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Nous avons respecté avec beaucoup de précision les deux mètres », déclare Jean-Sébastien Vallée, chef du chœur de l’église Saint-André et Saint-Paul, à propos des séances d’enregistrement de novembre dernier − au plus fort de la deuxième vague à Montréal − consacrées à un nouvel album de la maison ATMA intitulé à juste titre Distance. « Ce qui est difficile, car c’est deux mètres de chaque côté. »
Néanmoins, les 24 professionnels qui composent l’ensemble très apprécié ont réussi à garder leurs distances sur les bancs (il n’y aurait pas eu assez d’espace dans les stalles du chœur) et à maintenir un niveau de convivialité suffisamment élevé.
Quiconque a vu la remarquable vidéo YouTube de ce chœur interprétant Ein deutsches Requiem de Brahms réduit en version chambre a constaté ce qui peut être réalisé dans de telles circonstances. Vallée juge que la sonorité obtenue sur Distance est même supérieure puisque les chanteurs ont fait l’enregistrement sans masques.
« Les harmoniques sonnaient juste, dit-il. La fusion sonore était très différente. C’était magique. »
L’idée, comme l’indique le titre de la parution, était de créer un enregistrement adapté musicalement et spirituellement à l’ère COVID.
« Comment pouvons-nous réaliser quelque chose qui parle de l’époque que nous vivons ? En termes de répertoire, dit Vallée, nous avons choisi des types de musique que nous interprétons souvent, mais nous avons également exploré un nouveau répertoire qui aborde le concept de distance, soit spécifiquement – comme la musique pour double chœur −, soit textuellement. »
L’un des 17 morceaux est une méditation sur la croix de Sulpitia Cesis, une religieuse italienne du début du XVIIe siècle qui était vraisemblablement habituée à l’isolement. Passé et présent s’entremêlent. Il y a des sélections de Bach, Elgar et Rachmaninov ainsi que Reena Esmail, James MacMillan et Caroline Shaw. Dans certaines pièces, l’organiste Jonathan Oldengarm et la violoncelliste Elinor Frey amènent un soutien instrumental.
Si de nombreux morceaux sont contemplatifs, l’espoir n’est pas absent. Le programme commence avec l’Agnus Dei de Samuel Barber, un arrangement choral du notoirement triste Adagio, et se termine par un motet optimiste d’Uģis Prauliņš, un compositeur letton anciennement claviériste dans un groupe rock. Toujours soucieux des relations tonales, Vallée explique que l’élan final de si bémol majeur dans le mouvement Hallelujah de cette œuvre compense le sombre si bémol prolongé avec lequel le Barber commence.
Longtemps synonyme de l’excellence liturgique du dimanche matin − et armé d’enregistrements pour le prouver −, le chœur de l’église Saint-André et Saint-Paul a muté d’un ensemble composé d’environ 40 choristes professionnels et amateurs à une équipe purement professionnelle de 24 choristes.
« Mon approche personnelle est d’avoir un pied dans la tradition anglaise du chant choral et l’autre dans la tradition américaine, où le son est un peu plus chaleureux, avec un peu plus de vibrato au besoin », explique Vallée, qui occupe le poste à l’église depuis 2015.
« C’est la voie que nous aimerions suivre. Nous travaillons à faire de la chorale un ensemble professionnel de 24 voix. Je pense que cela donne un noyau fort au son et un peu plus de précision. Au-delà de 24 chanteurs, surtout lorsqu’on mélange professionnels et amateurs, un certain niveau de chant choral est plus difficile à atteindre, en termes d’intonation, d’union et de respiration. Nous aimons l’expérience avec 24 chanteurs et espérons que dans les années à venir notre groupe s’établira comme chœur officiel et contribuera à la scène musicale. »
Traduction par Andréanne Venne
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