Le mal des choeurs

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Les nouvelles consignes gouvernementales, annoncées le lundi 28 septembre dernier, ne devraient pas affecter davantage la tenue des répétitions de chœur et d’orchestre, à condition que les mesures sanitaires et un nombre limite de personnes présentes soient toujours respectés. Pour rappel, les rassemblements dans les lieux privés et publics étaient interdits jusqu’au 28 octobre, excepté dans les lieux de culte et les funérailles, où un maximum de 25 personnes était permis. Les manifestations citoyennes étaient également autorisées pourvu que la règle des deux mètres et le port du masque fussent appliqués. « On souhaite que le plus d’artistes possible puissent continuer de travailler. Que ce soient les captations, que ce soient les tournages, évidemment en suivant les règles sanitaires, cela fait partie du [marché du] travail. On veut protéger les entreprises et ce sont des entreprises, mais ce que l’on ne veut pas, c’est avoir plusieurs personnes dans une salle et prendre le risque qu’après une heure et demie, il y en ait qui soient contaminées », a précisé le premier ministre François Legault dans son point de presse.

Une série de rendez-vous manqués

Photo : François Goupil

Si l’organisation des répétitions n’est pas directement menacée, il est possible que les locations de salles soient, elles, remises en question par les directeurs ou propriétaires des lieux. Le Chœur Métropolitain, affilié à l’Orchestre Métropolitain, en a malheureusement fait les frais. Le Conservatoire de musique de Montréal, où se tiennent habituellement les répétitions, a suspendu pour le mois d’octobre toute répétition comprenant du chant. Dirigés par François A. Ouimet et Pierre Tourville, les membres du chœur se voient donc contraints de retarder la tenue d’ateliers qui étaient prévus à partir du 30 septembre.

C’est en effet tout un changement de programme que le chœur a vécu depuis plusieurs mois. Tout d’abord, l’annulation des répétitions et du concert du 19 avril, l’annulation des projets de cet été, notamment au Festival de Lanaudière, et l’annulation d’un concert en décembre,  remplacé par un concert en présence d’un petit groupe de choristes professionnels seulement. Prochain objectif : le Requiem allemand de Brahms au programme du concert du 28 avril 2021.

Trouver des solutions

En attendant, la direction du Chœur Métropolitain souhaite préserver le lien social et, plus que tout, reprendre ses activités. Elle compte proposer à la fois des ateliers, en explorant notamment les principaux répertoires et formes du chant choral, ainsi que des répétitions en deux groupes  distincts afin de limiter au maximum le nombre de choristes présents. « Chaque atelier est une occasion de se réunir pour chanter en sécurité et dans le plaisir ! À la fin de la soirée, les participants auront appris quelque chose et auront fait de la belle musique ensemble », confie François Ouimet dans un message adressé aux membres du chœur. Au programme, des ateliers animés en alternance par les deux chefs de chœur, un survol de différents genres tels que le madrigal de la Renaissance, le choral à l’époque de Jean Sébastien Bach, le style choral durant la période romantique, quelques perles du répertoire choral québécois et une incursion dans différentes musiques du monde pour chœur.

Secondés par Jennifer Bourdages, cheffe de la programmation artistique et directrice du personnel du chœur, M. Ouimet et M. Tourville prévoient constituer deux groupes et donner chaque atelier deux fois. Afin que les ateliers soient plaisants pour tous les choristes, ils doivent former des groupes relativement stables et bien équilibrés, d’un pupitre à l’autre (sopranos, altos, ténors et basses). Les chefs de chœur invitent les choristes à s’engager le plus possible tout au long de l’automne. Le cas échéant, l’absence d’un choriste à l’atelier ou à la  répétition prévue libérerait une place pour un autre membre du chœur, ce qui, à terme, profiterait à l’ensemble des participants.

Protocole sanitaire

Photo : François Goupil

Afin de permettre aux choristes de se retrouver et de chanter en toute sécurité, un protocole sanitaire a été établi. Muni d’un couvre-visage pendant toute la durée de l’exercice, chacun devra respecter une  distance de deux mètres avec son voisin, conformément aux directives gouvernementales. Avant chaque séance, la direction demandera aux personnes présentes de signer un formulaire indiquant qu’elles ont pris connaissance du protocole, qu’elles acceptent de s’y conformer et qu’elles consentent aux risques inhérents à ce type d’activité.

Cette série de mesures prises par la direction du Chœur Métropolitain s’inscrit dans le cadre des recommandations de l’Alliance chorale du Québec, formulées dans un « Guide pour un retour à la pratique en toute sécurité » et rendues publiques au cours de l’été. L’ACQ recommande notamment aux organisateurs de  restreindre la circulation au maximum durant les répétitions, de  choisir un local aéré ou climatisé (faute de quoi, le port du masque est obligatoire pour tous les participants) ainsi que d’envisager une  disposition différente du chœur (en cercle ou dos à dos) pour éviter la projection de gouttelettes d’un choriste à l’autre.

La grande majorité des chœurs n’ont pas encore annoncé officiellement ce qu’ils comptaient faire cet automne. Pour l’heure, en raison des mesures sanitaires, les concerts ne peuvent accueillir qu’un nombre limité de choristes. C’est pourquoi seuls des chanteurs  professionnels de l’Union des artistes étaient présents sur la scène de la Maison symphonique pour interpréter le Requiem de Fauré avec l’Orchestre Métropolitain le 16 octobre dernier. L’orchestre dirigé par Yannick Nézet-Séguin fera à nouveau appel à eux dans la Messe en si mineur de Bach, en concert de clôture du Festival Bach de Montréal (5 et 6 décembre).

www.orchestremetropolitain.com

 

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A propos de l'auteur

Justin Bernard est détenteur d’un doctorat en musique de l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur la vulgarisation musicale, notamment par le biais des nouveaux outils numériques, ainsi que sur la relation entre opéra et cinéma. En tant que membre de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM), il a réalisé une série de capsules vidéo éducatives pour l’Orchestre symphonique de Montréal. Justin Bernard est également l’auteur de notes de programme pour le compte de la salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal et du Festival de Lanaudière. Récemment, il a écrit les notices discographiques pour l'album "Paris Memories" du pianiste Alain Lefèvre (Warner Classics, 2023) et collaboré à la révision d'une édition critique sur l’œuvre du compositeur Camille Saint-Saëns (Bärenreiter, 2022). Ses autres contrats de recherche et de rédaction ont été signés avec des institutions de premier plan telles que l'Université de Montréal, l'Opéra de Montréal, le Domaine Forget et Orford Musique. Par ailleurs, il anime une émission d’opéra et une chronique musicale à Radio VM (91,3 FM).

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