Reportage | 1ère demi-finale Aria du CMIM : Junho Hwang ressort gagnant

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Pour les deux demi-finales du volet Aria, le CMIM emménage à la Maison symphonique. La première avait lieu, 3 juin, avec un alignement de 5 candidats. L’acoustique différente de la salle et la présence de l’Orchestre symphonique de Montréal derrière eux ont jeté un nouvel éclairage sur leurs qualités vocales.

Chanhee Cho n’est pas apparu aussi percutent et dominateur, cette fois. Si sa voix portait bien dans la salle Bourgie, le baryton-basse coréen devait désormais rivaliser avec non pas avec un piano, mais tout un orchestre. Dans « Why Do the Nations », extrait du Messie de Händel, ses ornementations ont été réalisées avec soin, mais elles l’ont aussi contraint à chanter moins fort. Il faut dire que le chef invité Patrick Summers n’a pas nécessairement cherché à accommoder le chanteur en mettant l’orchestre davantage en retrait. Cette concurrence de volume était assez évidente dans « La calunnia », du Barbier de Séville. En revanche, « Vous qui faites l’endormie », air tout aussi célèbre pour basse, a révélé que l’interprète était capable de mieux faire résonner sa voix dans des pianos, grâce à une plus grande richesse de timbre, que dans des passages forte, où sa voix semblait davantage étriquée. Un paradoxe, pas uniquement dû à l’accompagnement plus léger de l’orchestre…

Fanny Soyer, soprano; Patrick Sommers, chef invité, avec l’Orchestre symphonique de Montréal. Photo: TamPhotography

La soprano Fanny Soyer a démontré un excellent niveau dans le medium et le registre aigu, virtuose dans l’exécution des coloratures de « Exsultate, jubilate » de Mozart, malgré un léger stress dans l’un des plus hauts sommets de cet air sacré. Toutefois, son registre grave manquait de timbre, même pour une soprano. Elle a fait preuve d’autres belles qualités dans « Heimliche Aufforderung » de R. Strauss, très généreuse dans le phrasé. Enfin, dans « No Word from Tom » de Stravinsky, la chanteuse a été particulièrement touchante et expressive grâce notamment à sa voix enveloppante, planant aisément au dessus de l’orchestre. Son accession en finale serait amplement mérité.

Junho Hwang, lui, a été le candidat le plus fort de la soirée. Il serait très surprenant qu’il ne poursuive pas l’aventure au CMIM tant il impressionne par sa solidité technique et son sens artistique. Le ténor coréen a été d’une émotion déchirante dans « Kuda, kuda » de Tchaïkovski. Un air d’Elijah de Mendelssohn a été une excellente deuxième pièce à son répertoire, témoignant d’une belle qualité d’anglais et d’une musicalité toujours aussi fluide et naturelle. « Lunge da lei », extrait de La Traviata, a conclu son passage en demi-finale de manière spectaculaire. Un vrai régal pour le public présent, qu’on espèrerait toujours plus nombreux.

Les deux dernières candidates de la soirée, Jingjing Xu et Katerina Burton, ont livré des prestations solides, mais pas aussi enlevantes que d’autres à ce concours. La mezzo-soprano chinoise n’a pas su exploiter pleinement son potentiel artistique et technique. Comme lors des premières épreuves, on sent qu’elle ménage encore sa voix pour plus tard, mais ce faisant, elle prend le risque d’une élimination. Il n’y a pas que du mauvais à cela. Sa retenue dans « Près des remparts de Séville » offrait paradoxalement un choix original d’interprète qui est à mettre à son crédit. Par contre, « Können Tränen meiner Wangen », extrait de La Passion selon Saint-Matthieu, a fait presque autant, sinon plus, fait entendre l’orchestre que la chanteuse. Le meilleur moment du passage de Mme Xu reste « Parto, ma tu ben mio » de Mozart, où l’on a senti à la fois de la virtuosité et plus d’engagement dans un duo charmant avec le clarinettiste de l’OSM, Todd Cope.

La soprano américaine a, elle, offert une belle présence et de vifs moments d’émotion dans « Come in quest’ora bruna », extrait de Simon Boccanegra, mais il lui manque une empreinte artistique qui la démarque des autres concurrents.

La seconde demi-finale a lieu ce soir, le 4 juin, à 19h30 à la Maison symphonique.

Pour toute la programmation, les billets et le profil des candidats, visitez le https://concoursmontreal.ca/fr/voix-2025/

Lire aussi: Pleins feux | CMIM Voix 2025 pour des reportages, articles et liens aux vidéos

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A propos de l'auteur

Justin Bernard est détenteur d’un doctorat en musique de l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur la vulgarisation musicale, notamment par le biais des nouveaux outils numériques, ainsi que sur la relation entre opéra et cinéma. En tant que membre de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM), il a réalisé une série de capsules vidéo éducatives pour l’Orchestre symphonique de Montréal. Justin Bernard est également l’auteur de notes de programme pour le compte de la salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal et du Festival de Lanaudière. Récemment, il a écrit les notices discographiques pour l'album "Paris Memories" du pianiste Alain Lefèvre (Warner Classics, 2023) et collaboré à la révision d'une édition critique sur l’œuvre du compositeur Camille Saint-Saëns (Bärenreiter, 2022). Ses autres contrats de recherche et de rédaction ont été signés avec des institutions de premier plan telles que l'Université de Montréal, l'Opéra de Montréal, le Domaine Forget et Orford Musique. Par ailleurs, il anime une émission d’opéra et une chronique musicale à Radio VM (91,3 FM).

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