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Grazyna Bacewicz : Symphonies 3 et 4; Concerto pour orchestre à cordes (Chandos)
Je commence à penser que Grażyna Bacewicz pourrait être la prochaine Mieczysław Weinberg. Pardonnez-moi si ces noms sont difficiles à prononcer pour les non-initiés au polonais, mais si vous vous êtes habitués à Szymanowski et Paderewski au fil des ans, vous pourrez certainement vous y faire. Weinberg s’est réfugié en Russie en 1939 et est devenu le compositeur le plus proche de Chostakovitch, bien qu’il ait été peu joué. Il est sorti de l’ombre dans les années 1990 et est aujourd’hui considéré comme indispensable. L’opéra de Weinberg, The Passenger, a été joué dans les plus grandes capitales et ses symphonies sont de plus en plus enregistrées.
Bacewicz, décédée en 1969, a vécu le communisme polonais et vu sa musique éclipsée par les forces régnantes de Lutosławski et de Penderecki. L’après-communisme a vu naître un regain d’intérêt.
3/5 : L’interprétation de Sakari Oramo de deux symphonies de l’ère stalinienne, écrites en 1952 et 1953, est un peu agitée dans les passages bruyants où les cuivres de l’Orchestre symphonique de la BBC font sauter quelques fusibles. Mais l’andante de la troisième symphonie et les deux adagios de la quatrième sont des passages merveilleusement introspectifs. En cette une zone privée, Bacewicz exprime des émotions sombres et troublantes. Lulu d’Alban Berg se cache quelque part dans la partition, tout comme Barbe-Bleue de Bartók, mais l’ensemble reste purement original. Je n’arrive pas à comprendre que l’Orchestre symphonique de la BBC n’interprète pas ces œuvres dans le cadre des Proms (j’ai une petite idée, bien sûr, mais c’est une autre histoire).
4/5 : John Wilson, dont le Sinfonia of London ne pourrait mal jouer même si on tentait de l’acheter avec des sucreries, a rassemblé sur disque le Concerto pour orchestre à cordes de Bacewicz avec des œuvres des compositeurs pour cordes Enescu et Ysaÿe. Si je vous assure que la partition de 1948 de Bacewicz est de loin la plus vibrante et la plus vigoureuse, vous commencerez peut-être à croire, comme moi, qu’il s’agit d’une compositrice de premier plan qui se doit d’être entendue aujourd’hui et pour toujours. C’est encore une fois l’andante tranquille qui retient l’attention, mais les 13 minutes de l’œuvre constituent un monde musical à part entière, que vous aurez certainement envie d’explorer.
Traduction par Andréanne Venne
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