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Gramola4
Comme la plupart des compositeurs de l’Union soviétique, Kancheli a occupé deux emplois, celui de directeur musical et celui de professeur, et a écrit des partitions sur commande pour des films du Parti, instantanément oubliables. Sauf que, dans son cas, si les films ont disparu de la mémoire collective, la musique a refusé de s’effacer. Kancheli, qui est mort l’année dernière à l’âge de 84 ans, a conservé ses meilleurs thèmes de films sous la forme d’un ensemble de 33 miniatures pour piano.
Vous savez comment la meilleure musique vous prend à la gorge et vous tient dans cet état jusqu’à ce que ce soit fini ? C’est ce que vous trouverez dans ces miniatures. Certaines sont pour piano solo, d’autres pour piano et flûte. Ostensiblement douce et relaxante, la musique transmet une tension intérieure, une menace mortelle non déclarée.
Kancheli a passé la plus grande partie de sa vie dans sa ville natale, Tbilissi, une capitale qui a explosé en guerre civile à la mort de l’Union soviétique. Son anticipation d’un danger non spécifique sans cause visible a plus de points communs avec Beckett et Pinter qu’avec n’importe quel artiste en Géorgie. La menace la plus efficace est le silence, le silence avant l’explosion. J’ai laissé ces œuvres en frémissant.
Ketevan Sepashvili, le remarquable pianiste de cet album, ajoute un ensemble Kancheli de 12 miniatures pour voix et piano avec la soprano Madina Karbeli. D’une durée d’une ou deux minutes, à peine plus que des aphorismes, elles troublent l’âme de la même manière que les joyaux du piano. Je suis très heureux que cette musique ait survécu. Je ne comprends pas pourquoi Kancheli n’est pas plus souvent joué.
NL
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