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Ce fut l’une des annulations les plus coûteuses de la saison.
La Flûte enchantée, qui figure sur la liste des cinq meilleurs opéras internationaux, dans une mise en scène accrocheuse de Berlin avec des éléments de film muet et de vaudeville, avait été programmé pour la seconde moitié de mai. Mais l’événement a été annulé, comme à peu près toutes les autres présentations artistiques à Montréal.
« C’était une production coûteuse, et son annulation tardive a aussi été coûteuse », a déclaré le directeur général de l’Opéra de Montréal, Patrick Corrigan. Les cinq représentations du Singspiel de Mozart dans la salle Wilfrid-Pelletier devaient représenter près de 40 % des recettes au guichet de la saison 2019-2020.
Puis vint une nouvelle encourageante : 30 % des détenteurs de billets − plus de 1 000 personnes – ont fait don de la valeur de leur billet à l’OdM.
« Notre public donne l’impulsion à tout ce que nous faisons », a déclaré Corrigan.
Avec ce vote de confiance (et le traitement humain de la part du propriétaire principal de l’entreprise, la Place des Arts), Corrigan pourrait planifier une saison post-pandémie 2020-21 qui inclurait 2020.
Il y aura à l’automne le programme double des opéras de chambre La voix humaine, œuvre de 1958 pour soprano et téléphone dysfonctionnel de Francis Poulenc et Jean Cocteau et L’hiver attend beaucoup de moi, un nouveau « road opera » féministe de Laurence Jobidon et Pascale St-Onge. Le lieu et les dates restent à déterminer, mais une distance physique appropriée est assurée.
« Nous le saurons bien assez tôt », estime Corrigan. Le spectacle avait initialement été prévu pour mars 2020 à l’Espace Go.
Ce qui n’aura pas lieu en 2020 aura plus d’impact que ce qui aura lieu. Les représentations de La Traviata de Verdi et de Jenůfa de Janàček prévues pour cet automne ont été reportées à 2021-2022. Les abonnés sont cordialement invités à faire don de la valeur des billets qu’ils auraient achetés pour ces opéras à la campagne « Faites chanter Montréal de nouveau » de l’OdM.
« Je crois qu’il était assez évident que ces productions ne pouvaient être maintenues », affirme Corrigan, citant les quelque 200 personnes sur scène, dans les coulisses et dans la fosse qui seraient impliquées dans chacun des opéras. La plupart des compagnies en Amérique du Nord (notamment le Metropolitan Opera) annulent les grands spectacles cet automne.
« Nous aurions dû commencer Traviata il y a quelques semaines, pour finalement devoir l’annuler de toute façon », ajoute-t-il. Les concerts peuvent être organisés dans un court délai. Pour les opéras, c’est différent.
Le volet 2021 de la saison est identique en termes de contenu et de programmation à ce que la société a annoncé durant les beaux jours du tournant de 2020. L’action commence en mars avec La beauté du monde, une commande de l’OdM avec musique de Julien Bilodeau et paroles de Michel Marc Bouchard.
Les protagonistes sont Jacques Jaujard et Rose Valland, deux citoyens français qui ont risqué l’emprisonnement ou pire en protégeant les chefs-d’œuvre de l’art contre les pillages nazis. L’impressionnante distribution canadienne comprend le ténor Marc Hervieux dans le rôle de Hermann Göring. Les cinq représentations auront lieu au Théâtre Maisonneuve.
Le seul opéra présenté à la salle Wilfrid-Pelletier sera Le Mariage de Figaro de Mozart avec le baryton-basse canadien Daniel Okulitch dans le rôle-titre et Nicolas Ellis à la tête de l’Orchestre Métropolitain. Quatre représentations se dérouleront du 8 au 16 mai. Le programme double comprenant Riders to the Sea de Vaughan Williams et la création d’une œuvre d’Hubert Tanguay-Labrosse et d’Olivier Kemeid présentée en collaboration avec Ballet Opéra Pantomime et I Musici de Montréal portera le compte des productions à quatre. Il y aura deux représentations au Monument-National.
Le programme de l’Atelier lyrique mettra à l’honneur l’éducation et la sensibilisation en collaboration avec La Gang à Rambrou, l’hôpital Sainte-Justine et la CSDM. « Nous n’avons jamais pensé une seule fois à reporter la saison de l’Atelier lyrique », explique Corrigan.
C’est une saison relativement calme, mais qui pourrait être améliorée par des présentations sur Internet. Contrairement à la plupart des compagnies canadiennes, l’OdM dispose d’un stock de productions vidéo de haut calibre, dont Carmen, qui a été diffusé dans 26 salles de cinéma à travers le Québec en février.
« Est-ce mieux en direct ou en ligne ? demande Corrigan, rhétoriquement. Ce n’est pas la bonne question. Je regarde l’histoire de la relation entre la technologie et les arts de la scène et je vois qu’elle n’a jamais reculé. »
« Nous pouvons tout à fait nous attendre à ce que davantage de personnes regardent en ligne à l’avenir. Ce que je veux, c’est que notre compagnie soit à l’avant-plan. »
Notre conversation avait presque éludé la question de la COVID-19. Pouvons-nous être sûrs qu’il y aura un retour à la normale ?
« Nous pourrions encore avoir un problème au printemps prochain, concède Corrigan. Mais je suis ravi que les salles commencent à s’ouvrir, que les compagnies s’adaptent, que des œuvres soient programmées. Les artistes travailleront. Espérons que nous verrons une accélération et non un ralentissement. »
Traduction par Andréanne Venne
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