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Mixer un démo piano-voix est essentiellement une affaire de goût, mais il y a toutefois quelques aspects techniques à ne pas négliger.professionnel.
Dans cet article, nous passerons en revue certains de ces aspects techniques afin d’aider les chanteurs qui s’aventurent eux-mêmes dans la production de leurs démos. Il serait dommage de gâcher une belle prise de son par ignorance de ces aspects techniques puisqu’ils peuvent faire toute la différence entre un rendu amateur ou professionnel.
Artistique et technique
Lors d’articles précédents, nous avons vu que la prise de son d’un duo piano-voix consistait souvent en deux types de placements de microphones : des microphones généraux et des microphones d’appoint. Chaque microphone ayant sa propre piste indépendante, au mixage il s’agira de combiner ces microphones avec potentiellement un ajout de réverbération artificielle (pour homogénéiser le tout ou pour compenser un manque de réverbération naturelle lors de la prise de son). L’utilisation de ces microphones, ainsi que la quantité et le type de réverbération, peut être considérée comme de l’ordre de l’artistique, puisque c’est plutôt une question de goût. La dernière fois, nous avons parlé de retard, de déphasage ainsi que du niveau sonore final du mix. Ici, nous abordons les filtres ainsi que la compression.
Filtrer l’inutile
Les filtres, ou égaliseurs, modifient la réponse en fréquence d’un son. Ils affectent donc le timbre d’un instrument. Ils peuvent aussi aider à nettoyer un mix sans en changer la texture. Il est simple et efficace d’appliquer des filtres qui permettent de nettoyer les bruits encombrants, non musicaux et non désirés (tels que la circulation automobile, le système de climatisation…). Par exemple, appliquer un filtre coupe-bas qui élimine tous les sons plus graves que 100 Hz ainsi qu’un filtre coupe-haute qui élimine tous les sons plus aigus que 14000 Hz permet d’alléger un mix et de le rendre moins agressant. L’élimination des bruits parasites dépend non seulement de la fréquence choisie, mais aussi de la raideur de la pente de coupure du filtre. Par exemple, un filtre avec une pente de 24 dB/octave sera plus efficace qu’une pente de 6 dB/octave. Par contre, un filtre avec une pente de 24 dB/octave sera plus « audible » qu’avec une pente moins raide. Puisqu’il est peu naturel pour l’oreille d’entendre un enregistrement lorsque toutes les fréquences en dessous de 100 Hz ont été éliminées, l’auditeur est porté à remarquer qu’un filtre est utilisé. Si la pente du filtre est moins raide (disons 6 ou 12 dB/octave), l’utilisation du filtre devient transparente pour l’auditeur. Le choix de la pente est un équilibre entre l’élimination des bruits parasites et la conservation du son « naturel » des instruments.
Dernier petit conseil : lorsque vous coupez dans les graves avec un filtre passe-haute, assurez-vous d’éliminer uniquement ce qui est en dessous de la fréquence de tonalité de la pièce musicale. Si votre pièce est en la, coupez uniquement les fréquences en dessous de 110 Hz, c’est-à-dire la fréquence de la. Si, par exemple, vous éliminez les sons en dessous de 150 Hz, vous êtes potentiellement en train d’éliminer la fréquence de tonalité la plus grave de votre morceau. De par son rôle dans le morceau, cette fréquence doit généralement être conservée intacte.
Compresser ou pas ?
Théoriquement, en musique classique, on ne devrait pas utiliser de compresseurs puisqu’ils réduisent la gamme dynamique de la prestation. En d’autres termes, un compresseur réduit l’écart entre les parties les plus fortes et les parties les moins fortes d’un enregistrement. Puisque les interprètes (pianiste et chanteur dans notre cas) suivent les indications de dynamique de la partition ou du chef d’orchestre, la présence d’un compresseur qui viendrait changer une partie fortissimo (ff) en forte (f) est déconseillée.
On peut alors se demander quel est l’intérêt d’utiliser des compresseurs. C’est qu’au mixage les compresseurs permettent d’atteindre un niveau sonore global plus élevé : le mix sera plus fort, un effet souvent recherché en musique pop, en publicité ou en film, par exemple.
Le compresseur fonctionne en deux étapes : d’abord, il atténue le niveau des parties de l’enregistrement qui dépassent un seuil choisi. Il affecte donc uniquement les parties fortes et laisse les parties moins fortes indemnes. Ensuite, le compresseur relève le niveau général de l’enregistrement.
Cela étant dit, un compresseur peut-être utilisé de façon subtile afin d’améliorer l’expérience pour l’auditeur sans vraiment altérer la musique. Il est possible de se servir uniquement de la fonction d’atténuation du compresseur afin de réduire une note aiguë de soprano qui saute un peu trop à l’oreille. Dans ce cas, le seuil est réglé afin que le compresseur n’intervienne que lorsque la note la plus forte est chantée.
Le compresseur peut aussi être appliqué uniquement sur les microphones généraux et non les microphones d’appoint. Cela a pour effet d’homogénéiser le niveau de la réverbération, puisque l’on retrouve plus de réverbération dans les microphones généraux que dans les microphones d’appoint. Par exemple, le microphone d’appoint, plus proche du chanteur, capte plus de voix que de réverbération; donc, en ne le compressant pas, on préserve la gamme dynamique originale de la prestation. C’est uniquement la réverbération qui se trouve modifiée par la compression; son niveau variera moins, ce qui peut-être bénéfique lors d’un enregistrement dans un lieu dont l’acoustique laisse à désirer.
Karim Blondy est directeur du programme audio au COLLÈGE MUSITECHNIC.
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