Par Lucie Renaud
Soliste invité de l’Orchestre du Mariinsky sous Gergiev l’année dernière, il avait renversé public et critique dans son Troisième de Rachmaninov. Sous ses doigts, le redoutable concerto semblait d’une facilité désarmante, le pianiste transcendant littéralement les difficultés pour extraire de cette œuvre pyrotechnique une trame lyrique et même poétique, ses pianissimos plongeant l’auditeur dans un ravissement total. En rappel, Denis Matsuev avait opté pour la paraphrase virtuose du Barbier de Séville de Ginzburg (qu’on retrouve d’ailleurs sur son album Tribute to Horowitz), flamboyante, à la frontière (jamais franchie pourtant) du cabotinage, qu’il avait mâtiné de quelques clins d’œil personnels non dénués d’un certain humour.
Nous le découvrirons cette fois autre, dans un récital « à l’ancienne » qui comprend deux pierres angulaires du répertoire, l’« Appassionata » de Beethoven (enregistrée à ses débuts) et la Deuxième Sonate de Rachmaninov. Souhaitons qu’il sache démontrer sa subtilité dans la Sonate opus 142 de Schubert en début de programme. Il en jettera assurément plein la vue avec sa Méphisto-Valse (Matsuev reste l’un des rares pianistes d’aujourd’hui capable d’occulter la dimension tapageuse de ces pages) et réservera sans doute un petit bonbon ou deux aux amateurs en bis. Une grande soirée de piano en perspective!