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Atma classique5
Penderecki : Quatuor pour cordes nos 1 à 3; Trio pour cordes; Quatuor avec clarinette;
Der unterbrochene Gedanke
Quatuor Molinari;
André Moisan, clarinette
ATMA ACD22736
Durée : 63 minutes
C’est bien connu, Krzysztof Penderecki (1933-2020) a entamé son parcours créatif en qualité d’avant-gardiste pour ensuite dévier complètement de trajectoire. Le Quatuor Molinari de Montréal retrace ici son évolution chronologique. Pour commencer, on se retrouve en 1960 avec les pincements et tapotements nerveux et non harmoniques du Quatuor pour cordes n° 1 d’une durée de six minutes. Dans la partition qui lui succédera, huit ans plus tard, le maître polonais ajoute trois minutes accompagnées de trémolos féroces, de puissantes impulsions et de glissandos gémissants. On pourrait comparer cela aux sons de son célèbre Thrène à la mémoire des victimes d’Hiroshima. Les deux quatuors sont de puissants blocs compacts, mais la progression de l’expression reste claire. On entend par la suite Der unterbrochene Gedanke (« La pensée interrompue ») de 1988 d’une durée de deux minutes, dans laquelle un passage d’écriture fuguée suggère un réexamen de Bartók. Le progrès ! Un chromatisme intense prévaut à nouveau dans le Trio pour cordes (1990). L’alto sonne un peu solitaire et trop en longueur vers l’ouverture, mais il y a quand même beaucoup à savourer, incluant un contrepoint fort en tension dans le deuxième mouvement. Bonté, cette œuvre se termine sur une cadence parfaite.
Le Quatuor avec clarinette de 1993 débute par un Notturno discrètement évocateur dans lequel André Moisan et l’altiste Frédéric Lambert échangent des commentaires maussades tandis que le violoncelliste Pierre-Alain Bouvrette offre un si bémol grave soutenu (la corde do à sa plus basse tonalité). Le finale introspectif d’Abschied ressemble à un adieu de mi-carrière. Projetons-nous en 2008 avec le Quatuor pour cordes n° 3 où nous trouvons des effets romantiques, impressionnistes, modernes et même de musique du monde réunis de manière cohérente et imaginative dans une déclaration robuste et rhapsodique. Les membres du Molinari maîtrisent habilement ce spectre − ils sonnent de manière élégante et lisse quand c’est l’intention de Penderecki − et l’équipe d’ATMA utilise à bon escient la résonance de l’église Saint-Augustin de Mirabel. En plus de fournir une direction artistique remarquable, le premier violon Olga Ranzenhofer écrit les notes de livret les plus détaillées et les plus utiles que j’ai lues depuis longtemps. Cet enregistrement date d’il y a quatre ans, alors que Frédéric Bednarz était le deuxième violon. C’est un merveilleux ajout à l’importante discographie du Molinari, fortement recommandé à des oreilles fines et attentives.
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