Critique | Virée classique : Bruce Liu, l’artiste au piano

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Depuis sa victoire au concours Chopin en octobre 2021, Bruce Liu est un pianiste que le monde entier s’arrache. Le 13 août dernier, il était brièvement de passage à Montréal, dans le cadre de la Virée classique, pour interpréter Rhapsodie sur un thème de Paganini de Rachmaninov. L’occasion de voir en personne Bruce Liu confirmer son nouveau statut de vedette internationale.

Ce soir-là, le jeune pianiste a atteint de nouveaux sommets. Fidèle à ce qu’on avait pu entendre de lui sur enregistrement, il s’est montré tout aussi éblouissant dans les passages de virtuosité que dans les passages introspectifs. Fin technicien, Bruce Liu est apparu avant tout comme un artiste au piano. Il a donné à la musique un relief somptueux fait de contours soigneusement tracés, aussi bien dans les moments de grande retenue que dans les moments d’euphorie. Sous ses doigts, le mouvement acquérait sans cesse une nouvelle impulsion. On peut seulement regretter que son travail d’orfèvre ait été trop souvent enterré par la masse sonore de l’orchestre.

En recevant humblement les acclamations du public, Bruce Liu semblait vouloir dire qu’au fond, sa prestation n’était que peu de choses et qu’il était temps pour lui de retourner à son « atelier » perfectionner son art. Encore et toujours. Avant de quitter définitivement la scène, il a offert en rappel la brève Étude op. 10, no 5, de Chopin, démontrant une fois de plus l’étendue de son talent.

Au programme de ce concert, il y avait également Scorpius de Murray Schafer, une œuvre qui rappelle le primitivisme de Stravinsky, très dynamique avec ses nombreux changements rythmiques et dirigée brillamment par Rafael Payare. Comme à son habitude depuis le début de cette Virée classique, le chef vénézuélien a conclu la soirée par une composition venue d’Amérique du Sud. Inspirées de formes musicales issus de la période baroque, les Bachianas brasilieras d’Heitor Villa-Lobos ont été un feu d’artifice musical avec une fugue magistralement construite en guise de bouquet final.

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A propos de l'auteur

Justin Bernard est détenteur d’un doctorat en musique de l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur la vulgarisation musicale, notamment par le biais des nouveaux outils numériques, ainsi que sur la relation entre opéra et cinéma. En tant que membre de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM), il a réalisé une série de capsules vidéo éducatives pour l’Orchestre symphonique de Montréal. Justin Bernard est également l’auteur de notes de programme pour le compte de la salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal et du Festival de Lanaudière. Récemment, il a écrit les notices discographiques pour l'album "Paris Memories" du pianiste Alain Lefèvre (Warner Classics, 2023) et collaboré à la révision d'une édition critique sur l’œuvre du compositeur Camille Saint-Saëns (Bärenreiter, 2022). Ses autres contrats de recherche et de rédaction ont été signés avec des institutions de premier plan telles que l'Université de Montréal, l'Opéra de Montréal, le Domaine Forget et Orford Musique. Par ailleurs, il anime une émission d’opéra et une chronique musicale à Radio VM (91,3 FM).

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