CAMMAC : L’expérience du camp musical d’été

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Après avoir subi une blessure qui l’empêcha de continuer à jouer du violon et de l’alto, Guylaine Lemaire a choisi de poursuivre sa carrière musicale en tant que directrice artistique du Centre musical CAMMAC (Canadian Amateur Musicians/Musiciens amateurs du Canada). Elle y a trouvé un environnement musical qui favorise l’éclosion de nouvelles passions et qui forge des amitiés durables comme nulle part ailleurs.

À CAMMAC, les musiciens s’inscrivent à un programme axé sur la musique d’une durée d’une semaine. Les participants peuvent soit louer une chambre dans l’un des chalets du site ou bien installer une tente sur les terrains de camping. Une journée typique va comme suit: un concert matinal mettant en scène des musiciens volontaires est présenté, les participants passent quelques heures à suivre des cours et à s’exercer individuellement, puis ils assistent en soirée à un concert donné par les professeurs.

Mme Lemaire, la directrice artistique, s’est produite dans la plupart des grands festivals de musique canadiens, notamment au Festival de Lanaudière, au Festival international du Domaine Forget et au Banff Centre for Arts and Creativity. Elle occupe également le poste de directrice générale de l’orchestre de chambre canadien Thirteen Strings depuis 2013 et est mariée à Julian Armour, le directeur général du festival Musique et Autres Mondes à Ottawa.

Elle a décidé de poser sa candidature à CAMMAC car la mission du camp, qui consiste à offrir un environnement d’apprentissage inclusif et non compétitif, l’a interpellée en tant que mère de quatre garçons.

« Être sur scène devant 2000 personnes ou essayer d’obtenir un poste dans un orchestre symphonique génère beaucoup de stress. C’est un métier à couteaux tirés, dit-elle. CAMMAC est presque à l’opposé. On y vient par amour de la musique. »

Le Centre musical met en place des programmations hebdomadaires du printemps à l’automne, mais le plus grand des activités se déroulent l’été. En pleine saison, le camp accueille jusqu’à 150 campeurs et professeurs par semaine. Même après huit semaines d’affilée de concerts, de coordination des programmes et de moments de socialisation, le retour à la maison bouleverse toujours autant Mme Lemaire. « Je ne suis pas une personne solitaire – j’ai une grande famille –, mais les conversations et les événements du camp sont tellement stimulants. »

Le programme musical est conçu de manière à s’adresser à tous les âges, avec des participants aussi jeunes que 4 ans, allant jusqu’à 100 ans. Mme Lemaire croit qu’il est important de répondre aux besoins des générations plus âgées – on continue d’apprendre à tout âge, dit-elle, et les aînés peuvent être très isolés.

« À CAMMAC, j’ai rencontré une dame qui avait presque 98 ans, se souvient Mme Lemaire. Elle est venue avec quatre générations de sa famille. Elle avait quelques problèmes cognitifs, mais elle ne voulait pas se contenter de jouer au bingo. La musique est ce qu’elle aime faire. Elle a suivi un cours de clavecin, entre autres, et a fait des progrès. »

Pascale Poirier est une participante de CAMMAC de longue date, en plus d’être une ancienne employée du centre. Selon elle, le camp est une bonne occasion d’initier les enfants à différentes formes d’appréciation de la musique – de la pratique individuelle à l’écoute de concerts et à la collaboration avec d’autres, en passant par le développement de la sensibilité rythmique par le mouvement. Le large éventail d’activités musicales proposées l’incite à revenir au camp année après année.

Un été, la fille de Mme Poirier, Charlie, a suivi un cours de Broadway durant lequel elle a appris des danses chorégraphiées sur des chansons. Alors que sa langue maternelle est le français, Charlie a trouvé ardu, mais gratifiant d’apprendre les paroles en anglais de la chanson Under the Sea du film La Petite Sirène. »

Elle a également commencé à jouer du ukulélé et de la flûte à bec, deux instruments qu’elle n’aurait pas choisi si elle n’avait pas participé au camp. Elle a davantage apprécié le ukulélé que ce qu’elle aurait cru et a trouvé l’instrument beaucoup plus facile d’approche que la guitare.

« Nous pouvons jouer différents instruments et découvrir de nouvelles passions, explique Charlie. La première fois que j’ai joué en concert, j’étais stressée, mais après plusieurs concerts, je m’y suis habituée. »

Selon Mme Lemaire, il n’est pas rare que les jeunes musiciens se sentent motivés à pratiquer un instrument après l’avoir appris avec d’autres. « Il faut reconnaître qu’il n’est pas facile de pratiquer seul, dit-elle. Avoir une raison pour le faire – vouloir jouer dans un concert particulier, ou s’être fait des amis dans un groupe, et se sentir responsable de connaître sa partition – est très stimulant. »

Guylaine Lemaire (Photo fournie)

Il y a aussi beaucoup d’activités non musicales au camp. La traditionnelle heure de la sieste de CAMMAC, de 14 h à 15 h, sert également de temps de repos pour les adultes. Les campeurs peuvent profiter de la pause d’activités musicales en faisant du yoga, du tai-chi ou des exercices suivant la méthode Feldenkrais. Pour Mme Lemaire, cette heure de silence est essentielle au succès du camp.

« Nous pensons que la musique est synonyme de bien-être. Les gens doivent bouger et être à l’aise dans leur corps, explique-t-elle. Il est aussi normal d’avoir envie d’être à la plage pendant l’après-midi. »

Isabelle Vadeboncœur a commencé à travailler comme monitrice de sports à CAMMAC en 1997. Bien qu’elle n’ait reçu aucune formation musicale formelle en dehors de ses leçons de chant à l’école primaire et secondaire, elle est devenue professeure de chorale au camp en 2000. CAMMAC lui a également donné l’occasion d’offrir un cours de percussions africaines en 2004, inspiré par ses derniers voyages en Afrique. Apprendre à créer des harmonies avec un groupe et faire des arrangements de musiques populaires pour ensemble vocal a fait naître en elle une nouvelle passion qui a changé sa vie.

« J’ai fait beaucoup d’heures supplémentaires, dit-elle. Il suffit de demander à n’importe quel professeur du début des années 2000; c’était un plaisir pour moi d’organiser des activités et de voir les musiciens s’amuser. J’ai même créé une chorale d’adolescents à Montréal pendant quelques années. »

Pour Mme Vadeboncœur, il n’y a rien de tel que de voir les campeurs s’améliorer au cours de la semaine et élargir leurs compétences. Avec autant de personnes qui reviennent année après année, Mme Lemaire ajoute que c’est un plaisir supplémentaire de les voir progresser à mesure qu’elles vieillissent.

« [Au début du mois de mars], nous avons accueilli un certain nombre d’adolescents pour qui ce n’était pas la première fois au camp. L’année précédente, ces adolescents avaient des acquis musicaux encore précaires; cette année, ils ont fait beaucoup de progrès, explique Mme Lemaire. Ils se sont vraiment amusés à jouer ensemble. Je pense que c’est ce que provoquent les camps d’été. »

CAMMAC offre des programmes hebdomadaires au printemps, à l’été et à l’automne. Tous les détails des camps de cette année se trouvent au www.cammac.ca.

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