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Pour un chanteur, enregistrer un démo est quelque chose d’assez commun, notamment parce que le démo donne accès aux auditions qui permettent de participer à des concours ou d’obtenir des contrats. Un démo consiste généralement en un enregistrement du chanteur accompagné au piano. Parfois, un enregistrement vidéo est aussi exigé, parfois d’un seul plan afin d’empêcher un montage entre plusieurs prises ou toute manipulation destinée à améliorer artificiellement le rendu.
Quelle est la valeur d’un démo maison ?
Certains qui ont la chance d’avoir un piano s’enregistrent chez eux, mais à entendre les commentaires de ceux qui reçoivent ces démos, l’acoustique du lieu ainsi que la qualité du matériel d’enregistrement laissent souvent à désirer. On peut se demander si un enregistrement « maison » ne défavorise pas un candidat face à un autre muni d’un démo professionnel de meilleure qualité technique. Évidemment, c’est uniquement la prestation qui devrait théoriquement compter, sauf qu’il est parfois difficile pour les juges de rester insensibles à l’emballage.
En quoi consiste un (bon) enregistrement ?
Simplement parlant, un enregistrement est la captation d’une source sonore qui se déploie dans un lieu. Un bon enregistrement nécessite un bon matériel qui capte une source sonore intéressante dans un lieu qui réagit bien. Plus précisément, dans notre cas, il s’agit d’un bon matériel (microphones, préamplificateurs…) qui capte un chanteur talentueux qui s’exprime dans une belle acoustique.
Le chanteur n’est toutefois que la moitié de la source à enregistrer, car il faut trouver un pianiste et un piano à queue. Ensemble le chanteur, le pianiste et le piano forment ce qui est appelé « talent » dans le diagramme ci-dessous. Il reste le matériel et l’acoustique du lieu.
Le matériel d’enregistrement
Il s’agit généralement de microphones branchés dans des préamplificateurs dont le signal est converti en numérique pour être enregistré dans un ordinateur.
Un matériel semi-professionnel (à partir de 2500 $) consiste par exemple en une paire de micros branchés dans une carte de son reliée à un ordinateur qui enregistre dans un logiciel. Un matériel professionnel (de 5000 à 10 000 $ et plus) peut consister en 5 ou 6 micros branchés dans des préamplificateurs dédiés qui redirigent le signal vers des convertisseurs dédiés reliés à un système qui enregistre en double.
Enregistrer un duo chanteur-piano ne demande pas un gros matériel. Un chanteur qui possède déjà un ordinateur peut donc songer à s’équiper en achetant son propre matériel d’enregistrement. Pour un chanteur, le choix est généralement dicté par son budget. Le matériel d’enregistrement semi-pro est relativement bon marché et peut donner de bons résultats s’il est bien utilisé, mais cela demande certaines connaissances et compétences techniques. Par contre, si les autres conditions (talent et acoustique du lieu) ne sont pas optimales, il y a toujours un risque d’empirer le résultat avec du matériel semi-pro. Pour simplifier, on pourrait dire que le matériel plus haut de gamme pardonne davantage.
Afin de savoir bien utiliser du matériel semi-pro, il est souvent nécessaire de faire des tests : positionner les microphones plus près, plus loin, avec un léger angle, voir comment les micros et préamplificateurs réagissent aux différents niveaux sonores (pianissimo, mezzo forte, fortissimo, par exemple) etc. Cette batterie de tests prend de l’énergie et du temps et dans un lieu loué à l’heure, on n’a parfois pas ce luxe. Sans connaissances techniques, il est préférable de se fier à du matériel fiable, qui « pardonne ».
L’acoustique du lieu
L’acoustique compte autant que le talent et le matériel. On pourrait dire que s’il y a un piano à queue sur les lieux, l’acoustique doit être acceptable. De la même manière, on pourrait dire que si l’enregistrement a lieu dans une pièce de la maison, l’acoustique ne sera pas si bonne. Lors de l’enregistrement d’un chanteur avec pianiste, les questions seront plutôt : quelle quantité de réverbération faut-il ? La réverbération est-elle appropriée pour ce répertoire ? La réverbération est-elle appropriée pour ce tempo ? Sera-t-il nécessaire de rajouter de la réverbération artificielle au mixage ? Devrait-on plutôt utiliser une réverbération artificielle au mixage et éviter d’utiliser la réverbération naturelle du lieu ? Est-il possible de modifier la réverbération en tirant des rideaux ou déplaçant des panneaux acoustiques ? Si on a le temps, on peut répondre à plusieurs de ces questions tout seul, à l’oreille, en essayant différentes configurations, mais il est évident que dans un studio d’enregistrement, le preneur de son sait comment placer le piano et le chanteur ainsi que les microphones pour obtenir la réverbération nécessaire.
Lorsqu’on sait se servir du matériel, il n’y a rien de techniquement difficile dans l’enregistrement d’un démo de chanteur accompagné au piano. C’est surtout une affaire d’oreille : il faut avoir l’oreille pour juger si le piano est trop loin du chanteur ou si la réverbération réagit bien avec le piano. Le plus important est d’avoir un matériel d’écoute (haut-parleurs ou casque) fiable pour vérifier ce que les microphones captent. Il faut réécouter un enregistrement pour juger si les microphones sont bien placés ou non. Après la session, il sera impossible de réduire une réverbération trop présente dans l’enregistrement. C’est bien d’avoir l’oreille, mais après une prise, peut-on se fier aux écouteurs ou haut-parleurs utilisés pour juger de la qualité ?
Lorsqu’on fait appel à des professionnels, on peut s’attendre à ce que le preneur de son utilise un matériel d’écoute qu’il connaît bien. Autre point important, le preneur de son d’expérience est capable de traduire par un geste technique une demande d’ajustement artistique. Par exemple, lorsqu’à l’oreille on détermine qu’il y a trop de réverbération, le preneur de son peut déterminer s’il est préférable de rapprocher le micro de la source ou de changer de patron polaire.
L’auteur de l’article est le directeur du programme audio à Musitechnic
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