Critique – Angelich: Dedication Liszt, Schumann, Chopin (Erato/Warner Classics)

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Angelich- Dedication Liszt, Schumann, Chopin

Après quelques années, Nicholas Angelich nous revient avec un disque célébrant trois figures emblématiques de la musique pour piano : Franz Liszt, Robert Schumann et Frédéric Chopin. L’enregistrement s’articule autour d’un romantisme complice des compositeurs, qui se connaissaient tous trois et qui se sont dédiés mutuellement les œuvres interprétées ici. La Sonate de Liszt, dédiée à Schumann, où intervient l’ombre de l’histoire Faustienne, est exposée dans toute sa grandeur avec ses passages sombres et angoissants et d’autres plus lumineux et lyriques. Avec son jeu clair et puissant mais cependant toujours en rondeur, le pianiste nous livre une lecture très personnelle et réussit à nous toucher profondément. Avec les Kreisleriana de Schumann, qui sont dédicacées à Chopin, Angelich nous emmène dans la folie intérieure du compositeur en mêlant moments intimes et sursauts d’égarements dans des phrases qui s’étendent dans une sensibilité infinie mais sans jamais nous perdre. « Musique bizarre, musique folle, voire solennelle » dira Schumann à sa femme Clara à propos de ces pièces. « D’ailleurs, il m’arrive maintes fois en ce moment de me sentir éclater à force de musique […]. Dans certaines parties, il y a un amour vraiment sauvage, et ta vie et la mienne et beaucoup de tes regards ». Ce sont tous ces conflits intérieurs que l’on peut retrouver dans cette partition que Nicholas Angelich nous transmet avec une limpidité exemplaire. L’enregistrement s’achève sur deux études de Chopin, tirées des études op. 10, dédiées à Liszt. Ici, c’est le romantisme intérieur qui est mis en avant, particulièrement dans l’étude n°10 où il est question avant tout de délicatesse et de lyrisme. Le disque se termine avec l’étude n°12, dite « Révolutionnaire », pièce tempétueuse où Nicholas Angelich peut laisser éclater toute sa fougue. Un programme grandiose porté par un pianiste majestueux qui n’hésite pas à prendre des positions personnelles au niveau de son interprétation, en suivant toujours la logique des trois grands maîtres réunis.

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A propos de l'auteur

Jeune pianiste de la scène française, Jeanne est diplômée du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris dans les classes de George Pludermacher, Haruko Ueda et Frank Braley, et de l'Université de Montréal dans la classe de Dang Thai Son. Elle a reçu les conseils de grands maîtres tels Michel Merlet, Jean-Claude Pennetier, Jacques Rouvier et Stephen Kovacevich entre autres. Elle a été récompensée dans plusieurs concours : Premier Grand Prix au concours Flame (2007), au concours d'Aix-en-Provence, au concours Alain Marinaro (2015), lauréate du concours de l'OPMEM à Montréal. Elle apprécie l'enseignement et la musique de chambre qu'elle partage avec d'autres musiciens en différentes formations et suit actuellement une licence de littérature française à Montréal afin d’orienter une partie de sa carrière vers la critique musicale.

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