¡Viva Maestro!
Ted Braun, réalisateur
Equinoxe Films, 2022
Après deux documentaires en 2016 et 2017, notamment sur la situation géopolitique au Darfour, Ted Braun nous revient avec une autre de ses réalisations : Viva Maestro, long-métrage qui retrace les récentes années pré-pandémie du chef d’orchestre vénézuélien Gustavo Dudamel. Celles-ci ont été marquées à la fois par les actes de répression du régime de Nicolás Maduro menés contre les soulèvements populaires au Vénézuela ainsi que par la mort de José Antonio Abreu, figure historique de l’institution El Sistema et mentor de Dudamel.
Quand un Maestro en cache un autre
On comprend après un certain temps que le documentaire se veut un hommage à Abreu et à ce système d’insertion et même de transformation sociales par la musique qu’il a fondé en 1975.
Les reportages sur Dudamel et son implication en tant que directeur musical de l’Orchestre symphonique Simón Bolívar ont été nombreux. Pour l’essentiel, ce documentaire est donc quelque chose de déjà vu avec toutefois quelques aspects qui sortent de l’ordinaire. On apprécie le fait que le point focal ne soit pas en permanence sur le chef vénézuélien, mais aussi sur quelques profils de jeunes musiciens d’orchestre: un tromboniste dont la famille toute entière joue de cet instrument, un violoniste qui a intégré le Philharmonique de Berlin, une contrebassiste qui évoque avec émotion l’héritage inestimable d’Abreu. Un jour, on espère voir aussi le parcours de Rafael Payare, nouveau chef de l’Orchestre symphonique de Montréal et qui a reçu comme eux sa formation grâce à El Sistema.
Pour le reste, Viva Maestro ne nous informe pas assez sur l’apport d’Abreu au développement social et culturel de son pays, les évolutions de l’institution jusqu’à aujourd’hui. On aurait aimé aussi avoir plus de détails sur la pression exercée par le gouvernement tant sur les musiciens qui ont préféré quitter l’orchestre que sur Dudamel qui s’est vu interdire l’entrée sur le territoire vénézuélien. La présence d’un narrateur aurait permis de clarifier beaucoup de choses. Or, Ted Braun a choisi d’accumuler les témoignages convenus sur le pouvoir de la musique, arme imparable contre la violence et la guerre. Sur la situation politique du pays, les paroles de musiciens sont sibyllines et un documentaire ne peut raisonnablement pas en rester là. Comprenne qui pourra !