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Bruce Liu: Chopin
Bruce Liu, piano
Deutsche Grammophon, 2021
Dans la foulée de sa victoire éclatante au 18e Concours Chopin, en octobre dernier, le pianiste montréalais Bruce Liu a reçu les honneurs de la prestigieuse étiquette Deutsche Grammophon. Celle-ci a fait paraître un enregistrement en direct de quelques-unes de ses prestations depuis la salle de concert philharmonique de Varsovie (Pologne). L’occasion de vivre ou de revivre cet événement qui a marqué la vie musicale à l’échelle planétaire, dans un monde encore aux prises avec la pandémie.
Quand la technique se met au service de l’art…
Parmi les douze pièces sélectionnées pour cet album, le premier de Bruce Liu en carrière, quatre Mazurkas, deux Études, un Nocturne de Chopin ainsi ses Variations sur Là ci darem la mano, thème extrait de l’opéra Don Giovanni de Mozart. Un programme très riche qui nous emmène vers plusieurs registres d’émotions.
Tout commence par l’Andante Spianato en sol majeur dans une interprétation pleine de grâce et d’élégance. Bruce Liu crée une sensation de réconfort par le simple fait de faire s’écouler doucement les notes aigus le long du clavier, comme des gouttes de pluie un jour d’averse. La pièce suivante, Grande Polonaise brillante en mi bémol majeur, nous fait plutôt admirer sa grande agilité dans un mouvement de très haute prestance. Le jeu de Bruce Liu impressionne par son caractère chantant et son lyrisme.
Dans la série de Mazurkas mentionnés plus haut, c’est encore une autre palette de couleurs que nous fait entrevoir le jeune pianiste. Des vagues de musique nous arrivent successivement, dans un rubato très bien dosé qui témoigne de la grande musicalité de l’artiste. Les autres pièces recréent davantage l’effet d’impulsion et de balancement propre à cette danse traditionnelle polonaise.
Le mouvement “presto” de l’Étude en do dièse mineur, op. 10, est l’une des œuvres les plus virtuoses de cet album. Tandis qu’il provoque effet de vrombissement dans le registre grave, Bruce Liu parcourt toutes les notes du clavier en faisant ressortir chacune très distinctement.
Le larghetto du Nocturne en do dièse mineur, op. 27, apporte une lenteur apaisante et très bienvenue après que nous ayions traversé les deux études à pleine vitesse. Vient ensuite la Valse en la bémol majeur, alternant entre la lenteur, la langueur, et la frénésie d’une danse exaltée.
Quant au Scherzo no. 4 en mi majeur, op. 54, celui-ci regroupe un peu tous les styles et les registres d’émotions que nous avait déjà fait vivre Bruce Liu auparavant.
Dernière œuvre au programme, les Variations sur Là ci darem la mano. Après une introduction très éloignée du thème original, où Bruce Liu fait encore parler son aisance autant dans les passages expansifs qu’introspectifs, la mélodie du célèbre duo de Don Giovanni résonne enfin clairement. Les première et troisième variations conservent plusieurs traits communs avec celle-ci, mais pour le reste, on entend surtout Chopin dans toute sa splendeur. Le compositeur ne garde de Mozart que les premières notes de la mélodie, quelque peu altérée, et une demi-cadence finale qui donne à chaque variation un effet grandiose.
Mention spéciale pour la 2e variation, interprété par Bruce Liu à une vitesse fulgurante qui est tout sauf à la portée du commun des mortels.
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