Reportage | Troisième journée du CMIM : plusieurs duels à distance avant les demi-finales

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Dernière séance du CMIM avant les demi-finales, dans la catégorie Aria, et derniers coups d’éclat pour poursuivre l’aventure ! Le 27 mai dernier au soir, 4 candidats ont clôturé la série des premières épreuves, y compris des chanteuses que nous avions comptées parmi les favorites du concours.

Jingjing Xu a été chaudement applaudi en entrant sur la scène de la salle Bourgie. Dans une courte vidéo de présentation préenregistrée et projetée sur grand écran, la mezzo-soprano chinoise, qui a fait une partie de ses études à l’Université McGill, avait mis de l’avant la posture masculine qu’elle aurait le plaisir d’adopter dans Dopo notte de Händel. Or, une fois arrivée à cet air d’Ariodante, l’interprète n’a pas particulièrement osé quelque chose en plus. C’est un peu à l’image de son passage : De vraies qualités vocales, des aigus brillants, des coloratures qu’elle met au service d’une émotion, sans succomber à l’effet spectacle, des lignes qui, même répétées, ne se ressemblent jamais tout à fait, mais au final, une gestion sobre et mesurée de ses efforts. Cela pourrait lui porter préjudice pour la suite quand d’autres, comme la mezzo-soprano Ruby Dibble, font preuve d’un volontarisme à faire trembler les murs.

Junho Hwang a été le deuxième à s’élancer. Seul autre ténor de la compétition, avec Ricardo Garcia, le Coréen a démontré une palette expressive étonnante et un sens très raffinée de la ligne mélodique. Tout son amour du chant a été déversé dans Salut, demeure chaste et pure de Gounod, dernier air au programme. Oui, la voix est belle, les aigus sont solides, mais le plus admirable, c’est qu’avec lui la musique coule comme un filet de miel. Chapeau bas au pianiste Carson Becke d’avoir été en osmose parfaite avec la sensibilité de l’artiste.

Dans un tout autre style, Fanny Soyer a, elle aussi, su captiver le public par sa grande personnalité artistique. Son choix de pièces, de Gounod à Rameau en passant par Livingston, a permis de l’entendre dans des registres d’interprétation très différents. Impressionnante de facilité dans « Ah! Je veux vivre », extrait de Roméo et Juliette, la soprano française a exploité encore davantage son talent pour les nuances dans le Rameau. Elle s’est révélée comme une actrice hors pair, passant d’une émotion à l’autre en un rien de temps, mais toujours avec de l’humour piquant. Un vrai régal !

En offrant sa propre version de « I am the Wife of Mao Tse-tung », la soprano coréenne Yewon Han entrait en concurrence directe avec sa compatriote Jaeeun Shin qui, la veille à la même heure, s’était déjà frottée aux nombreux risques de cet air pour colorature. Sa voix était peut-être moins chaleureuse, moins veloutée, mais ses aigus étaient plus fermes, contrôlés, sans jamais donner le sentiment d’outrepasser ses limites vocales. Difficile de départager ces deux candidates…

Nouveaux pronostics

Au terme des 5 séances de la catégorie Aria, nous pouvons établir une liste de candidats susceptibles d’atteindre les demi-finales et la finale. Nos pronostics d’avant le concours ont été mis à mal, reconnaissons-le !

Voici les concurrents à qui je donnerais sans hésitation un ticket direct pour la finale, tant ils m’ont impressionné et ému (par ordre alphabétique) :

Chanhee Cho, baryton basse (Corée du Sud)
Junho Hwang, ténor (Corée du Sud)
Julia Muzychenko-Greenhalgh, soprano (Russie)
Theodore Platt, baryton (Angleterre, Russie)
Fanny Soyer, soprano (France)
Isabel Weller, soprano (Allemagne)

Et voici les 4 autres pour compléter les demi-finales. Hâte de les réentendre à leur meilleur dans cette catégorie :

Ruby Dibble, mezzo-soprano (États-Unis)
Ricardo Garcia, ténor (États-Unis, Nicaragua)
Laureano Quant, baryton (Colombie)
Jaeeun Shin, soprano (Corée du Sud)

Rendez-vous le 28 mai à 13h30 pour le début des épreuves du volet Mélodie. À surveiller : Katerina Burton, Ruby Dibble, Ricardo Garcia, Theodore Platt, Valentin Ruckebier, Isabel Weller et Jingjing Xu.