Critique: L’Orchestre de l’Agora à la fête dans les Concertos brandebourgeois

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Dimanche 28 novembre, l’Orchestre de l’Agora sous la direction de Nicolas Ellis nous conviait à une aventure musicale à travers les 6 Concertos brandebourgeois dans le cadre du Festival Bach Montréal. Sous l’effet des projecteurs, les voûtes de l’Église St. Andrew & St. Paul baignaient dans une couleur rouge – la couleur que s’est donné le festival depuis maintenant plusieurs années – et nous plongeaient dans une atmosphère mystique.

À chaque nouvelle interprétation de ces 6 concertos, une formation différente mettait en valeur une pluralité de solistes. Les courtes pauses entre les œuvres permettaient autant aux artistes de reprendre leur souffle que de changer de disposition sur scène. En introduction, Nicolas Ellis a comparé cela à une fête qui donnerait à tous les musiciens l’occasion d’exprimer leur talent et leur virtuosité.

C’est en effet l’impression que nous avons eu. Si l’on fait abstraction de l’écriture baroque, ce concert allait l’allure d’une session jazz comme lorsque le claveciniste Luc Beauséjour a entamé son long solo dans le Concerto brandebourgeois no 5. Une fois qu’il eut terminé, on aurait eu envie d’applaudir.

Dans l’ensemble, les solistes se sont très bien illustrés. Comme le faisait remarquer fort justement le chef d’orchestre de l’Agora, on ne pouvait pas ce groupe de musiciens aux quelques noms figurant dans le programme. Pourtant non mentionnée, la hautboïste Élise Poulin a tenu brillamment son rôle dans les Concertos nos 1 et 2. Les flûtistes, notamment Vincent Lauzer et Noémie Caron-Marcotte, étaient au rendez-vous du Concerto no 4, mêlant parfaitement leurs voix l’une à l’autre. De son côté, la violoniste Julie Triquet nous a fait forte impression en enfilant les notes de sa partition à la vitesse de l’éclair. Également à son avantage dans le Concerto no 2, celle-ci n’a toutefois pas joué de manière aussi convaincante dans les premières œuvres du programme. Enfin, dans ce même concerto, c’était au tour de Stéphane Beaulac à la trompette de faire une entrée remarquée. Il a relevé haut la main le défi de naviguer habilement dans le registre suraigu de son instrument. Difficile, à ces hauteurs-là, de produire des sons qui ne soient pas trop étriqués..

Pas de rappel pour cette soirée d’intégrale, mais des applaudissements nourris de la part du public venu en très grand nombre.

Le festival Bach se poursuit jusqu’au 5 décembre avec son concert de clôture qui verra Nicolas Ellis diriger l’Orchestre métropolitain à la Maison symphonique dans le Concerto pour deux violons de Bach ainsi que dans des œuvres de son fils Jean Chrétien et Felix Mendelssohn. Pour tous les détails de la programmation restante, visitez le festivalbachmontreal.com

 

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A propos de l'auteur

Justin Bernard est détenteur d’un doctorat en musique de l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur la vulgarisation musicale, notamment par le biais des nouveaux outils numériques, ainsi que sur la relation entre opéra et cinéma. En tant que membre de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM), il a réalisé une série de capsules vidéo éducatives pour l’Orchestre symphonique de Montréal. Justin Bernard est également l’auteur de notes de programme pour le compte de la salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal et du Festival de Lanaudière. Récemment, il a écrit les notices discographiques pour l'album "Paris Memories" du pianiste Alain Lefèvre (Warner Classics, 2023) et collaboré à la révision d'une édition critique sur l’œuvre du compositeur Camille Saint-Saëns (Bärenreiter, 2022). Ses autres contrats de recherche et de rédaction ont été signés avec des institutions de premier plan telles que l'Université de Montréal, l'Opéra de Montréal, le Domaine Forget et Orford Musique. Par ailleurs, il anime une émission d’opéra et une chronique musicale à Radio VM (91,3 FM).

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