Les entrepreneurs en musique à l’ère de la COVID

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La pandémie a poussé l’ensemble du secteur de la musique classique à se tourner vers l’enregistrement et l’expérimentation numérique. Ce qui était autrefois une seconde option pour les musiciens est maintenant tout ce qu’ils ont et beaucoup d’entre eux saisissent l’occasion de se rapprocher de leurs amis et du public. Voici trois exemples de jeunes musiciens canadiens qui ont utilisé leur temps d’arrêt pour lancer de nouveaux projets stimulants.

Un mois après le début de la pandémie, le violoniste canadien et violon solo de l’Orchestre philharmonique de Buffalo, Nikki Chooi, et sa femme, la violoncelliste Joanne Lee-Chooi, ont commencé Coffee Chats with Nikki and Jo. En combinant deux de leurs choses préférées, le café et la musique, ils ont lancé le projet en partant du désir sincère de retrouver leurs amis et de s’assurer qu’ils allaient bien.

« La pandémie est difficile pour les musiciens, car tout ce que nous faisons implique de communiquer avec les gens, qu’il s’agisse de collaborer avec des collègues, de se produire devant un public ou de nouer des liens sociaux, déclare Chooi. J’ai toujours trouvé fascinant d’interviewer des artistes sur leur parcours, leurs inspirations et ce qu’ils recherchent dans la musique. La pandémie ajoute une autre dimension à la discussion et, dans nos entrevues, nous nous faisons un devoir de demander conseil à nos invités; des conseils d’enseignants aux élèves, d’artistes aux interprètes. Nous espérons apporter un sentiment d’inspiration et de fiabilité à nos spectateurs. »

Par le biais des festivals de musique de chambre, de collaborations et de leurs études avec différents mentors, Chooi et Lee-Chooi ont un large réseau d’amis. Au cours des derniers mois, ils ont interviewé le violoniste canadien James Ehnes, le violon solo de l’Orchestre philharmonique de Berlin Noah Bendix-Balgley, la soprano du Met Opera Susanna Phillips, le chef d’orchestre Ludovic Morlot et le cor solo de l’Orchestre symphonique de Chicago David Cooper. « Bien que nous n’ayons pas eu de contrôle sur la pandémie, nous avons réussi à rester en contact avec nos collègues musiciens », dit Lee-Chooi.

Le projet de Frédéric-Alexandre Michaud a débuté le 18 mars, le jour de son récital de mi-maîtrise. Il avait été annulé cinq jours plus tôt, mais le jeune maestro a décidé d’aller de l’avant en ligne. Cependant, au lieu de diriger des musiciens, il a décidé de diriger deux spectacles qu’il avait précédemment enregistrés en vidéo sur son iPad. Il a également permis les commentaires en direct pendant le récital. Après quoi, aidé de son frère Benjamin, qui a pris en charge tous les aspects visuels, Michaud a lancé la série web FAM, un maestro en confinement, dans laquelle il dirigea entre trois et cinq pièces chaque mercredi soir pendant les six mois suivants. Dans chaque épisode, les deux frères présentent les morceaux et discutent de musique, d’art et d’histoire.

« Il y a là quelque chose de très convivial, dit Michaud. Si les gens ont des questions ou veulent faire des commentaires, nous pouvons y répondre directement. Cela contribue en quelque sorte à la démocratisation de la musique classique. »

Pour ce qui est de diriger des enregistrements et non des représentations en direct, le jeune maestro reconnaît le défi et le don. « Bien sûr, un chef d’orchestre a besoin de se rapprocher des musiciens pour faire de la musique. Sinon, c’est un peu comme chanter du karaoké. Mais cette initiative m’a permis d’apprendre beaucoup de répertoire et de partager la musique. Il m’a permis d’essayer d’aller un peu plus loin dans l’exploration de mon art. »

La pandémie a plongé le violoncelliste canadien Stéphane Tétreault dans une période de réflexion. « J’ai commencé à me demander ce que je voulais faire et comment je voulais occuper mon temps. Puis l’idée de lancer ma propre émission sur le web m’est venue. » Dès le début, l’idée derrière Culture d’abord était d’engager la conversation avec des artistes intéressants pour aider à dresser un portrait du milieu culturel. 

« Je trouvais que nous ne parlions pas assez de la culture, même si elle était très présente dans nos vies tout au long de la pandémie, déclare Tétreault. Je trouvais qu’il y avait là une ironie et je voulais vraiment prendre le temps de parler de culture et des enjeux culturels. » Désireux d’ajouter un moment musical personnel à l’émission, le jeune violoncelliste surprenait chacun de ses invités avec un cadeau, souvent un morceau arrangé pour deux, trois ou quatre violoncelles dans lequel il jouait simultanément toutes les parties.

« Je pense que cela montre une autre facette de ma personnalité, mon grand besoin de communication, non seulement avec la musique, mais aussi avec les mots, dit Tétreault. Je ne sais pas si l’expérience m’a rendu plus ou différemment accompli , mais elle a été extrêmement enrichissante et j’aimerais certainement continuer dans le futur. »

Alors que les derniers mois ont mis en veilleuse une grande partie du monde du spectacle vivant, certains musiciens ont profité du temps et du calme pour expérimenter et grandir. Le besoin de se faire connaître, aujourd’hui plus apparent que jamais, a stimulé les artistes du monde entier à réfléchir sur leur art et leur carrière. Même si les musiciens ont ralenti leurs activités en ligne à l’approche de la saison d’automne, les trois initiatives sont toujours en cours. « Je pense que les musiciens qui sont les plus créatifs et les plus innovants aujourd’hui tireront le plus grand bénéfice de cette pandémie ultérieurement », conclut Chooi.

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