Éducation supérieure : à quoi ressemblera la rentrée ?

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La pandémie de COVID-19 a bouleversé la fin de session des étudiants dans les universités et les conservatoires. La rentrée des classes se tient dans des conditions tout aussi exceptionnelles, cette année. Elle s’accompagne de nouvelles mesures pour garantir la santé et la sécurité de tous, sans compromettre la qualité de l’enseignement. Ces mesures ont été décrétées notamment à la suite de la mise en œuvre par le gouvernement du Québec, le 18 juillet dernier, du port obligatoire du masque dans tous les lieux publics fermés, y compris les campus universitaires.

Chaque institution s’est alignée, comme il se doit, sur les directives gouvernementales, mais des approches sensiblement différentes ont néanmoins pu être constatées pour faire face à la crise sanitaire. Tour d’horizon de l’enseignement supérieur dans un contexte où la menace d’une deuxième vague de contamination n’est toujours pas écartée.

Université de Sherbrooke : des cours en présentiel et plus encore

Dans une vidéo publiée sur la plateforme YouTube, le recteur de l’Université de Sherbrooke, Pierre Cossette, a souhaité répondre aux nombreuses interrogations et inquiétudes au sujet de la rentrée scolaire : « Il y a une tonne de mesures qui sont prises. […] Toutes les classes seront réorganisées. C’est beaucoup de travail, mais on veut être prêts. Il y aura des midis animés, des concerts. On veut que le campus soit vivant, que ce soit une expérience globale pour nos étudiantes et étudiants, mais aussi pour nous-mêmes. »

En ce qui concerne plus particulièrement l’École de musique de l’UdeS, sa directrice, la professeure Jacinthe Harbec, espère une rentrée pas si différente des autres années. « Tous les cours de 1er cycle seront en présentiel dans cette rentrée d’automne 2020 qui se veut festive ! Festive puisque nous serons très heureux de retrouver nos étudiantes et nos étudiants ainsi que l’équipe enseignante après cette longue période de confinement vécue en fin du semestre d’hiver. […] Pour les cours de pratique instrumentale, l’École de musique a plusieurs grands plateaux de répétition pour permettre de faire de la musique d’ensemble. À ce sujet, les chefs des grands ensembles (ensemble vocal, orchestre symphonique, ensemble à vents et stage band) ont fait preuve de créativité pour rendre possible cette activité sur place tout en respectant la distanciation. Ils profitent de l’occasion pour constituer des sous-ensembles. Ce faisant, les étudiantes et étudiants se retrouveront à travailler différemment la musique d’ensemble puisque leur contribution personnelle au sein de celle-ci sera plus engageante. Comme il n’est pas prévu de tenir des concerts, les musiciens des ensembles vivront l’expérience d’une prestation en présence de caméras en vue d’une diffusion Web ou d’un enregistrement vidéo », explique-t-elle dans un long entretien disponible sur le site Internet de l’École de musique.

Bishop’s favorable aux cours en présentiel

Les cours dispensés sur le campus de l’Université Bishop’s de Lennoxville auront bel et bien lieu en présentiel, peut-on lire sur son site Internet. Conformément aux mesures sanitaires mises en place par les autorités québécoises, les étudiants devront notamment observer entre eux une distance d’au moins 1,5 mètre une fois assis. Afin de prévenir toute propagation du virus, les résidences universitaires seront également aménagées en conséquence et n’offriront que des chambres individuelles.

Le couvre-visage sera obligatoire à l’entrée et pour circuler dans tous les couloirs de Bishop’s ainsi que dans les zones ouvertes des bâtiments. L’université s’aligne sur les recommandations de la direction de la santé publique et encourage fortement le port du couvre-visage dans les classes ainsi qu’au poste de travail. 

L’Université d’Ottawa rouvre son campus

Bien que le télétravail demeure la norme pour la majorité des membres de la communauté universitaire, certains chercheurs ont été autorisés à réintégrer leurs laboratoires. Les activités de recherche sur le campus se sont intensifiées durant l’été et les plans facultaires pour un retour progressif ont été approuvés. D’autres secteurs d’activité, notamment les résidences universitaires, ont également vu le rythme de leurs opérations s’accroître en prévision du trimestre d’automne. L’UOttawa a annoncé qu’un nombre restreint d’étudiants reviendraient sur le campus, sans toutefois préciser les raisons ou les conditions d’admissibilité en présentiel.

L’université ontarienne recommande fortement à son personnel de travailler à distance dans la mesure du possible. Outre les mesures d’hygiène et de santé qui ont été décrétées, il est important de noter que les rassemblements de plus de cinq étudiants, lors des pauses et autres interactions sociales, sont interdits. De plus, l’UOttawa invite les membres du personnel et de la communauté étudiante à rapporter aux autorités compétentes les cas de non-conformité.

Mauvaise nouvelle pour les conférenciers étrangers. À la lumière des directives de santé publique et pour assurer la santé et la sécurité des membres de sa communauté, toutes les conférences et rencontres organisées par l’université qui concernent des participants en provenance de l’extérieur de la capitale sont annulées jusqu’à la fin du mois d’octobre, apprend-on sur le site de l’UOttawa. De plus, depuis le 1er septembre, les membres de la communauté universitaire peuvent accueillir des événements spécifiques, à condition que ceux-ci ne rassemblent que des participants locaux. Ces activités doivent respecter les directives de santé publique et, jusqu’à nouvel ordre, aucun événement organisé par un groupe externe ne sera permis.

L’UdeM se montre plus prudente

« Chaque semaine qui passe nous éloigne un peu plus de la normalité que nous avons connue, et le printemps qui arrive amplifie le sentiment d’étrangeté que nous partageons depuis quelque temps avec les citoyens du monde entier. » C’est ainsi que commence la lettre du recteur de l’Université de Montréal, Guy Breton, adressée aux membres du corps enseignant et de l’équipe administrative en mai dernier. « Un trimestre universitaire nécessite un niveau de préparation élevé et celui de l’automne prochain s’annonce comme un véritable défi organisationnel », prévenait-il.

Le trimestre de l’automne 2020 se tient en très grande partie à distance. Seuls certains cours ou certaines portions de cours peuvent se donner sur le campus. Il s’agit d’une décision prise d’abord dans l’intérêt de la santé de la communauté étudiante et de la population en général, précise M. Breton. Il faut dire que l’île de Montréal a connu la plus forte concentration de cas confirmés au Québec. « Notre objectif est de réduire la densité de la population sur nos campus, en limitant au strict nécessaire la présence d’étudiants et d’employés sur le campus. »

La faculté de musique, elle aussi, s’est adaptée à la nouvelle réalité. Désormais, la salle Claude-Champagne est équipée d’une large plateforme au parterre qui permet de doubler la superficie de la scène et ainsi de garantir la distanciation physique entre les musiciens (2750 pieds carrés, ce qui correspond à peu près à la superficie de la scène de la Maison symphonique de Montréal). Il est prévu que cette scène agrandie servira aux captations audiovisuelles, auxquelles doit collaborer le département d’études cinématographiques. Les concerts se retrouveront donc en ligne et offriront aux étudiants, malgré le contexte actuel, un lieu où ils peuvent poursuivre leur pratique instrumentale.

Pour le semestre d’automne, à moins d’un avis contraire, l’UdeM continue de privilégier le travail à distance lorsque possible.

McGill ferme son école de musique

À mesure que le nombre de cas confirmés diminue et que certaines règles n’ont plus à s’appliquer, l’Université McGill envisage à nouveau la tenue d’activités sur le campus. Toutefois, pour la cohorte d’étudiants internationaux se pose la question de l’équité et de l’accessibilité. « Nous admettons que nos étudiants ne pourront pas tous être présents à Montréal. C’est pourquoi toute activité sur le campus, relative à la vie étudiante ou à l’apprentissage en classe, sera aussi offerte en ligne », peut-on lire sur le site Internet de l’institution d’enseignement. Plusieurs options sont sur la table : des laboratoires virtuels, des simulateurs et une variété de ressources multimédia.

Du côté de l’École de musique Schulich, McGill a pris la décision difficile de fermer, jusqu’à nouvel ordre, tous les bâtiments concernés (studios, bibliothèques, laboratoires, bureaux, salles de concert, salles de répétition, etc.). Néanmoins, sous des conditions strictes d’hygiène et de santé, un accès prioritaire aux locaux de pratique peut être accordé aux étudiants qui ne possèdent pas leur instrument (pianistes, percussionnistes, organistes ou clavecinistes) ainsi qu’à ceux qui n’ont pas le loisir de pratiquer à domicile.

La plupart des grands ensembles sont suspendus cet automne. Cela comprend l’Orchestre symphonique de McGill, l’Orchestre à vent de McGill, l’Ensemble contemporain de McGill, l’Orchestre baroque de McGill et tous les chœurs. L’Opéra McGill et tous les ensembles de jazz sont offerts à distance. La plupart des cours pour petits ensembles ne sont pas offerts dans leur format habituel, mais le jeu d’ensemble est traité dans le cadre d’une série de cours de perfectionnement technique à distance et adapté à chaque style. Tous les étudiants se connectant à distance pourront répondre à toutes les exigences. Des combos de jazz seront proposés à distance et se concentreront sur des projets d’enregistrement utilisant les plateformes en ligne actuelles. En ce qui concerne les cours qui ne peuvent être donnés autrement qu’en présentiel, la taille des locaux a été davantage précisée. Par exemple, un cours de chant avec un professeur et un élève doit se donner dans une salle ayant une superficie supérieure à 500 pieds carrés.

Les mesures sanitaires au Conservatoire se précisent

La menace d’une deuxième vague n’étant toujours pas écartée, les horaires de cours pratiques et de répétitions, à McGill comme au Conservatoire de musique de Montréal, devront être ajustés en fonction des disponibilités des salles de grande taille. Les professeurs d’instruments à vent et de chant devront enseigner dans des espaces beaucoup plus grands afin de diminuer au maximum les risques d’infection par gouttelettes provenant de la bouche des flûtistes, trombonistes, clarinettistes, chanteurs, etc. Tous les membres du corps enseignant et de la communauté étudiante ont l’obligation de respecter, en tout temps, une distance de 2 mètres entre eux, à l’intérieur des bâtiments, et une distance plus grande encore dans les cours. Ils sont protégés par des plexiglas et des visières pour le visage. Des masques sont également mis à leur disposition.

Il a été précisé que tous les cours théoriques se donneraient en ligne et que tous les cours d’instruments se tiendraient en présentiel, à condition que les mesures de distanciation soient strictement respectées. Le nombre maximum de personnes permises, au cours d’une même activité, doit être indiqué sur la porte de chaque local. L’enseignement du piano aura ses contraintes spécifiques. Pour un cours individuel, le professeur et l’élève seront chacun à son propre piano et le professeur ne pourra pas donner d’exemple à même le clavier de l’élève. Pour les autres musiciens et professeurs qui ne sont pas dans cette configuration, le partage d’instruments est évidemment exclu. À noter, enfin, que les étuis et boîtes d’instruments devront être placés sous la chaise de l’élève.

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A propos de l'auteur

Justin Bernard est détenteur d’un doctorat en musique de l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur la vulgarisation musicale, notamment par le biais des nouveaux outils numériques, ainsi que sur la relation entre opéra et cinéma. En tant que membre de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM), il a réalisé une série de capsules vidéo éducatives pour l’Orchestre symphonique de Montréal. Justin Bernard est également l’auteur de notes de programme pour le compte de la salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal et du Festival de Lanaudière. Récemment, il a écrit les notices discographiques pour l'album "Paris Memories" du pianiste Alain Lefèvre (Warner Classics, 2023) et collaboré à la révision d'une édition critique sur l’œuvre du compositeur Camille Saint-Saëns (Bärenreiter, 2022). Ses autres contrats de recherche et de rédaction ont été signés avec des institutions de premier plan telles que l'Université de Montréal, l'Opéra de Montréal, le Domaine Forget et Orford Musique. Par ailleurs, il anime une émission d’opéra et une chronique musicale à Radio VM (91,3 FM).

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