Le 19 septembre dernier, marquait à la fois le lancement de la nouvelle saison 2021-2022 de la salle Bourgie et le dixième anniversaire de ce lieu inauguré officiellement lors d’un concert le 28 septembre 2011 et devenu rapidement incontournable sur la scène montréalaise.
Et quoi de mieux, pour lancer les festivités, qu’un concert-anniversaire avec l’orchestre de chambre Les Violons du Roy, qui figure parmi les tous premiers ensembles à s’y être produits, et l’Orchestre symphonique de Montréal. En préambule, la directrice générale et artistique d’Arte Musica et de la salle Bourgie, Isolde Lagacé, a rappelé que l’OSM avait fait également partie de l’aventure “depuis la 1ère heure”.
Le programme de ce concert-anniversaire était donc divisé en deux parties, l’une assurée par Les Violons du Roy, dans un répertoire typiquement baroque, et l’autre par les musiciens de l’OSM, sous la direction de leur nouveau chef Rafael Payare, dans des œuvres de la période romantique.
Après plus de 18 mois d’absence, Jonathan Cohen faisait son grand retour à la salle Bourgie et avec l’orchestre dont il est le directeur musical attitré. Les Violons du Roy ont débuté par le Concerto brandebourgeois no 4 de Bach, célèbre pour son duo de flûtes et violon, et ont poursuivi avec la Suite no 3 extraite de la Water Music de Haendel, qui fait aussi la part belle aux flûtes. Dans les faits, Vincent Lauzer et Caroline Tremblay, aux flûtes à bec, et Ariane Brisson, à la flûte traversière, ont bien trop souvent été écrasés par le poids des cordes. Dans l’œuvre de Bach, le violon solo Pascale Giguère a fait parler son ardeur et sa virtuosité, avec brio certes, mais parfois avec excès.
Les Violons du Roy ont opté pour une posture debout, ce qui leur conférait incontestablement du dynamisme et de la fraîcheur. Les musiciens de l’OSM, quant à eux, jouaient assis. Dans ce cas-ci, c’est plutôt leur chef, Rafael Payare, qui donnait de l’impulsion et de la fougue, notamment par sa liberté de mouvements et sa grâce.
Au programme de cette seconde partie, la Sérénade pour treize vents de Richard Strauss et la Sérénade pour cordes de Dvořák. L’occasion d’entendre, donc, deux formations différentes au sein d’un même orchestre et d’en apprécier les couleurs. Tout le souffle du romantisme est là, dans ces pièces. L’orchestration y est absolument remarquable, notamment dans l’Andante de Strauss et le Finale de Dvořák.
Chez les premiers violons, quelques sonorités individuelles sont apparues parfois – le nombre réduit des musiciens y était certainement pour quelque chose – mais dans l’ensemble, la plénitude et l’homogénéité du son ont habité la salle. Par tout un éventail de nuances, l’OSM a parfaitement réussi à rendre le lyrisme et le relief qui font la beauté de ces musiques. Le public de la salle Bourgie, venu en grand nombre, ne s’y est pas trompé et a ovationné plus d’une fois les musiciens et leur chef vénézuélien, qui semble déjà parler avec eux la même langue.
Dossier Salle Bourgie
- Salle Bourgie: les origines
- Salle Bourgie: 10 ans et ça continue
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- Pierre Bourgie, mécène
- La salle Bourgie dans leurs propres mots