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Lorsque la danseuse Peggy Baker crée un nouveau spectacle, le public le remarque. Directrice artistique de Peggy Baker Dance Projects depuis la création de la compagnie en 1990, elle est une créatrice acclamée qui sort des sentiers battus. Son dernier spectacle de danse, who we are in the dark, un projet ambitieux même selon ses critères, inclut de la musique en direct composée et interprétée par Sarah Neufeld et Jeremy Gara, tous deux du populaire groupe montréalais primé aux Grammy, Arcade Fire.
Le titre du spectacle provient des paroles d’ouverture d’une chanson composée par la violoniste Sarah Neufeld pour le prologue d’un gala auquel Baker participait. Baker a déclaré que la phrase est d’une poésie belle et évocatrice. « Une invitation incroyable, dit-elle. L’obscurité est l’état d’origine. » C’est l’obscurité évoquée par « un large éventail d’auteurs », dont Carl Jung, Jean Genet, Mary Oliver, Franz Kafka, Sylvia Plath, Jeanette Winterson et même l’écrivain d’horreur Stephen King. À des moments différents, Neufeld et Gara jouent chacun en solo, le dernier à la batterie et créant de la musique électronique. Les deux forment un « couple très étrange », dit Baker. Dans l’ensemble, dit-elle, le spectacle suscite de profondes réactions émotionnelles chez les personnes qui l’ont vu.
Baker souligne qu’elle n’interprète pas les mots des écrivains. Elle les utilise plutôt comme un outil pour construire sa chorégraphie. Les danseurs n’entendent jamais les mots. Baker aime travailler à partir d’un texte, ce qui lui donne une direction. Elle crée aussi la chorégraphie sans musique. En ce qui concerne la collaboration avec les musiciens, Baker leur propose d’abord des études chorégraphiques. Ils réagissent musicalement, Baker répond, et ainsi de suite, dans une danse en va-et-vient qui leur est propre. Les danseurs sont également un élément clé du processus. Baker leur donne des directives claires, mais ils interprètent les mouvements à leur manière. Baker a depuis longtemps renoncé à montrer un mouvement exact à ses danseurs, bien que ce soit de cette façon qu’elle a appris à danser.
Gara et Neufeld trouvent tous deux stimulant de travailler avec elle. Dans une entrevue sur le blog de Baker, Gara déclare : « Il est merveilleux de travailler avec Peggy… Elle a une vision et un but précis, mais elle est en même temps si ouverte aux idées et au changement, à la fois avec nous en tant que musiciens et avec ses danseurs. » Neufeld ajoute : « Je suis inspirée par le processus de Peggy, son énergie, sa concentration, et l’incroyable attitude et ouverture d’esprit de toute sa troupe. »
En plus de jouer avec Arcade Fire, Neufeld est membre fondatrice du Bell Orchestra, un ensemble instrumental contemporain. Elle a également produit deux albums, Hero Brother et The Ridge. Une critique de ce dernier album se lit comme suit : « Il est conçu avec soin et précision et espérons qu’il ouvrira la porte à de nombreuses personnes au monde de la composition instrumentale, abstraite et orchestrée… étonnamment magnifique et texturée. »
Gara vient de produire son premier album solo, Limn. Il est décrit comme « un enregistrement ambiant mélodique, dense et bruyant; une collection d’improvisations organisées de moments créatifs en solo en réponse à des efforts de collaboration familiers ». Il a consacré une grande partie de son énergie en dehors du groupe à collaborer avec un large éventail et un grand nombre de musiciens, dont Michael Feuerstack et Nedelle Torrisi.
Depuis vingt ans, Peggy Baker Dance Projects a été le véhicule de Baker, née à Edmonton en 1952, en tant que danseuse solo. Elle a reçu des éloges pour son travail en solo et ses collaborations avec des artistes remarquables, tels que les chorégraphes James Kudelka et Paul-André Fortier, la danseuse Margie Gillis, le metteur en scène Daniel Brooks et, musicalement, l’Orchestre symphonique de Toronto, entre autres. Depuis 2010, sa chorégraphie est axée sur des œuvres pour petits ensembles. Son travail a été présenté dans les principaux festivals et centres de danse en Amérique du Nord, en Europe et en Asie, tels que Jacob’s Pillow dans le Massachusetts et le High Performance Rodeo à Calgary. Voici quelques exemples de ses principales présentations : l’installation chorégraphique move, d’une durée d’une heure, dans un marché public à St. Catharines, en Ontario, et la mise en scène d’une installation son/vidéo/danse de trois heures, The Perfect Word, dans une île abandonnée à l’ouest de la Place de l’Ontario à Toronto.
Baker est artiste en résidence à l’École nationale de ballet du Canada, poste qu’elle occupe depuis 1992. Quand on lui demande si elle danse toujours, elle répond en disant qu’elle ne se considère plus comme une danseuse, mais plutôt comme « la conséquence d’une danseuse : j’ai une grande profondeur d’expression dans un domaine physique restreint ». Elle reste une professeure qui enseigne dans des universités et des programmes de formation professionnelle à travers le Canada et les États-Unis. Elle a également reçu de nombreux prix, dont le prix du Gouverneur général pour l’ensemble de ses réalisations (2009), cinq prix Dora Mavor Moore, une médaille du jubilé de diamant de la Reine Elizabeth II et des doctorats honorifiques de l’Université de Calgary et de l’Université York.
Mikhaïl Barychnikov, légende de la danse, décrit le travail de Baker en ces termes : « Peggy est une vraie bohème de la danse : elle sait jouer contre l’orthodoxie contemporaine et la renverser. Cela fait d’elle une grande artiste… Il y a toujours une méthode à son travail, mais ce qu’elle fait est inattendu et toujours un plaisir à regarder. »
who we are in the dark sera présenté au Théâtre Maisonneuve les 27 et 28 février et les 1er et 2 mars 2019.
Pour plus d’information, visitez le
www.peggybakerdance.com.
Traduction par Mélissa Brien
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