Albertine : histoire de femmes

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Albertine, en cinq temps raconte l’histoire d’une femme qui se retrouve seule avec ses souvenirs après une vie dure et mouvementée. Confinée dans une chambre de maison de retraite à 70 ans à la suite d’une surdose, on la découvre en pleine conversation avec ses propres fantômes : Albertine à 30, 40, 50 et 60 ans ainsi que sa sœur Madeleine, décédée depuis plusieurs années. La version opératique de la pièce de Michel Tremblay, mise en musique par Catherine Major, sera interprétée par six chanteuses canadiennes qui participent activement au processus créatif de l’œuvre, portée par une équipe entièrement féminine. 

Catherine St-Arnaud (Albertine à 30 ans)

« J’ai vraiment l’impression de faire partie d’un projet où l’humain passe en premier », affirme Catherine St-Arnaud qui interprète Albertine à 30 ans. Cette dernière participe également à l’élaboration du livret avec le collectif de la Lune Rouge, composé de Nathalie Deschamps, metteure en scène, Chloé Ekker, son assistante, ainsi que deux autres interprètes d’Albertine, soit Monique Pagé (Albertine à 60 ans) et Chantal Lambert (Albertine à 70 ans). « Notre travail, effectué largement en visioconférence depuis des mois, se déroule dans la bonne humeur, l’entraide et un but commun, c’est-à-dire raconter l’histoire d’Albertine de notre mieux. Notre équipe représente pour moi en quelque sorte un cercle multigénérationnel où on apprend constamment l’une de l’autre. On contribue de notre manière grâce à notre expérience de vie et de nos acquis, peu importe notre âge. » 

Marianne Lambert (Madeleine)

Le personnage de Madeleine, au caractère plus doux et optimiste, est confié à Marianne Lambert. « Elle se veut avant tout une source de tranquillité et une présence positive. Elle n’essaie jamais vraiment de comprendre ce qui lui arrive ou ce qui se passe autour d’elle. Je pense qu’elle traverse des épreuves similaires à celles d’Albertine, mais elle y réagit d’une manière complètement différente. Je ne pense pas qu’elle souffre moins. Toutes les deux sont très maladroites dans la manière d’exprimer ce qu’elles ressentent, car elles n’ont jamais appris à le faire. Madeleine décide plutôt de fermer les yeux et se fait croire que tout va bien, contrairement à sa sœur qui ne voit que le négatif. »

Michèle Losier (Albertine à 40 ans)

C’est à 40 ans que l’on retrouve Albertine complètement dépassée par sa situation. « À 40 ans, Albertine est enragée. Elle est veuve de guerre depuis plusieurs années et doit prendre soin de ses deux enfants sans aucune ressource. Elle a tout enfoui et n’arrive pas à comprendre de ce qui est arrivé dans sa propre vie, explique Michèle Losier. Je suis reconnaissante envers Nathalie Deschamps de m’avoir confié ce rôle et je crois qu’il me va très bien, non parce que je suis une enragée, mais parce que je crois ressentir certaines des émotions que peuvent ressentir toutes les femmes et les mères dans la quarantaine. Un rôle comme celui-là me permet de les extérioriser sur scène. »

Chantal Dionne (Albertine à 50 ans)

Bien qu’il s’agisse du même personnage, les différentes étapes de la vie d’Albertine peuvent parfois nous laisser croire qu’on est témoin de la vie de cinq personnes complètement différentes. À 50 ans, Albertine est une femme complètement changée. Ayant trouvé un emploi dans une cantine du parc Lafontaine, elle est indépendante pour la première fois de sa vie et a fait une croix sur la relation toxique qu’elle entretenait avec ses deux enfants, maintenant devenus adultes. « Elle est à un moment pivot, c’est la fille du milieu. Albertine à 50 ans a finalement trouvé la liberté, déclare Chantal Dionne. Même si, en apparence, elle semble avoir trouvé le bonheur, nous en sommes venues à la conclusion qu’Albertine arrive seulement à être heureuse à ce moment parce qu’elle est complètement dans le déni et a mis de côté les choses terribles qui se sont passées dans sa vie. » L’antihéroïne plongera dans l’isolement et la drogue à 60 ans.

Monique Pagé (Albertine à 60 ans)

Pour Monique Pagé, ce projet représente quelque chose de bien plus grand qu’une simple transposition à l’opéra d’une histoire de femme déchue. « Notre projet parle des ressources des femmes, de la force de la femme et de la nécessité d’être solidaires et présentes les unes pour les autres. L’idée derrière la création d’un collectif féminin n’était pas contre les hommes, mais pour les femmes. On avait la volonté de se tendre la main et d’aller au-delà de nos différences pour raconter cette histoire où nous pouvons toutes nous reconnaître d’une manière ou d’une autre. Tout le monde a une Albertine dans sa vie : elle peut être notre mère, une tante, une cousine. C’est notre histoire à nous et c’est pour ça qu’on tient tant à la raconter. »

Si les dialogues sont tirés du texte original, les airs, pour leur part, sont écrits dans un effort de collaboration en s’inspirant du texte, ce qui permet aux interprètes d’exprimer les émotions de leurs personnages avec une plus grande liberté vocale. Un défi important pour les six interprètes sera de chanter dans la langue de Tremblay, plus proche du langage auquel elles sont habituées dans la vie de tous les jours, mais rarement utilisée dans un contexte opératique. 

Chantal Lambert (Albertine à 70 ans)

« Ç’a été une expérience merveilleuse pour moi de prendre la pièce et d’y trouver sa musicalité naturelle, dit Chantal Lambert. Tremblay a déjà cet instinct naturel dans sa façon de faire parler ses personnages. Finalement, nous avons seulement pris quelques libertés lors de l’élaboration du livret. »

L’œuvre, marquée par le drame, la rage, l’incompréhension et le déni du personnage principal, est également remplie d’espoir. « Albertine à 70 ans se donne une deuxième chance. Elle a vécu de grandes souffrances avant de revenir à la vie et elle s’y raccroche. Elle a décidé que sa surdose serait seulement sa première mort, qu’il y en aurait une deuxième qui serait sûrement la bonne, mais qu’entre-temps, elle était prête à se donner la chance d’être heureuse. Elle réalise finalement que dans d’autres circonstances, elle aurait pu faire de grandes choses. Je suis certaine que si Albertine à 70 ans vivait dans le monde d’aujourd’hui, elle serait le genre de femme qui mord dans la vie pour y trouver son bonheur. »

Albertine en cinq temps – L’opéra est une idée originale des Productions du 10 avril. Musique de Catherine Major sur un livret du Collectif de la Lune Rouge, regroupant Nathalie Deschamps, Chloé Ekker, Chantal Lambert, Monique Pagé et Catherine Saint-Arnaud. Présentée par l’initiative Femmes de la Banque Scotia, une vitrine sur l’œuvre en création sera disponible en webdiffusion du 19 au 23 août prochains. www.productionsdu10avril.com

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