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La lettre par laquelle la violoniste anglaise Tasmin Little m’annonce qu’elle se retirera dans deux ans, à 55 ans, arrive à peu près en même temps que sa dernière sortie d’album sur Chandos. Des disques de Tasmin Little, artiste prolifique dont les programmes s’écartent souvent des sentiers battus, on en a vu plusieurs ces dernières années. Celui-ci est composé de musiques écrites par des femmes – Amy Beach, Ethel Smyth et Clara Schumann – et il se dégage de l’ensemble une sensation de finalité qui rend son écoute encore plus poignante.
Aucune des deux premières compositrices mentionnées ne peut prétendre que sa carrière a été ruinée par les préjugés. Beach et Smyth sont issues de familles fortunées ayant des relations haut placées. Smyth a été appuyée par sir Thomas Beecham et Beach a joué plusieurs fois avec l’Orchestre symphonique de Boston. On sent cependant l’effort dans leur musique. Le tonus musical de Tasmin Little y insuffle plus de naturel. J’ai trouvé la paire de sonates – en la mineur – agréablement stimulante comme conversation musicale, avec John Lenehan, au piano, empathique plus qu’à souhait.
La pièce maîtresse des Trois romances de Clara Schumann, écrite au cours de la saison où elle a rencontré Brahms, a été dédiée à Joseph Joachim, grâce à qui le couple Schumann-Brahms s’est connu. Quand l’amour est dans l’air, il est facile de sentimentaliser à outrance. Ce duo le fait juste assez à mon goût, en rendant l’étincelle de la découverte et de l’excitation sans trop d’épanchement. De quoi prédire que Tasmin nous manquera une fois qu’elle aura accroché son archet.
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