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Né à Toronto, Jesse Wente est un auteur, communicateur, conférencier et chef de file dans le domaine des arts au Canada. En 2017, après avoir passé sept ans en tant que directeur des programmes cinématographiques au TIFF Bell Lightbox, il a été nommé premier lauréat du prix Reelworld Film Festival’s Reel Activist. Il a également siégé aux conseils d’administration du Conseil des arts de Toronto, du festival imagineNATIVE Film and Media et de Native Earth Performing Arts.
Ojibwé, membre de la Première Nation de Serpent River, Jesse Wente est un grand défenseur des droits des Autochtones et de l’art des Premières Nations, des Métis et des Inuits. Le 28 juillet dernier, il a été nommé président du Conseil des arts du Canada pour un mandat de cinq ans, devenant ainsi le premier Autochtone à occuper ce poste.
Qu’est-ce qui vous a poussé à vous engager dans les arts ?
J’ai toujours aimé les arts. Mon premier souvenir est celui d’avoir regardé un film. Mon enfance a été marquée par des médiums artistiques : le cinéma, la musique, le théâtre, le ballet, etc. L’un des avantages d’avoir grandi à Toronto est d’avoir été exposé à l’art sous toutes ses formes dès un très jeune âge. Quand le moment est venu pour moi d’entamer ma vie professionnelle, je savais que je voulais que ce soit, d’une manière ou d’une autre, dans ce domaine. Peu d’autres choses m’intéressaient autant.
Comment votre relation avec les arts a-t-elle évolué au fil du temps ?
Elle est passée du stade de l’appréciation au désir de vouloir faire carrière dans ce domaine. J’ai passé une grande partie de ma vie professionnelle dans ce milieu, en tant que critique et journaliste, membre de conseils d’administration, conservateur et programmateur, administrateur, en essayant toujours de rester engagé et d’aider comme je le pouvais. Maintenant, j’essaie de témoigner de mon appréciation pour l’art en aidant activement les artistes, en les célébrant et en leur donnant les outils nécessaires pour qu’ils puissent pratiquer leur métier. J’espère, un jour, me joindre à eux dans cet aspect créatif.
Que représente pour vous le fait d’être le premier président autochtone du Conseil
des arts du Canada ?
C’est un honneur et un privilège d’être le premier président du Conseil des arts du Canada issu des Premières Nations. Je reconnais que je suis ici grâce à tous ceux qui m’ont précédé et qui ont travaillé pour rendre cela possible. Un tel rôle est une occasion de faire avancer leur travail. Il est important que les Premières Nations, les Métis et les Inuits assument ce genre de rôle de leadership au sein des structures qui nous gouvernent, même si ces lieux n’ont pas été conçus pour nous. Mon rôle offre la possibilité de servir les communautés, de travailler à améliorer les choses et à les rendre plus équitables, en plus d’aider à établir de bonnes relations au service d’une culture commune dont nous pouvons tous être fiers.
Comment le Conseil des arts du Canada continuera-t-il à aider les artistes et les
organisations canadiennes pendant la crise du coronavirus, plus particulièrement en ce qui concerne la promotion et le développement de la culture autochtone ?
Le Conseil des arts du Canada s’est empressé de fournir des fonds d’urgence et des programmes de soutien au secteur culturel pendant la pandémie. Plus récemment, nos efforts se sont concentrés sur les artistes et les organisations des Premières Nations, des Métis et des Inuits, ainsi que sur ceux d’autres communautés racialisées. Cela s’ajoute aux récents efforts du CAC qui s’engage à aider de plus en plus d’artistes et d’organisations des communautés racialisées dans ses programmes de financement centraux. Le conseil continuera à se concentrer sur ce sujet dans l’avenir.
Selon vous, comment peut-on construire des ponts entre les communautés artistiques PANDC (Personnes autochtones, noires et de couleur) et celles qui ne le sont pas ? Quels types d’échanges aimeriez-vous voir dans le futur ?
J’observe déjà beaucoup d’efforts et d’échanges artistiques entre les communautés, les artistes et les organisations. Maintenant, ce qu’il manque, c’est le soutien institutionnel qui doit venir en aide à ceux qui sont engagés dans ce travail. Nous avons besoin de voir les institutions et les entreprises qui ont toujours bénéficié de soutien en offrir aux communautés qui n’en ont pas reçu. Nous avons besoin d’aller vers un partage des pouvoirs et des ressources dans le secteur des arts, entre autres.
Pensez-vous qu’il soit possible d’intégrer respectueusement l’art autochtone dans
différentes pratiques artistiques de gens qui ne sont pas issus de cette communauté ?
Je pense que c’est possible, mais cela nécessite une diligence raisonnable et un maintien des relations qui ne sont pas typiques dans les pratiques artistiques occidentales. Les relations intercommunautaires sont essentielles afin de comprendre et respecter les pratiques culturelles qui ne sont pas les vôtres, surtout pour établir une confiance nécessaire à une collaboration adéquate. Il est toujours important de se demander si on est la meilleure personne pour raconter une histoire. Y a-t-il quelqu’un d’autre qui soit mieux placé pour le faire ? Quel est le danger potentiel de raconter une histoire si ce n’est pas la vôtre ? Trop souvent, les pratiques culturelles et artistiques peuvent être aussi extractives que l’industrie des ressources naturelles. Nous devrions éviter de recréer les mêmes effets de perte et de préjudice que ceux dont nous avons été témoins.
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