C’était un soir de grande première pour Rafael Payare. Le nouveau chef de l’Orchestre symphonique de Montréal inaugurait, le 10 août, l’édition 2022 de la Virée classique par l’habituel concert d’ouverture en plein-air sur l’Esplanade du Parc Olympique. Et pour sa toute première fois au festival de l’OSM, le Vénézuélien avait choisi de mettre en valeur la musique des Amériques, en particulier celle de son pays.
C’était certainement un programme comme l’OSM nous en a jamais proposé pour une inauguration de Virée classique. C’était aussi, dans notre souvenir, la première fois que l’on entendait autant de trompettes à un concert. Moins d’un an après le début de son mandat officiel à titre de directeur musical, Rafael Payare imprime sa marque, affirme sa différence par rapport au style Nagano.
Le concert a débuté tambours battants par le tempérament guerrier du quatrième mouvement, « Allegro con fuoco », de la Symphonie du Nouveau Monde de Dvořák. Pour le reste de la soirée, l’omniprésence des cuivres allait nous transporter sur des sentiers éloignés du répertoire classique auquel l’OSM nous avait habitué. Le trompettiste vénézuélien Pacho Flores, pour qui le Concerto Venezolano a été écrit, nous a fait l’honneur de sa présence pour interpréter cette œuvre virtuose du compositeur cubain Paquito D’Rivera, créée en 2019. Ce qui ressemblait à du jazz contemporain inusité au départ, puis à un rythme de tango déjà entendu mille fois, s’est transformé en véritable ambiance de fête sous l’impulsion des solos endiablés de Pacho Flores et de l’autre soliste présent sur scène, le guitariste et joueur de cuatro Héctor Molina, en état de transe. Cette démonstration de virtuosité a non seulement délivré l’orchestre, mais aussi le public qui a ovationné les musiciens.
La fête s’est prolongée avec les danses symphoniques extraites de West Side Story de Bernstein sous la baguette d’un Rafael Payare transfiguré, dirigeant l’OSM comme un escrimeur manie son épée au milieu du combat. Les deux dernières pièces au programme se mariaient bien avec la musique de Bernstein en termes de style et d’intensité. Toutefois, à mesure que la soirée avançait, elles paraissaient de plus en plus similaires et rester dans les mêmes tons. « The town is lit », extrait du cycle de mélodies Honey and Rue d’André Prévin, a révélé la voix puissante de la soprano Jeanine De Bique, de retour le 12 août à 21h et le 13 août à 12h45 pour deux autres prestations dans le cadre de la Virée classique. Enfin, Santa Cruz de Pacairigua du compositeur vénézuélien Evencio Castellanos a conclu cette fête musicale en faisant la part belle aux trompettes, aux flûtes et aux percussions.
Dans cette Amérique, la culture des Premières Nations était aussi représentée. Après la lecture d’un texte de Natasha Kanapé Fontaine, le public a eu droit à un chant déchirant de Jeremy Dutcher, un cri du cœur qui a mis en lumière le profond attachement de l’artiste à ses racines.
La Virée classique 2022 de l’Orchestre symphonique de Montréal. Du 12 au 14 août 2022. Pour la programmation complète des concerts en salle, visitez le www.osm.ca/fr/viree-classique-2022-en-salle/