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Chandos4
Gustav Mahler, qui n’aimait pas les solistes provocants, aimait dire que son humeur s’emballait s’il voyait le nom de Busoni au programme. Le pianiste virtuose italo-autrichien à moitié juif et compositeur d’opéra ambitieux était un intellectuel et un bibliomane vorace qui pouvait parler philosophie toute la nuit, ponctuant sa conversation (comme sa musique) de blagues. Mahler l’aimait tellement qu’il a dirigé la première orchestrale de sa Berceuse à New York lors du dernier concert qu’il ait donné.
Ce récital du pianiste britannique Peter Donohoe est un réconfort qui tombe à point dans la morosité pandémique. En commençant par la Toccata en do majeur de Bach-Busoni − un favori de Horowitz et d’autres de l’Âge d’or −, il évolue en sept Élégies excentriques qui incluent, attention, le Greensleeves du roi Henri VIII parmi d’autres fragments de la version lyrique du Turandot de Busoni.
Sa Sonatina super Carmen est bien connue, mais non moins super… une aventure frénétique à travers les thèmes principaux de l’opéra de Bizet avec un doigté restreignant de Busoni pour freiner la libido déchaînée. Cela fonctionne, dans la mesure où les dernières pages sont assez dépressives.
Donohoe termine avec une autre toccata de Bach-Busoni pour restaurer le ton élevé. Son jeu est toujours un plaisir, notamment pour sa capacité à faire sonner un Steinway moderne comme s’il n’en était pas un. À la première écoute, j’ai pensé à un Bösendorfer du milieu du siècle et à la seconde écoute, à un Fazzoli peut-être. Il faut un pianiste vraiment original pour transcender les limites de ces mastodontes post-industriels.
NL
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