L’Hebdo Lebrecht | Gidon Kremer : Songs of Fate (ECM)

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En un demi-siècle d’activité discographique, ceci est l’album le plus personnel de Gidon Kremer. Fils d’un juif letton qui a perdu sa première famille à cause des nazis et qui s’est ensuite remarié avec une Germano-Suédoise, Gidon Kremer se demande souvent : qui suis-je ? À Riga, il a grandi avec l’antisémitisme soviétique et la suppression des identités nationales baltes. À Moscou, il a étudié avec David Oïstrakhet remporté le premier prix du concours Tchaïkovski en 1970. Dix ans plus tard, il s’installa en Allemagne, puis en France. Il vit toujours avec une valise à portée de main, parcourant le monde avec sa Kremerata Baltica.

Cet album réunit des compositeurs des pays baltes et le juif soviétique Mieczyslaw Weinberg, chouchou de Kremer. Le titre du morceau d’ouverture, This too shall pass, en dit long. Composé pour violon, vibraphone et orchestre à cordes par la Lituanienne Raminta Šerkšnytė, il évoque un terrain vague parsemé de bribes de mélodies.

Quatre œuvres de Giedrius Kuprevičius comprennent deux mises en scène du « Kaddish », la prière commémorative juive, l’une pour violon, l’autre lumineusement composé pour soprano et orchestre. Le Letton Jēkabs Jančevskis contribue à un ténébreux « Lignum » pour cordes et instruments ésotériques. Weinberg est représenté, entre autres, par un déchirant Nocturne de 1948 pour violon et orchestre à cordes et un ensemble de ballades yiddish. Plus qu’un musée de l’Holocauste, il s’agit d’un hommage vivant aux cultures détruites.

L’engagement de Kremer à jouer du violon à l’âge de 76 ans, alors que la plupart de ses collègues se sont tournés depuis longtemps vers la direction d’orchestre, montre à quel point il considère l’instrument comme sa voix personnelle. Au fil des décennies, son timbre s’est adouci, passant d’une précision digne des outils moscovites à une chaleur ronde et enveloppante. Ce disque austère et exaltant est empreint d’humanité et d’idéalisme. Je ne pense pas avoir déjà recommandé un nouveau disque comme étant essentiel. Celui-ci l’est.

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A propos de l'auteur

Norman Lebrecht is a prolific writer on music and cultural affairs. His blog, Slipped Disc, is one of the most popular sites for cultural news. He presents The Lebrecht Interview on BBC Radio 3 and is a contributor to several publications, including the Wall Street Journal and The Standpoint. Visit every Friday for his weekly CD review // Norman Lebrecht est un rédacteur prolifique couvrant les événements musicaux et Slipped Disc, est un des plus populaires sites de nouvelles culturelles. Il anime The Lebrecht Interview sur la BBC Radio 3 et collabore à plusieurs publications, dont The Wall Street Journal et The Standpoint. Vous pouvez lire ses critiques de disques chaque vendredi.

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