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Les Petits Chanteurs du Mont-Royal sont un patrimoine de la culture québécoise. Ayant représenté la province à travers le monde depuis 63 ans, le chœur de plus de 200 jeunes garçons âgés de huit à dix-sept ans apprenait en mars dernier que la Commission scolaire de Montréal (CSDM) ne renouvellerait pas l’entente qui permettait aux choristes de poursuivre leurs études au Collège Notre-Dame.
L’idée d’une chorale de jeunes garçons est inspirée de la tradition européenne. Le père Léandre Brault fonde l’institution en 1956, reconnaissant l’importance de la musique dans la formation générale. Le chœur est composé de jeunes de cultures et d’origines diverses. Pour faire partie des Petits Chanteurs, de bons résultats scolaires et une aisance en chant sont nécessaires, mais les connaissances musicales ne sont pas un prérequis. Entre l’enseignement régulier et l’apprentissage de la musique, les choristes intègrent aussi des valeurs de bons citoyens, soit le dépassement de soi, la discipline et la rigueur. Dirigés par le père Léandre Brault, Charles-O. Dupuis et Gilbert Patenaude, les Petits Chanteurs produisent des albums, enregistrent avec le ténor Luciano Pavarotti et chantent dans de prestigieuses salles de concert avec l’Opéra de Montréal, l’Orchestre Métropolitain, l’Orchestre symphonique de Montréal et les Grands Ballets Canadiens en plus d’offrir des prestations à l’international. De plus, la chorale chante plus de 70 messes par année à l’oratoire Saint-Joseph. Cette tradition se poursuit depuis 2016 sous la direction de M. Andrew Gray.
L’entente avec la CSDM
Le contrat des Petits Chanteurs s’étend de la 3e année du primaire jusqu’à la fin du secondaire. Ils s’engagent donc sur une durée de neuf ans au cours de laquelle ils pourront poursuivre leur formation scolaire au privé, au Collège Notre-Dame. Dans le cadre de ce programme financé par le ministère de l’Éducation, les parents ne payent que les coûts associés à la chorale, soit environ 1200 $ annuellement. Le Collège Notre-Dame est situé juste en face de l’oratoire Saint-Joseph, à deux pas du lieu de répétition de la maîtrise. La participation à la chorale implique environ trois heures par jour de formation musicale. Le piano, le solfège, la technique vocale et le chant choral sont enseignés à tous. Au secondaire, les jeunes sont aussi initiés à l’écriture musicale. Tout cela en plus de leurs études et des multiples prestations en concert, dans les médias et dans les messes du dimanche.
L’avenir de la chorale menacé
Le 26 mars dernier, Catherine Harel-Bourdon, présidente de la CSDM, annonçait la fin de l’entente qui permettait aux Petits Chanteurs du Mont-Royal de poursuivre leur scolarité au Collège Notre-Dame. Face à cette décision prise au mois d’octobre à l’insu des Petits Chanteurs, ces derniers sont plongés dans la consternation. Les choristes présentement de la 3e à la 5e année du primaire, ainsi que les prochaines cohortes, devront faire le pont à l’Académie de Roberval, un établissement du quartier Villeray. Cela imposera aux jeunes chanteurs des déplacements supplémentaires d’environ deux heures par jour. Aucune différence de coût pour la commission scolaire et beaucoup de temps perdu pour les Petits Chanteurs. Madame Harel-Bourdon soutient que « la commission scolaire souhaite dorénavant offrir elle-même un programme de chant choral [spécifique] dans l’une de ses écoles secondaires », et ce, dès l’année 2020-21. « L’horaire optimisé » promis par la présidente de la CSDM en fait douter plusieurs puisque les déplacements entre l’école et la maîtrise entraîneront des absences répétées, nuisant à la formation scolaire des élèves. Ainsi, d’après un sondage, plus de 90 % des parents ont l’intention de retirer leur enfant du programme de formation musicale. Sur la page Facebook des Petits Chanteurs, plusieurs témoignages de parents s’adressent directement à M. Jean-François Roberge, ministre de l’Éducation, au premier ministre M. François Legault ainsi qu’à Mme Nathalie Roy, ministre de la Culture et des Communications. De ces lettres publiques ressort une incompréhension générale de parents qui craignent que leur garçon ne puisse y arriver avec le temps de transport supplémentaire :
« Notre fils vient de vivre l’une des années les plus stimulantes en termes de projets et de concerts, mais aussi l’une des plus exigeantes […] ce rythme risque de devenir infernal, impossible à suivre. » – Anne Paquin, mère d’un PCMR de 5e année du primaire
« Je ne peux m’empêcher de penser à cette bande de jeunes […] qui, 3 à 4 fois semaine (si ce n’est davantage), devra ajouter un autre trajet à leur déambulation quotidienne pour aller rejoindre la maîtrise des PCMR. » – Martin Drouin, père d’un PCMR de 4e année du primaire
Sauvons les Petits Chanteurs
La campagne Tous en chœur a été lancée sur les réseaux sociaux sous le compte Twitter@ChoeurPCMR et le mot-clic #TousenchoeurPCMR. Une pétition en ligne a été signée par plus de 17 000 sympathisants du public et une lettre rédigée par le directeur musical et artistique du chœur, Andrew Gray, a reçu le soutien de trente-sept personnalités artistiques, dont Kent Nagano, Yannick Nézet-Séguin, Gregory Charles et Serge Denoncourt. Le 20 juin dernier a eu lieu une manifestation devant le Collège Notre-Dame, se voulant un appel au ministre Jean-François Roberge : « Nous lui demandons d’agir au plus vite pour préserver cette institution unique au Québec. […] À défaut, qu’on nous donne un délai raisonnable pour trouver une solution viable », a mentionné le président du conseil des Petits Chanteurs, M. Pierre Éloi Talbot. Les Petits Chanteurs ont offert une courte prestation sous la pluie devant la centaine de personnes présentes – des amis, des sympathisants et des personnalités des milieux artistiques et politiques ainsi que des journalistes.
Plus d’information au www.pcmr.ca
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