National Youth Orchestra of Canada: Mindful of the future

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Pour la deuxième année consécutive, l’Orchestre national des jeunes du Canada (ONJ) devra renoncer, COVID-19 oblige, à ce qui semblait jusqu’à tout récemment des incontournables d’un programme de formation orchestrale : une tournée ou encore des prestations sous la direction d’un chef d’orchestre.

Pour le deuxième été de suite, la vénérable institution tire son épingle du jeu en mettant l’accent sur le volet numérique de la carrière musicale.

« Savoir utiliser un microphone USB, tirer parti d’une caméra vidéo, potentialiser l’éclairage et l’acoustique », voilà quelques-uns des sujets du programme estival de formation virtuelle au même titre qu’« apprendre à produire des contenus musicaux en ligne et perfectionner son interprétation instrumentale ». La session d’été se déroule du 12 juin au 21 août 2021 selon Kate Eccles, directrice du développement et des communications de l’ONJ.

En général, les personnes âgées de 16 à 28 ans connaissent les rudiments des médias sociaux, mais rares sont celles qui savent pleinement en tirer profit pour promouvoir leurs talents musicaux. « Comment utiliser ces outils pour favoriser le développement de l’esprit entrepreneurial et rejoindre divers publics? Comment se créer un plan d’action sur les médias sociaux ? » Autant de questions que pose Mme Eccles. Pour répondre aux derniers impératifs technologiques, le programme de bourses d’études dote les élèves de microphones et de casques d’écoute. La diffusion en ligne des séances de tutorat et des cours de maître s’effectuera sur une plateforme spécialement conçue par Aeyons, une société australienne de logiciels spécialisée dans la musique.

Toutefois, tous les cours offerts cet été n’abordent pas que des questions technologiques. Comme la présentation d’une demande de subvention est de plus en plus le lot des musiciens, une séance sera consacrée à ce processus que la directrice décrit comme « une forme d’art en soi ».

Gregory Oh, pianiste et directeur artistique, à la vision résolument contemporaine, dirige un cours intitulé « The Unboxing Ring » pour favoriser l’émergence de la « créativité intérieure » des participants par l’entremise de discussions sur le fonctionnement de l’art. « Jusqu’à présent, nous avons rarement eu le loisir d’aborder ce genre de sujet », commente la directrice de l’ONJ.

Ancienne vedette de rugby et diplômée de l’Université Concordia, Sommer Christie, consultante en performance mentale, enseigne comment maintenir son flegme sous la pression, notamment lors des auditions. Le chef d’orchestre et éducateur Daniel Bartholomew-Poyser donne des conférences sur les récents changements dans le domaine de l’orchestration et leurs répercussions sur les musiciens et les musiciennes à l’aube de leur carrière. Clarinettiste, chercheuse en psychologie de la performance et ancienne élève de l’ONJ, Christine Carter discute de la motivation et de l’apprentissage optimal. Le psychothérapeute et travailleur social Matthew Eldridge anime des séances durant la session d’été. Les thèmes abordés ? Le mieux-vivre durant la pandémie de COVID-19, l’importance de la pleine conscience pour les artistes musicaux et la recherche de l’équilibre en dehors de la sphère musicale. Il offre également des consultations individuelles.

Après un essai pilote de trois ans, l’ajout du volet « santé mentale » au programme de formation de l’Orchestre national des jeunes du Canada est désormais acquis. « De nombreuses études indiquent que les musiciennes et musiciens sont, sans distinction, prédisposés aux problèmes de santé mentale, notamment liés au stress, explique Mme Eccles. C’est particulièrement vrai pour nos jeunes qui incarnent l’archétype de la douance. Disciplinés, talentueux, nos élèves sont, en raison de leur âge, émotionnellement vulnérables. Nos élèves ont intégré un orchestre de jeunes de renommée mondiale, véritable tremplin vers la profession de leurs rêves. Sans compter que bien souvent leurs parents se sont investis beaucoup dans l’accompagnement de leur enfant. » Rappelons que les anciens de l’institut de formation constituent 40 % des musiciens et musiciennes se produisant dans des orchestres au Canada.

La J & W Murphy Foundation, à Halifax, appuie le programme de santé mentale de l’ONJ, de concert avec l’Al & Malka Green Artists’ Health Centre du Toronto Western Hospital. Le harcèlement et la toxicomanie ne constituent plus des sujets tabous.

N’ayez crainte. Les classiques séances de tutorat et les cours de maître demeurent au programme. En 2021, la technologie numérique a permis de faire appel à un corps enseignant plus diversifié que jamais. Ainsi, on compte des maîtres incontestés de la musique en provenance des États-Unis et de l’Europe ainsi que des grands noms canadiens, comme les violonistes Jonathan Crow et Andrew Wan, premiers violons respectivement du TSO et de l’OSM. Au rang des enseignants figurent le violoniste Hartmut Rohde (Allemagne), le clarinettiste Afendi Yusuf (Éthiopie), la harpiste Anneleen Lenaerts (Belgique) et le violoncelliste Hans Jørgen Jensen (Danemark).

Stephen Rose, second violon solo de l’Orchestre de Cleveland, et Elaine Douvas, hautbois solo du Metropolitan Opera, sont deux sommités américaines qui enseigneront aux jeunes de l’Orchestre. Enfin, il y a aussi la Britannique d’origine américaine Sarah Willis, l’ambassadrice par excellence du cor. Elle est devenue, en 2001, la première instrumentiste de cuivre à occuper un poste au sein de l’Orchestre philharmonique de Berlin.

Le nombre d’inscriptions s’est accru, passant de 100 à 133. « Nous avons pensé que si nous allions faire tout cela, autant l’offrir au plus grand nombre de personnes qualifiées que possible, explique Mme Eccles en se référant à la programmation numérique. En 2022, nous envisageons de diffuser en ligne des ressources pour les étudiants et les étudiantes en musique qui ne se sentent pas encore prêts à rejoindre l’orchestre. » « L’un de nos objectifs à long terme vise à encourager un plus grand nombre de jeunes issus de divers milieux à se sentir les bienvenus à l’ONJ et à tenter l’audition, ajoute la directrice. Nous sommes persuadés que la jeunesse compte d’incroyables talents qui ont besoin tout simplement d’encouragements pour émerger. Certains de ces talents, par manque de confiance en soi, n’auditionnent pas, sous-estimant leur chance de voir leur candidature retenue. »

Il est possible que le programme de formation de cette année déborde la période estivale qui se terminait habituellement par une tournée. Les ateliers numériques présentent l’avantage de se dérouler n’importe quand et n’importe où.

« Nous ne remplacerons jamais l’expérience vécue d’un orchestre sur scène, confie Mme Eccles. Mais les occasions de maillage à l’échelle internationale se multiplient. À présent que nous sommes outillés numériquement parlant, rien ne nous empêche de faire appel à un ou une clarinettiste à Prague ou même à une vedette de la baguette ! Nous pourrions demander à Yo-Yo Ma de s’adresser à nos élèves. Vraiment, cela ouvre de nouveaux horizons. »

« Nous considérons ces jeunes comme les ambassadeurs culturels du Canada. Ils participent à des tournées internationales et représentent leur pays. Plus ils pourront établir ces liens, mieux ce sera pour tout le monde. »

Traduction par Lina Scarpellini

www.nyoc.org

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A propos de l'auteur

Arthur Kaptainis has been a classical music critic since 1986. His articles have appeared in Classical Voice North America and La Scena Musicale as well as Musical Toronto. Arthur holds an MA in musicology from the University of Toronto. From 2019-2021, Arthur was co-editor of La Scena Musicale.

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