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Pour moi, la musique baroque… c’est un langage qui me parle de son époque, où l’art se veut raffiné, élégant, exubérant et profondément humain, puisque dédié aux passions humaines. L’interprète y est un artisan qui exerce un degré fascinant d’influence sur son médium, qu’il modèle selon ses talents, son inspiration.
C’est un langage codé, basé sur des conventions, qui dicte peu et sous-entend beaucoup. Il forme un cadre à l’intérieur duquel l’interprète peut s’exprimer avec une grande liberté, dialoguer avec créativité et spontanéité. Ornementation, nuances, agogique, tempi, parfois même choix d’instrumentation, sont à la discrétion de l’interprète, les limites décrites à l’époque étant inscrites dans cette énigmatique notion de « bon goût ».
C’est aussi un langage physique, gestuel, puisqu’une grande partie de cette musique est liée à la danse. Que ce soit pour faire danser ou comme source d’inspiration, ces arts sont interreliés. Arriver à soutenir ou à reproduire la puissance des gestes, à en évoquer la légèreté, le charme, le drame, la noblesse, les plaisirs villageois, la drôlerie, cela est un plaisir et un défi qui me plaît, m’anime.
Montréal et la musique baroque
Le milieu montréalais de la musique baroque m’a formée – baccalauréat en flûte à bec (Francis Colpron), maîtrise en viole de gambe (Margaret Little) et doctorat en pardessus de viole (Susie Napper) –, puis m’a donné la possibilité de me développer comme artiste au sein de ses divers ensembles, principalement le Consort de violes des Voix humaines, les Boréades de Montréal, la bande Montréal baroque, Sonate 1704 et l’ensemble Masques (maintenant actif principalement en Europe). Il est diversifié, hyperactif, créatif, et surtout il ose et il inspire. Finalement, ce milieu d’artistes entrepreneurs m’a menée à fonder mon propre ensemble, L’Harmonie des saisons, que je codirige avec mon partenaire, le chef et claveciniste Eric Milnes. Parmi les prochaines activités du groupe, une tournée de quatre représentations du Requiem de Mozart en collaboration avec le Festival Classica du 15 au 18 novembre, un concert au Festival Bach avec le contre-ténor Jakub Jozef Orlinski, un Messie de Haendel à New York et deux concerts au Festival Alte Musik de Regensburg.
La viole de gambe
Cousine des familles du violon et de la guitare, la viole de gambe est un instrument qui se décline en différentes tailles. Cette famille, aussi appelée consort de violes, fut extrêmement populaire et fort répandue à travers l’Europe de la Renaissance. Surtout consacrée à la musique savante et élégante, la viole fut prisée dans les milieux de la bourgeoisie comme de la noblesse. Cet attachement influença à la fois la musique écrite pour l’instrument et sa facture propre; de fait, les têtes furent embellies de sculptures, les tables de jeu de filets, les cordiers et les touches de décorations ou de marqueterie. La viole resta fort répandue et appréciée pendant la période baroque, puis s’effaça au profit du violoncelle.
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Mélisande Corriveau est saluée par la critique pour sa maîtrise musicale exceptionnelle. Habituée des grands festivals, elle enchaîne concerts et enregistrements tant en Amérique qu’en Europe. Sa discographie comprend plus de quarante titres. Son disque Pardessus de viole en duo avec le claveciniste Eric Milnes a obtenu un prix Opus et a été disque de l’année Radio-Canada et TOP 10 de la CBC, tandis que l’ensemble L’Harmonie des saisons a remporté le Juno en musique classique/vocale pour Las Ciudades de Oro.
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