Neige sur Abidjan : pari réussi

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Neige sur Abidjan est le récit du voyage initiatique qu’Iannicko N’Doua a effectué en Côte d’Ivoire, son pays d’origine qu’il n’avait jamais connu. C’est un récit pudique qui raconte ses retrouvailles avec son père, narrées par le personnage du griot de la famille, au rythme d’un coupé-décalé justement revenu à la mode. Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, jusqu’au 23 novembre https://theatredaujourdhui.qc.ca/

Iannicko N’Doua a été élevé par une mère québécoise, son père ivoirien et ancien étudiant à l’UQAM ayant dû retourner dans son pays d’origine alors qu’Iannicko n’avait que 4 ans. Les spectateurs apprennent au fil de la pièce que les deux hommes ont réussi à maintenir un semblant de relation en dépit de la distance et du temps, sur plus de vingt ans, grâce aux lettres envoyées d’Abidjan pour marquer les anniversaires – et à de courts appels téléphoniques internationaux.

L’acteur malien Hamadoun Kassogué incarne notamment le griot. Crédit photo: Valérie Remise.

L’acteur malien Hamadoun Kassogué incarne notamment le griot. Crédit photo: Valérie Remise.

Iannicko N’Doua est accompagné sur scène par l’acteur et dramaturge malien Hamadoun Kassogué, qui combine des rôles au cinéma, à la télévision et au théâtre au Mali, en France, en Suisse et dans plusieurs pays africains. Hamadoun Kassogué incarne ici le griot, dépositaire de l’histoire familiale et par ses récits, des souvenirs de l’enfance d’Iannicko affleurent.

Coupé-décalé

Le public apprend ainsi que le père a dû rentrer au pays, forcé par le gouvernement ivoirien qui a décidé de ne plus assumer le coût de ses études. Et le retour de ce dernier en Côte d’Ivoire ne débouche malheureusement pas sur un poste qui lui aurait permis de faire venir sa famille en Afrique de l’Ouest. Au travers des commentaires laconiques du père, cet échec est traité avec délicatesse et humour.

Iannicko N’Doua exécute un « coupé-décalé » sur scène. Crédit photo: Valérie Remise.

Iannicko N’Doua exécute un « coupé-décalé » sur scène. Crédit photo: Valérie Remise.

Soutenue par des projections vidéo (Guillaume Vallée) qui frisent l’illusion d’optique, l’excellente scénographie (Max-Otto Fauteux) matérialise certains détails subtils du récit. Le mouvement (Frédérique Rodier, Zab Maboungou) évoque parfois les liens filiaux et le « coupé-décalé », un genre musical qui affirme son attachement aux biens matériels, au divertissement. Pour la diaspora subsaharienne, « couper » peut signifier « gagner de l’argent » et « décaler » l’envoyer par mandat au pays. Le longiligne Iannicko N’Doua, à qui son père a réclamé des fonds, exécute d’ailleurs avec brio une danse vers la fin du spectacle.

De l’intime à l’universel, Neige sur Abidjan développe les réflexions d’un jeune homme en quête de repères et la mise en scène de ce premier texte est réussie. Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, jusqu’au 23 novembre https://theatredaujourdhui.qc.ca/

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