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Pour la violoncelliste Noémie Raymond-Friset, la musique est une affaire autant de cœur que de technique. Pour elle, son instrument est un moyen de tisser des liens profonds avec des collaborateurs, des publics et même des communautés éloignées.
Née de parents mélomanes qui l’ont bercée de suites de Bach, Raymond-Friset a commencé le violon à l’âge de quatre ans. Trois ans plus tard, c’est le violoncelle qui l’interpelle. « J’ai trouvé mon instrument, se souvient-elle. Quelque chose dans la tonalité, le son et le registre me parlait vraiment. »
Au début de sa carrière, des mentors comme les super vedettes du violon Midori Gotõ et Pinchas Zukerman l’ont aidée à comprendre l’importance de regarder au-delà de la partition inscrite sur le papier. Sa participation à un programme communautaire à Boston, visant à « apporter la musique là où elle fait vraiment la différence », lui a donné l’occasion de se joindre à Midori en tournée. Ensemble, elles ont visité des communautés défavorisées dans différents pays, à commencer par le Cambodge.
Raymond-Friset s’est d’abord interrogée sur l’utilité de jouer du Mozart dans des environnements où il y a tant d’autres problèmes urgents. « Au début, cela m’a semblé idiot, admet-elle. Mais ce qui compte vraiment, c’est le lien créé. Cette expérience a changé ma façon d’aborder la musique et les concerts. » Aujourd’hui, avant de se produire, elle s’adresse toujours à son public pour créer une expérience commune. « La musique nous relie, mais le lien humain est tout aussi important. »
Aujourd’hui enseignante et mentore elle-même, son expérience en tant qu’interprète l’a profondément inspirée dans sa façon de guider les jeunes musiciens. Elle met l’accent sur l’introspection, encourageant les élèves à explorer le sens profond de la musique. « Poser beaucoup de questions, c’est essentiellement ce que j’ai fait dans ma carrière. »
Cette philosophie est au cœur de Dialogues, le dernier disque qu’elle a enregistré avec la pianiste Zhenni Li-Cohen. L’album explore les sonates de Sergueï Rachmaninov et de Rebecca Clarke, des œuvres qui ont accompagné le duo pendant des années avant l’enregistrement. « Il ne s’agit pas seulement des deux instruments, explique Raymond-Friset. Il s’agit des dialogues entre nous, les morceaux et le public. Le titre reflète l’approche du duo qui, en matière de collaboration, privilégie l’échange d’idées et d’émotions plutôt que la précision technique.
« Nous ne sommes pas vraiment des répétitrices techniques, explique Raymond-Friset. Il s’agit de se poser les grandes questions. Comment donner vie à la musique ? Comment interagir les uns avec les autres ? » Le résultat est un spectacle qui ressemble moins à un récital qu’à une conversation, où chaque voix est entendue et chaque nuance explorée.
La violoncelliste se réjouit de porter sa vision artistique et celle de Li-Cohen sur de nouvelles scènes. En mars, elles interpréteront Dialogues au Carnegie Hall, où elles joueront également en première une nouvelle sonate composée spécialement pour elles par le compositeur canadien Christian Thomas.
Pour les jeunes musiciens, son conseil est simple : « Mettez-vous de l’avant et entrez en contact avec les gens. Plus que jamais, le public veut connaître personnellement l’interprète. »
Noémie Raymond-Friset et Zhenni Li-Cohen joueront Dialogues en direct au Carnegie Hall le 20 mars. www.carnegiehall.com
Traduction : Andréanne Venne
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