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Lorsque l’Ensemble Caprice interprétera le joyau composé par Henry Purcell en 1689, l’opéra Dido and Aeneas, à la salle Bourgie de Montréal le 8 novembre prochain sous la baguette du flûtiste et compositeur Matthias Maute, le public entendra et verra un amalgame d’ancien et de nouveau.
Comme tout ce que présente cet ensemble exceptionnel qui existe maintenant depuis 30 ans, M. Maute espère « faire jaillir une étincelle » chez les auditeurs « afin qu’ils soient charmés » par une œuvre qui « appartient au présent » autant qu’au passé lointain.
Maute sera aidé à cet égard par les aléas de l’histoire elle-même. Nous savons que Dido and Aeneas a été créée comme une œuvre scénique avec un prologue et trois actes, mais la musique utilisée à l’origine dans le prologue n’existe plus, bien qu’elle ait peut-être été créée pour célébrer en 1677 le mariage de deux monarques, William et Mary d’Angleterre. M. Maute s’inspirera de ces circonstances historiques pour composer son propre prologue, en espérant engager un dialogue avec le compositeur du 17e siècle. « Il ne s’agit pas d’essayer d’être aussi bon que Purcell », mais bien de trouver une façon de « communiquer qui va au-delà du temps et de l’espace ».
Maute a l’habitude d’achever lui-même des œuvres anciennes, ayant reconstitué dans un style plus contemporain le dénouement manquant d’Orfeo de Monteverdi. Pour Dido and Aeneas, il espère profiter de cette démarche créative pour approfondir la psychologie des personnages. Par exemple, il cite le rejet plutôt désinvolte de Didon de l’offre d’Énée de rester avec elle (« No, no, I’ll stay, and Love obey! » – « Non, non, je resterai pour obéir à l’amour »), ce qui entraîne une situation tragique qui aurait pu facilement être évitée. Dans son prologue, il tentera d’explorer les implications plus profondes de cette situation, peut-être même de les utiliser comme moyen de faire participer le public dans l’orientation de l’histoire.
Le choix de celle qui interprétera Didon va aussi légèrement à contre-courant puisqu’il ne s’agit pas d’une « grande diva de l’opéra » comme ce à quoi les enregistrements classiques mettant en vedette les puissantes mezzo-sopranos et sopranos wagnériennes comme Jessye Norman et Kirsten Flagstad nous ont habitués. Au contraire, la soprano Myriam Leblanc interprétera le rôle avec beaucoup plus de légèreté, se rapprochant peut-être plus de l’exécution de l’époque que les voix riches et intenses associées au rôle. Autre retournement de situation, le rôle de la sœur de Didon sera joué par une mezzo-soprano au lieu de l’habituelle voix de soubrette. Ici, c’est la fascinante Janelle Lucyk dont les incursions tout à fait convaincantes dans le monde du jazz valent la peine d’être entendues sur YouTube.
Les autres membres de la distribution sont le baryton Marc Boucher dans le rôle d’Énée, de même que Dorothéa Ventura, Ariadne Lih, Claudine Ledoux et Nils Brown dans des rôles secondaires. Même si l’opéra est manifestement joué « en concert », M. Maute s’attend à ce que – comme il s’était avéré lors de la tournée nord-américaine de Montezuma de Vivaldi par l’ensemble en 2020 – les chanteuses comme Mmes Ventura et Ledoux insufflent du mouvement à leur interprétation grâce à leurs connaissances du style du 17e siècle et de la commedia dell’arte.
Partie intégrante du spectacle, le prestigieux Ensemble vocal Arts-Québec que M. Maute dirige depuis 2019. En dépit de la pandémie, ce chœur professionnel polyvalent a connu deux belles saisons et il participe actuellement à un gigantesque projet d’enregistrement pour ATMA : « Art Choral » qui couvre l’histoire du chant choral au cours de six siècles – notamment des œuvres de 50 compositeurs du 16e au 21e siècle – et donnera lieu à douze albums, douze concerts diffusés en continu et 120 clips vidéo distribués dans 170 pays. En avril dernier, l’ensemble a participé à une tournée pancanadienne de Lunenburg en Nouvelle-Écosse à Victoria en Colombie-Britannique, animant des ateliers avec des chorales locales qui participaient en soirée à leurs concerts. M. Maute estime que ce type de sensibilisation est essentiel pour abattre le mur séparant le public des artistes.
Traduction par Véronique Frenette
L’Ensemble Caprice présente Dido and Aeneas de Purcell à la salle Bourgie de Montréal le 8 novembre à 19 h 30. www.ensemblecaprice.com
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