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Mad Dog Labine met en scène la jeune Lindsay (Ève-Marie Martin), laissée à elle-même alors que son père (Emmanuel Bilodeau) part à la chasse. L’adolescente à la moue rebelle part sur les chemins du village avec son amie Justine (Zoé Audet) pour « jouer à la canette ». Avec leur cagnotte en poche venant des cannettes volées, elles vont acheter des gratteux et gagner miraculeusement à la loterie. Leur défi sera entre autres de trouver un adulte de confiance pour récupérer le lot.
Alors que les images de Mad Dog Labine défilent et que les premières minutes du long métrage s’égrainent sur un fond de nature, le spectateur pourrait se croire transporté en sol acadien, en raison du parler et de l’accent de du jeune protagoniste. Mais ce n’est qu’une illusion, puisque le docufiction de Jonathan Beaulieu-Cyr et Renaud Lessard a été réalisé dans la région de Pontiac en Outaouais, près de la frontière ontarienne.
« Le Pontiac est une région de l’Outaouais très distincte. Il y a beaucoup d’influence de l’anglais sur le français et vice versa. Même si c’est différent historiquement des Franco-Ontariens, il y a beaucoup de parenté avec eux dans la lutte pour le maintien du français, par exemple. Mais notre but n’était pas d’en faire le sujet principal, réaliser notre film en français ajoute en soi une voix de plus. Le Pontiac est composé de villages dispersés comme des îles. Je pense que c’est le premier film tourné dans la région », mentionne Jonathan Beaulieu-Cyr, originaire du nord du Pontiac.
De son côté, Renaud Lessard est fasciné depuis son enfance par la région du Pontiac. « Nous avons grandi à Aylmer, en face d’Ottawa. Nous passions souvent les fins de semaine à notre chalet à Luskville, à l’entrée de Pontiac. Adulte, j’ai découvert qu’il s’agissait d’un territoire inconnu de la majorité des Québécois et des Canadiens. C’est en m’intéressant davantage à ses villages et à ses communautés que le Pontiac est devenu pour moi un espace unique qui devait absolument être représenté au grand écran », raconte-t-il.
Occuper le territoire
Les études supérieures sur la territorialité des images que suit Jonathan Beaulieu-Cyr sont étroitement en lien avec sa démarche cinématographique. « Forcément, tout se recoupe. Renaud et moi réalisons des films en région depuis plusieurs années. Avec Mad Dog Labine, nous avons essayé de l’écrire là-bas et de travailler avec la communauté de Pontiac. C’est une méthode qui ressemble au documentaire, mais qui débouche sur une ligne de fiction s’inspirant du réel », explique-t-il.
Renaud Lessard renchérit en soulignant que le style docufiction s’est imposé au moment des auditions, qui ont pris une tournure plus près de l’entrevue que du casting traditionnel. « Nous avons été tellement touchés par les jeunes et le discours qu’ils tenaient sur leur réalité qu’il est rapidement devenu impossible de s’en tenir exclusivement au scénario, sans aussi donner une voix directe aux principaux intéressés », dit-il. En plus d’avoir bénéficié des ressources et des contacts de la région de Pontiac et de l’aide de la MRC du même nom, le duo de cinéastes a reçu un financement provenant du micro budget de Téléfilm Canada pour réaliser son long métrage de 85 minutes.
Direction d’ados
Deux jeunes actrices non professionnelles ont donné vie au long métrage, brossant un portrait honnête et décomplexé — sans misérabilisme — sur la vie en région et l’adolescence. « Il y a en effet un petit côté cabotin au film. Il y a une franchise, une honnêteté, mais aussi des situations rocambolesques. On reste par contre dans le réalisme pur. Mad Dog, c’est le surnom de la petite Lindsay », commente Jonathan Beaulieu-Cyr.
Les deux cinéastes ont pu compter sur la précieuse aide de la comédienne Charlotte Aubin, qui a un petit rôle dans Mad Dog Labine, pour coacher les adolescentes. « Charlotte a commencé sans être professionnelle, puis est devenue une comédienne confirmée. Elle travaille depuis longtemps. Son rôle l’amenait à tourner pendant quatre jours, mais elle est restée pendant un mois et demi. Ça a été très pratique. Elle a pu reformuler à certains moments ce qu’on voulait dire aux filles », témoigne-t-il.
Rococœur
Bien qu’il s’agisse du premier long métrage des deux diplômés de la Mel Hoppenheim School of Cinema de l’Université Concordia à Montréal (promotion 2015), ceux-ci n’en sont pas à leurs premières armes ensemble. « Nous avons l’habitude de collaborer depuis presque dix ans ensemble, souvent dans des rôles qui changent d’un projet à l’autre, que ce soit réalisateur, scénariste ou producteur », explique Renaud Lessard, qui travaille à son deuxième long métrage, en développement. Florida-Montréal, Pisser dehors et Ferraille font partie notamment de leur filmographie.
« On travaille souvent en duo, mais on a une équipe avec qui on collabore régulièrement, comme notre directrice photo et notre monteur. On fait partie de Rococœur, un collectif de cinéastes issus de Concordia. On planche sur une websérie de fiction, Cœur d’or, produite par Renaud », ajoute son complice Jonathan. Cette websérie, dont l’action se situe sur l’île d’Orléans, met en vedette une vingtaine de comédiens. Sa sortie est prévue à l’hiver 2019.
Présenté en première mondiale lors de l’édition 2018 du Festival du nouveau cinéma, où il a reçu le prix Focus, Mad Dog Labine sera à l’affiche à compter du 5 avril dans les salles de cinéma. Il sera aussi projeté aux Rendez-vous Québec Cinéma. Le festival consacré au 7e art québécois aura lieu du 20 février au 2 mars. www.rendez-vous.quebeccinema.ca
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