Critique CD | Almost Touching (People Places Records, 2022)

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Almost Touching
An-Laurence Higgins, guitare and voix
People Places Records, 2022

On a rarement entendu quelque chose de pareil. Le nouvel album de la guitariste montréalaise An-Laurence Higgins, ou tout simplement An Laurence, offre un mélange détonnant aux confins de plusieurs styles.

La pièce de Kim Farris-Manning quidonne son nom à l’album, Almost Touching, accorde une place aussi importante à la voix qu’à la guitare dans un langage très contemporain. Plusieurs effets sont exploités : cordes à pleine résonance, frottements métalliques, harmoniques supérieures à la guitare, souffles, inspirations fortes, voix rauque, etc. On retrouve des effets vocaux similaires dans Artificial Light d’Amy Brandon, mais ils se mêlent ici à une partition de guitare qui évoque une musique typique du répertoire romantique.

Pour conclure ce premier CD, An Laurence a choisi d’interpréter une partie des Chants d’amour d’Elischa Kaminer. Si la première pièce de ce long cycle, Et tu respires encore, débute par une musique à la guitare de style antique, évocatrice de la période médiévale, le reste est tout sauf un retour dans le passé. C’est un saut vertigineux dans la modernité. La voix parlée d’An Laurence comme récitante et la douceur d’une mélodie classique à la guitare sont de rares moments de sérénité dans un océan de sonorités et de textures électro. Ce que l’on entend dans ce début de cycle, composé autant pour la guitare que pour la voix, c’est la rupture permanente des idées musicales, sinon l’effet de boucle permanent. L’Interlude et la suite des Chants d’amour sur le CD 2 retournent à plus de sérénité avec notamment de longs passages récités. On n’est toutefois jamais à l’abri d’autres perturbations, naviguant ainsi entre deux extrêmes. Tantôt l’infiniment paisible, tantôt l’infiniment agité. Difficile de se retrouver dans tous ces méandres. L’instabilité de la musique nous met constamment aux aguets. Accompagné d’un livret original, truffé de photos et de frag- ments de poésie sur fond noir, ce double disque s’adresse donc d’abord et avant tout aux initiés en musique contemporaine.

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A propos de l'auteur

Justin Bernard est détenteur d’un doctorat en musique de l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur la vulgarisation musicale, notamment par le biais des nouveaux outils numériques, ainsi que sur la relation entre opéra et cinéma. En tant que membre de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM), il a réalisé une série de capsules vidéo éducatives pour l’Orchestre symphonique de Montréal. Justin Bernard est également l’auteur de notes de programme pour le compte de la salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal et du Festival de Lanaudière. Récemment, il a écrit les notices discographiques pour l'album "Paris Memories" du pianiste Alain Lefèvre (Warner Classics, 2023) et collaboré à la révision d'une édition critique sur l’œuvre du compositeur Camille Saint-Saëns (Bärenreiter, 2022). Ses autres contrats de recherche et de rédaction ont été signés avec des institutions de premier plan telles que l'Université de Montréal, l'Opéra de Montréal, le Domaine Forget et Orford Musique. Par ailleurs, il anime une émission d’opéra et une chronique musicale à Radio VM (91,3 FM).

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