent l’incidence de nos actions sur les générations à venir (Espace Libre, 4-7 juin). Joie : la chorégraphe Catherine Gaudet ferme la trilogie amorcée par L’affadissement du merveilleux (FTA 2019) avec Les jolies choses, une création pour cinq interprètes (Wilder, 28 mai-1er juin). La géniale Mélanie Demers (La Goddam Voie lactée, FTA 2021) reprend cet été l’inoubliable Confession publique, le drame magnifié de la performeuse Angélique Willkie (Théâtre Prospero, 4-9 juin). Des artistes de dix-huit pays présenteront leurs œuvres au festival, du 25 mai au 9 juin 2022 à Montréal. Toute la programmation au www.fta.ca
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