La série OSM POP donne lieu à des collaborations parfois très heureuses entre les mondes de la musique classique et de la musique pop. Et c’est bien le cas cette semaine. Du 12 au 16 février, la Maison symphonique a pris le rythme endiablé de la comédie musicale Don Juan en version concert symphonique. La Scena musicale y était mercredi, veille de Saint-Valentin.
Tous les ingrédients y étaient ou presque : des musiciens et des chanteurs à leur plus haut niveau, une large palette d’émotions sur scène, un public conquis et enthousiaste.
En ouverture de concert, Simon Leclerc, chef associé des concerts Pop, a proposé un arrangement pour orchestre de divers thèmes musicaux extraits de Don Juan. Un arrangement sans grande originalité, qui reprend les conventions de musique de film hollywoodienne. Il faut dire, à sa décharge, que la musique de Don Juan a assez peu de matière à offrir, au delà des 30 premières secondes d’une chanson. En revanche, son auteur Félix Gray a excellé dans l’écriture des paroles.
Mais l’essentiel était ailleurs. Les chanteuses et chanteurs se sont succédé pour interpréter les plus grandes chansons et les numéros d’ensemble les plus connus de cette comédie musicale. Chacun s’est illustré à sa manière. Mario Pelchat (Don Carlos) avait le charme d’un crooner, Cassiopée (Isabel), la sensualité et l’assurance d’une danseuse de flamenco, Cindy Daniel (Elvira), la fragilité et la profondeur d’un personnage marqué par les épreuves de la vie. Robert Marien (Don Luis) avait pour lui la maturité et l’autorité associées au grand âge, Jean-François Breau (Don Juan), le feu et la passion d’un séducteur, Philippe Berghella (Raphaël), une présence à la fois magnétique et menaçante. Plus tard, Marie-Ève Janvier (Marie) s’est jointe aux autres membres de la distribution avec une voix touchée par une grande bonté, mêlant force et sensibilité.
Jean-François Breau et Cassiopée ont été au sommet de leur art. Non seulement par la maîtrise de leur voix, brillante comme un métal, mais aussi par l’aisance de leurs mouvements sur scène. On aurait aimé entendre Robert Marien davantage; ce n’est malheureusement pas en jouant le père de Don Juan que l’on obtient le plus de solos. Une seule chanson nous aura pourtant suffi pour juger de la qualité de cette belle voix de baryton.
Marie-Ève Janvier a longtemps été sur une ligne de crête. Malgré l’aplomb de sa voix, elle donnait de temps à autres des signes de fragilité. Jamais très loin du précipice. Et c’est justement là que résidait la force de sa performance. On retiendra le duo émouvant « Seulement l’amour » avec le Don Juan de la soirée – Jean-François Breau est aussi le partenaire de la chanteuse dans la vraie vie. Moment de grande sincérité lorsqu’on imagine Marie elle-même troublée par son amoureux. Quand la réalité rejoint la fiction, ou vice versa.
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Don Juan symphonique sera présenté les 8 et 9 mars prochains au Grand-Théâtre de Québec. INFOS ICI