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La notoriété du pianiste canadien Jaeden Izik-Dzurko a grimpé en flèche ces dernières années dans le monde de la musique classique. En 2021, CBC l’a nommé un des « 30 musiciens de moins de 30 ans à suivre en musique classique ». En 2022, il a remporté les premiers prix au Concours international de piano de Hilton Head et au Concours international Maria Canals, sans oublier la médaille d’or au 20e Concours international de piano de Santander. En 2023, Jaeden a joué dans certaines des salles les plus prestigieuses au monde. Cette année, ses victoires au Concours international de musique de Montréal et au Concours international de piano de Leeds ont cimenté sa réputation comme l’un des musiciens les plus prometteurs de sa génération.
Le parcours artistique d’Izik-Dzurko a commencé dès un jeune âge, nourri par un profond intérêt musical dans sa famille. Son père fut son premier professeur de piano et joua un rôle critique dans le développement musical précoce de Jaeden. « Il m’a certainement ouvert le chemin vers la musique », raconte le pianiste. Ayant tous les deux étudié le piano, ses parents ont partagé leur amour pour cet instrument avec leur fils. Izik-Dzurko a ensuite étudié avec Yoheved Kaplinsky à la Juilliard School et Corey Hamm à l’Université de la Colombie-Britannique. Il est actuellement élève de Jacob Leuschner et Benedetto Lupo.
CMIM
La victoire d’Izik-Dzurko au Concours international de musique de Montréal, où il a remporté plus de 150 000 $, constitue un moment décisif dans sa carrière émergente. Sa participation au concours fut à la fois « intense et stressante », mais finalement gratifiante. « Je suis un peu soulagé que ce soit fini, dit-il en souriant, mais surtout, je suis simplement ravi. » Il remarque qu’au-delà des pressions du concours, jouer devant un public enthousiaste dans un lieu prestigieux a été un moment fort. « Je suis très reconnaissant d’avoir le privilège de revenir jouer à Montréal prochainement. »
Le pianiste originaire de la Colombie-Britannique s’est préparé de manière stratégique au concours de Montréal. Il souligne l’importance de la « pratique en direct » pour se sentir à l’aise devant un public. « Aujourd’hui, j’ai la chance d’avoir de nombreuses occasions de jouer, ce qui est le plus important pour se préparer à puiser le meilleur de soi-même devant un public », explique Izik-Dzurko. Son attention ne se limite pas à raffiner ses capacités techniques, mais aussi à fortifier la résilience mentale nécessaire pour briller dans des contextes de stress accru.
Les concurrents du Concours international de musique de Montréal doivent passer à travers quatre rondes. En plus de jouer des concertos et un programme solo, Izik-Dzurko a également dû préparer une œuvre contemporaine. « Tous les concurrents devaient préparer une œuvre commandée, ce qui a présenté un défi compte tenu de mes autres obligations », admet-il. Un des moments clés au concours a été sa décision de jouer l’œuvre commandée par cœur, un exploit qui a impressionné autant le public que le jury. « J’ai senti que la jouer de mémoire me permettrait de me rapprocher davantage de la musique », explique-t-il. Ce dévouement et cette concentration ont été des facteurs essentiels menant à son succès au concours.
Ses choix en matière de répertoire reflètent son attachement profond aux compositeurs russes, notamment Sergueï Rachmaninov et Alexandre Scriabine. Ses interprétations de leurs œuvres sont un aspect incontournable de son identité artistique. Son interprétation de la Sonate pour piano n°1 de Rachmaninov, de difficulté notoire, a été un moment marquant du concours montréalais. Peu de pianistes parviennent à concilier la virtuosité technique et la profondeur émotionnelle requises par cette sonate qu’Izik-Dzurko a interprétée avec puissance et sensibilité.
Le pianiste attribue sa passion pour la musique russe à son mentor, Corey Hamm, qui l’a initié à ce répertoire dès le début de ses études. « Ce qui m’attire le plus chez les compositeurs russes du début du 20e siècle, dit-il, c’est la convergence en eux de brillants esprits musicaux et de pianistes incroyablement virtuoses. Leur écriture est à la fois inventive et musicalement captivante, tout en se prêtant merveilleusement à l’instrument. »
Leeds
Après sa victoire à Montréal en mai dernier, Izik-Dzurko s’est concentré sur la préparation du Concours international de piano de Leeds au mois de septembre. Leeds est l’un des concours de piano les plus prestigieux au monde, reconnu pour avoir lancé les carrières de nombreux pianistes de renommée internationale. Sa victoire à Leeds, à peine quelques mois après celle de Montréal, marque une étape importante dans sa carrière. En tant que lauréat du premier prix, il a reçu 30 000 £, la médaille d’or Dame Fanny Waterman, plusieurs contrats avec le Royal Liverpool Philharmonic Orchestra, un début au Wigmore Hall ainsi que des tournées à travers le Royaume-Uni et à l’international.
Le concours de Leeds est structuré de manière similaire à celui de Montréal, comprenant quatre rondes permettant d’évaluer les habiletés techniques et musicales de chaque pianiste. En se rappelant sa victoire, Izik-Dzurko dit qu’il était « profondément honoré » d’être lauréat d’un événement aussi prestigieux et souligne à quel point le concours l’a poussé à explorer de nouvelles dimensions de son art. « C’est incroyable de se produire sur cette scène et d’être reconnu de cette manière », a-t-il déclaré après sa victoire.
Un moment marquant de son parcours au concours de Leeds a été son interprétation de Miroirs de Maurice Ravel au deuxième tour. Son interprétation a été acclamée pour sa sensibilité aux couleurs de Ravel ainsi que pour la capacité du pianiste à façonner les qualités impressionnistes de la musique. Les critiques ont également loué son approche nuancée aux humeurs contrastantes de la suite. Son toucher délicat dans des morceaux comme Noctuelles et Oiseaux tristes a transporté les auditeurs dans le monde onirique qu’avait imaginé Ravel. Sa précision rythmique et sa virtuosité dans Alborada del gracioso ont démontré sa polyvalence. « Ravel exige une certaine légèreté de toucher et une profondeur d’interprétation, et l’interprétation de Jaeden témoigne des deux », a remarqué un critique. Sa capacité de façonner différents mondes émotionnels dans Miroirs reflète la maturité musicale remarquable d’Izik-Dzurko.
Lors de la finale de Leeds, il a interprété le Concerto pour piano n° 2 de Brahms. Cette œuvre monumentale, qu’il avait également interprétée au CMIM, exige d’immenses ressources techniques et interprétatives de la part des pianistes.
En parlant de son approche aux concours, Izik-Dzurko souligne que son attention est toujours portée sur la musique plutôt que sur le résultat. « L’état d’esprit que j’essaie de garder pendant tous les concours est de les traiter comme des prestations musicales, explique-t-il. Finalement, c’est la musique qui compte, pas le classement, les prix, ni même l’opinion du jury. Il s’agit de partager son amour pour la musique et sa conception des œuvres. »
Cette philosophie lui a permis de rester calme et concentré tant à Montréal qu’à Leeds, où la pression de jouer au plus haut niveau possible était intense. « J’essaie de me concentrer sur ce que dit la musique et de me rapprocher du public, plutôt que de me laisser envahir par le contexte d’un concours », dit-il.
En raison de son succès fulgurant, Izik-Dzurko reconnaît la difficulté de concilier les exigences de sa carrière avec d’autres aspects de sa vie. « J’ai tendance à être un peu monomaniaque lorsqu’il s’agit de mon attention vers la pratique, et, en conséquence, ma vie manque parfois un peu d’équilibre », admet-il. Les exigences des répétitions, des voyages et des concerts sont des obstacles au maintien de cet équilibre précaire.
Subtitle
En tant que jeune artiste, il s’empresse de promouvoir la musique classique auprès de nouveaux publics, en particulier des jeunes auditeurs. Il reconnaît les difficultés que la musique classique doit surmonter pour atteindre les jeunes générations, mais il croit que l’éducation est la clé pour les surmonter. « Il y a une courbe d’apprentissage initiale pour comprendre la musique classique : les formes ou l’intention derrière les compositions. L’éducation joue un rôle crucial pour aider les jeunes à l’apprécier et à se connecter avec elle. »
Avec ses récentes victoires à Montréal et à Leeds, le chemin d’une carrière remarquable est ouvert pour Jaeden Izik-Dzurko. Il reconnaît, néanmoins, la nécessité de continuer à développer son art : « Il me reste un long chemin à parcourir pour améliorer mes compétences en interprétation et ma maîtrise technique, et j’espère pouvoir continuer à travailler pour m’améliorer en tant qu’artiste. »
www.jaedenizikdzurko.com
www.concoursmontreal.ca
www.jaedenizikdzurko.com
Traduction par Viktor Lazarov
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