Critique | Fables: monumentale Virginie Brunelle

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Avec ses douze danseurs, la chorégraphe Virginie Brunelle se penche, dans FABLES, sur le féminisme et rend hommage aux archétypes féminins contemporains. Sur les compositions de Philippe Brault et Laurier Rajotte, que ce dernier interprète avec maestria sur scène. Un spectacle visuellement et musicalement abouti. Jusqu’au 3 Décembre. Aussi disponible en webdiffusion en direct dansedanse.ca

Virginie Brunelle prépare depuis le printemps 2021 la création de FABLES, une œuvre dont la première mondiale a eu lieu en 2022 au Festival Lugano Dance Project (Suisse) dont Danse Danse est aussi producteur. Les amateurs de danse contemporaine et de musique classique contemporaine trouveront leur compte dans ce fabuleux spectacle qui marque une étape décisive dans la carrière pourtant déjà exceptionnelle de la chorégraphe québecoise.

Virginie Brunelle s’est inspirée pour FABLES des microsociétés utopiques du Monte Verità (Mont Vérité) qui prônaient, au début du XXsiècle, des notions égalitaires – que ce soit au niveau social ou des genres – mais aussi l’amour libre, le retour à la nature, le nudisme et même le véganisme. La chorégraphe a choisi d’aborder le thème du féminisme et le fait de façon grandiose, sculptant des personnages inoubliables, grâce à une danse théâtre des plus expressives qui se développe au fil de trois tableaux.

Les costumes qu’Elen Ewing a conçus pour Fables font partie de la scénographie. Avec Isabelle Arcand, Peter Trosztmer, Marine Rixhon. Photo © Raphaël Ouellet

Les costumes qu’Elen Ewing a conçus pour Fables font partie de la scénographie. Avec Isabelle Arcand, Peter Trosztmer, Marine Rixhon. Photo © Raphaël Ouellet

Le son au cœur de la production

Violoniste de formation, Virginie Brunelle a toujours porté une grande attention aux bandes son de ses spectacles. Le Quatuor Molinari accompagnait d’ailleurs sur scène Les corps avalés (2019), une pièce pour sept danseurs, déjà présentée par Danse Danse et qui est encore en tournée. Pour FABLES, la chorégraphe s’associe aux compositeurs Philippe Brault et Laurier Rajotte et pousse plus loin le travail de sonorisation, armant dès l’ouverture le danseur Peter Trotzmer d’une perche de son. Les souffles et les bruits affolants qu’il recueille s’imbriquent dans la trame sonore du spectacle et dans le spectacle de façon organique.

Puis, à l’arrière scène, à jardin, on devine Laurier Rajotte et son piano. Sa présence s’affirme au fil des deux tableaux suivants et le projecteur discret qui l’éclaire d’une pale lumière blanche se fait plus puissant et se double d’or. Femme montagne, femme furie, les archétypes féminins contemporains se succèdent, très évocateurs, mais ils sont néanmoins porteurs d’espoir. La femme est sanglée, censurée de toute part? Qu’importe! Elle se sert de ces contraintes comme de points d’appuis pour s’élancer vers l’avant. On entend les soupirs, les cris d’efforts, on voit et ressent le besoin de liberté, c’est viscéral.

Sophie Breton, Alexandre Carlos, Milan Panet-Gigon, Evelynn Yan, Nicholas Bellefleur, Peter Trosztmer dans le dernier tableau de Fables. Photo © Vanessa Fortin

Sophie Breton, Alexandre Carlos, Milan Panet-Gigon, Evelynn Yan, Nicholas Bellefleur, Peter Trosztmer dans le dernier tableau de Fables. Photo © Vanessa Fortin

Comme toujours dans les productions de Virginie Brunelle, le commentaire social et l’humour sont présents. Mais FABLES ne souligne rien au marqueur, la chorégraphe a souhaité que le public trouve son propre fil conducteur. Il faut se réjouir de voir la québécoise avoir les moyens de ses ambitions et diriger douze interprètes avec autant de brio. Mention spéciale à Laurier Rajotte, qui termine le spectacle dans une formidable apogée pianistique.

FABLES, de Virginie Brunelle. Jusqu’au 3 Décembre. Aussi disponible en webdiffusion en direct dansedanse.ca

Attention: ce spectacle contient de la nudité.

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