Nastasia Khrushcheva : Normal Music (Melodiya)

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Melodiya
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Ni les notes de pochette ni Internet ne nous apprennent grand-chose sur la compositrice de cet album hypnotique et vaguement inquiétant du label d’État russe. La Russie vit une époque troublée, à la veille d’une guerre, et la musique prétend à une morne normalité. Sa compositrice a 34 ans, elle est professeure associée au département d’histoire de la musique étrangère du Conservatoire de Saint-Pétersbourg. Tout lien familial avec l’ancien dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev peut, ou non, être accessoire.

Je me demande ce que le vieux cogneur de soulier aurait fait de cette musique, dont la plupart des pièces sont écrites pour piano et orchestre à cordes. Les mélodies sont frugales et les rythmes monotones. C’est du minimalisme russe en force avec quelques tours d’échecs dans son sac. Contrairement à Glass, Reich, Adams, Górecki ou Pärt, ceci ne procède pas par petits pas progressifs vers un résultat non concluant.

CD Spotlight. Music as Manifesto. John Dante Prevedini ... Étant russe, la musique ici perd patience. D’abord avec elle-même, puis avec nous. Au moment où nous pensons savoir où Mme Khrouchtcheva veut en venir, elle laisse tomber la balle et part dans une autre direction. Aussi déstabilisant que cela puisse être, cela devient un modèle, puis une attente. Rien ici ne durera éternellement.

La pièce la plus importante est The Book of Grief and Joy, mais je suis également attirée par le court Trio in Memory of a Non-Great Artist. Imaginez cela. Si les organisateurs occidentaux étaient un peu moins nombrilistes, nous entendrions Khrouchtcheva dans les principaux festivals de cet été. D’un autre côté, il se peut que nous soyons en guerre à ce moment-là et que je prenne mes désirs pour des réalités. Mais si vous voulez savoir où va la musique russe à l’heure actuelle, voici une porte d’entrée brillante et cabossée.